Chapitre 47

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Chapitre 47 : Erreur sur la personne – Week-end du 30 novembre au 1er décembre 2019 – Benjamin

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Samedi 30 novembre 2019 - 20 h 30

Toute chose considérée, le dîner s'était plutôt bien passé. Sa mère, prévenante comme à son habitude, n'avait pas hésité à intervenir lorsque Louise avait tenté d'engager la conversation sur ce qui s'était passé avec Alice. Benjamin supposait qu'il ne pouvait pas en vouloir à sa petite sœur d'être curieuse.

La curiosité mal placée était plus ou moins l'adage des membres d'une fratrie, et Benjamin avait bien été le premier à se mêler des affaires de cœur de sa jeune sœur.
Il serait bien hypocrite d'en tenir rigueur à la rouquine qui se renfrogna et passa une partie du repas à fixer son téléphone d'un air morose, l'autre à lui adresser des regards en coin méfiants.

Maintenant qu'il y pensait... Louise avait toujours le numéro d'Alice. Est-ce qu'elles s'étaient parlé depuis qu'il leur avait annoncé la nouvelle ? Merde. Louise avait sans doute envoyé un message à Alice pour la prévenir de leur arrivée à Paris. Qu'avait bien pu lui répondre la brune pour que sa sœur lui adresse un tel regard ?

Au moment de débarrasser la table et de laver la vaisselle, la mère du duo insista pour que sa sœur et son beau-père s'installent sur le canapé et se débrouillent pour sélectionner le film du soir tandis que Benjamin et elle s'occuperaient de ranger. Le rouquin fit la moue, ce qui lui valut un haussement de sourcil de sa mère.

— Si tu as assez de force pour monter les escaliers jusqu'à ton appart, tu peux essuyer la vaisselle, mon grand.

Se mettant à la tâche, Benjamin laissa ses pensées vagabonder tout en effectuant les gestes répétitifs qu'il exécutait depuis qu'il était en âge d'essuyer une assiette sans qu'elle lui glisse des mains et s'écrase au sol. À ses côtés, sa mère fredonnait un air qu'il avait l'habitude d'entendre lorsqu'elle réfléchissait, mais ne voulait pas parler à voix haute.

Au bout de quelques minutes passées chacun dans leur monde, elle se décida à parler. Sa voix était douce, plus basse qu'à son habitude. Benjamin ignorait s'il s'agissait d'un subterfuge pour éviter de réveiller ses acouphènes, ou si elle souhaitait garder leur conversation privée.

— N'en veux pas à ta sœur, elle pense bien faire.
— Je lui en veux pas. Répondit Benjamin, sincère.

L'air de finalité associée à sa réponse montrait en revanche clairement qu'il n'avait aucune envie de rentrer dans les détails. Sa mère hocha la tête, apparemment satisfaite par sa réponse, avant d'enchainer.

— Je sais que tu es bien entouré, mais... Si tu as besoin de parler, tu sais que je suis là. Ludovic aussi.
— Maman, j'ai pas envie d'en —
Si tu as besoin. Le coupa-t-elle, mettant l'accent sur l'hypothétique, Je veux juste que tu le saches.
— Je sais. T'inquiète, m'man.
— Ne pas m'inquiéter pour toi ? Mais c'est ce que je fais le mieux !

Elle lui tapota la joue avec une main mouillée, pleine de savon, d'eau et certainement d'un reste de lasagne. Benjamin fronça le nez et se frotta la joue en marmonnant, dégoûté.

— Rho, fais pas ta chochotte ! Rit sa mère avec humour.

Benjamin leva les yeux au ciel, exaspéré, bien que son cœur manqua un battement comme à chaque fois qu'elle faisait allusion à une quelconque sensibilité exacerbée de sa part.

Ni sa mère ni son beau-père n'étaient homophobes — à en juger par leur tempérament et l'affection qu'ils portaient tous deux à Arnaud — et bien qu'il n'avait aucune idée de ce que Louise pensait du sujet, il supposait que sa sœur s'en fichait pas mal.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant