Chapitre 49 - Part 2

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Chapitre 49 - Part 2 : Pensées vagabondes - Lundi 2 Décembre 2019 - Benjamin

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Ce chapitre qui n'en est pas réellement un est une coda du précédent. :)
Il s'agit d'un lemon léger (sur l'échelle des agrumes on est plus sur la mandarine que le citron Yuzu, mais... hum). Si ce n'est pas votre tasse de thé, vous pouvez passer au chapitre suivant sans trop de souci. :D

Bonne lecture !

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Benjamin chassait le sommeil, au deuxième sens du terme. Ce dernier n'avait pas l'air de vouloir le gracier de sa présence, lui filant entre les doigts à la première opportunité. Trop de choses s'étaient produites aujourd'hui. Il n'arrivait pas à arrêter le flot de ses pensées et encore moins à taire la cacophonie de questions qui rebondissaient dans son crâne, martelant ses tempes à la manière d'une partie de squash.

Le rouquin, qui esquissa un mouvement dans une vaine tentative de se coucher sur le côté, fut très vite rappelé à l'ordre par son épaule qui le lançait encore trop pour qu'il songe s'y appuyer dessus plus que de raison. La seule option viable pour le moment était de dormir sur le dos, le haut du corps légèrement surélevé. Benjamin détestait tout particulièrement cette position, ayant pris l'habitude de dormir recroquevillé sur le côté, les bras autour d'Alice, ou à défaut, autour d'un coussin qu'il serrait contre lui. Quelque-chose dans sa position actuelle -allongé les bras le long du corps, son duvet épousant sa forme rigide- le rendait plus contemplatif qu'à son habitude, plus vulnérable aussi, peut-être.

Un écho de son dernier passage à l'hôpital.

Il hasarda un coup d'œil au cadran lumineux de l'horloge posée sur sa table de nuit et gémit intérieurement. Les minutes passaient à une lenteur infernale, pourtant cela faisait bientôt une heure qu'il jouait à chat avec son sommeil. Il ferma les yeux, résolu à être plus borné que sa stupide insomnie. Sans grand succès.

Ses pensées vagabondes finirent par se focaliser sur les évènements de l'appel de la nuit dernière et s'y attardèrent. Tout s'était passé si vite, entre l'excitation initiale, la peur de se tromper sur toute la ligne et la façon qu'avait eu Mathias de lui raccrocher au nez, tout ça pour lui parler comme si de rien était dans la foulée. Benjamin n'avait pas chassé sa propre extase bien longtemps, coupé court dans ses fantasmes par la détresse notable de l'avocat.

A mesure que les détails de la soirée lui revinrent à l'esprit, une boule d'angoisse se forma dans son ventre. Il avait pensé que l'expérience serait jouissive, un jeu intime dont lui seul connaissait toutes les règles sans pour autant vouloir les abuser. Mais la relation entre son alter-ego et Mathias n'était pas celle à laquelle Benjamin aspirait. Évidemment, l'aspect charnel l'attirait, mais à bien y réfléchir, il ne pouvait imaginer le Caporal et Mathias comme la même personne. Tout comme Dicky et lui étaient différents sur bien des points.

Là où le Caporal se décrivait comme un homme chétif, aboyant des ordres mais acceptant d'en recevoir, presque comme une punition, Mathias était bien plus solide qu'une majorité des gens que Benjamin avait rencontrés dans sa vie. Sa droiture était une force indéniable, et sa manière de se comporter dans la vie, la confiance en lui dont il faisait preuve sans honte, ne demandait qu'à fleurir. Benjamin voulait croire que l'homme qu'il affectionnait avait, tout au fond de lui, conscience de sa valeur. Qu'il ne se résumait pas au Caporal, tout comme Dicky, de son côté, ne reflétait en rien qui il était vraiment. Une caricature hautaine se jouant des sentiments de son partenaire.

Benjamin frissonna, rejetant l'idée qu'il puisse avoir plus qu'une ressemblance de surface avec Dicky. Ce qu'il voulait, ce qu'il désirait vraiment au fond de lui, c'était traiter Mathias comme une chose précieuse, qui méritait d'être choyée. Il sourit en coin, se demandant comment l'autre homme réagirait en l'entendant parler ainsi. Il supposait qu'il n'aurait plus à l'imaginer bien longtemps; après tout, le jour J arrivait à grands pas.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant