Chapitre 38

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Chapitre 38 : La lune comme unique témoin. - Vendredi 22 Novembre 2019 - 17h - Benjamin

L'après-midi passa à une vitesse affolante. Les visites de spécialistes se succédèrent : psychologue, ORL, neuropsychologue, psychologue à nouveau -Benjamin ayant finalement décidé de lui laisser une chance, même si le mal de crâne carabiné dont il écopa à la fin de leur séance lui fit presque regretter la démarche-.

Après une consultation éprouvante avec le neuropsychologue qui conclut avec satisfaction que le jeune homme était en bonne voie pour retrouver la mémoire, l'ORL s'était fait un plaisir de le noyer sous une masse d'un formations et de recommandations liées à sa surdité nouvelle. Les conseils du médecin se perdaient dans son esprit qui lui criait que c'était impossible qu'il puisse rester ainsi, qu'il s'en remettrait forcément.

Benjamin fit son possible pour essayer de se concentrer sur les conseils du spécialiste qui s'excusa après un petit quart d'heure seulement, pour se rendre auprès d'un autre patient. Il lui assura qu'il allait à nouveau passer le voir dès demain.

Benjamin détestait ça. L'idée qu'il sera encore là, cloué au lit, demain.

La télévision ne réussit à le distraire qu'un temps, tout en l'obligeant à éviter bien soigneusement les journaux télévisés qui se faisaient un plaisir malsain de rejouer en boucle l'explosion qui avait secoué tout un arrondissement. Bien vite, Benjamin se retrouva à s'ennuyer comme un rat mort jusqu'à ce qu'on toque à sa porte sur les coups de six-sept heures.

Alice s'engouffra dans la pièce, suivie d'Arnaud et, assez étonnement, de Sébastien. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, Benjamin éprouvait un soulagement sans nom à la vue de son emmerdeur de collègue. Il allait enfin pouvoir lui donner les informations que le corps médical s'évertuait à lui refuser.

- Ben ! Comment tu te sens ? Tu as besoin de quelque chose ? Tu veux encore de l'eau ? Tu as mal quelque-part ? Je dois appeler une infirmière ?

Le barrage de questions de la part d'Alice le laissa pantois. Est-ce qu'elle était vraiment obligée d'être aussi... bruyante ?

Il secoua la tête et répondit doucement qu'il allait bien et qu'il était content de les voir, tous les trois. Sébastien haussa un sourcil à cette confession, mais il ne commenta rien à haute voix.

- Poussin !, s'exclama Arnaud qui prit place à sa gauche et le serra dans ses bras avec une telle retenue que c'était à peine si Benjamin pu sentir son poids contre lui, Ne me refais plus jamais peur comme ça. Je vais avoir des cheveux blancs avant trente ans et ce sera ta faute.
- Tu en as déjà, Arnaud. Remarqua Benjamin légèrement.
- Uh-hu. Et à qui je les dois, à ton avis ? Attrape plutôt ton portable à la place de raconter des bêtises.

L'étudiant s'éloigna doucement, un faux air accusateur sur son visage. Il tendit à Benjamin son smartphone et son chargeur, que le pompier s'empressa de récupérer sans un merci, se hâtant plutôt d'allumer l'appareil. Arnaud secoua la tête, la parfaite image de l'exaspération et de l'affection mêlée.

- T'as de la chance que je t'aime. Marmonna le brun.
- Je sais, je sais. Qu'est-ce que je ferais sans toi.
- Encore plus de mauvais choix vestimentaires, apparemment. Remarqua Arnaud en reniflant, cachant maladroitement les larmes au coin de ses yeux, Sérieusement c'est quoi cette tenue ?

Arnaud gesticula vaguement en direction de la blouse d'hôpital qu'il portait. Benjamin lui sourit en coin avant de finalement se tourner vers le dernier occupant de la pièce. Sébastien avait l'air parfaitement hors de son élément en présence d'Arnaud et d'Alice, mais il masquait son malaise par une expression sévère qu'il réservait à l'immonde chaise qui se trouvait à côté du lit de Benjamin.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant