Chapitre 62 – Partie 2 – Mélodie arythmique – Vendredi 13 décembre 2019 – 16h – Benjamin& Mathias
Entre les courts arrêts dans l'une ou l'autre pièce susceptible d'attiser la curiosité de Maël, et les explications enjouées de leur guide qui n'en était pas à son premier rodéo, la visite allait bon train. Maël avait quitté l'ombre du manteau de Mathias pour s'aventurer quelques pas devant Sébastien, refusant de subir le rythme de croisière des adultes qui l'accompagnaient, et sautillant sur place en les attendant lorsqu'ils stoppaient leur avancée pour saluer l'un ou l'autre soldat du feu qu'il croisait.
Mathias fut surpris de reconnaitre une partie des inconnus qui croisèrent leur route. Pas en entendant Sébastien les appeler par leur prénom -le roux semblait affectionner l'emploi du nom de famille de ses collègues-, mais en les écoutant se présenter en retour. Benjamin lui avait raconté quelques anecdotes sur ses coéquipiers, et pour une raison étrange, la mémoire de Mathias avait choisi de graver ces informations comme permanentes plutôt qu'anecdotiques.
Il se demandait où le rouquin pouvait bien se trouver à l'heure actuelle. Était-il en intervention ? Le verrait-il au moins, comme il lui avait promis ?
Avec un détour par les vestiaires, Sébastien déposa un casque de pompier sur la tête de Maël, qui se fit un plaisir de poser pour quelques photos. Mathias se fit une joie de le photographier, en essayant de ne pas trop penser au contenu de la carte SD de l'appareil.
Il n'avait pas eu le cœur de supprimer ses clichés interdits, malgré un remontage de bretelle de la part de Marc. Il était d'ailleurs bien le seul dans son groupe d'amis à prendre l'affaire au sérieux et qui s'assurerait de lui passer une soufflante s'il venait à apprendre qu'il s'était rendu sur les lieux du crime avec l'objet du délit.
Antonin... Antonin se contenterai sans doute de se tordre de rire s'il apprenait qu'il avait eu l'idée brillante d'apporter son appareil photo avec lui. Ce n'est pas comme s'il avait en sa possession un smartphone nouvelle génération, qui aurait très bien pu faire office d'appareil photo pour l'occasion.
- Papa, regarde ! Ils travaillent comme toi !
La voix fluette de son fils le tira de ses réminiscences. Le petit garçon désignait un duo de deux pompiers, reclus dans un bureau à leur hauteur, les yeux rivés sur l'écran de leur ordinateur et une expression sérieuse sur le visage. Mathias supposait qu'aux yeux de l'enfant, ils lui ressemblaient beaucoup, lorsqu'il travaillait en home office. Le casque qu'ils avaient sur les oreilles les coupaient du monde, et Sébastien n'essaya même pas d'attirer leur attention.
- Tu as l'œil, gamin ! Sourit Sébastien, D'habitude, les petits de ton âge ne les remarque même pas. Ils sont chargés du relai de la centrale d'alarme. Ce sont eux qui réceptionnent les informations dont nous avons besoin pour partir en intervention. Sans eux et leur réactivité, on serait loin d'être efficace.
Maël hocha sagement la tête avant de placer un doigt sur ses lèvres.
- On ne doit pas les déranger alors.
- Tu as raison. Approuva le roux, Mais je sais qui on peut embêter sans se faire gronder. Aller, mauvaise troupe, direction la réserve !
...
Assis sur un petit banc dans un coin de la réserve, Benjamin faisait tourner un respirateur entre ses mains, inspectant diligemment ses composants et notifiant leur intégrité sur sa feuille de suivi. Lorsque la porte de la réserve s'était ouverte, il n'y avait prêté aucune attention, absorbé par son travail. Il était heureux d'être de retour, à tel point que même les vérifications routinières lui avaient manqué.
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L'incandescent équilibre entre nous
RomanceBenjamin a tout pour être heureux : un métier de rêve, une fiancée aimante et un avenir tout tracé dans sa brigade de sapeurs-pompiers. Mathias, lui, s'est résigné à ne rien attendre de l'avenir : sa vie bien rangée a fait son succès, et c'est très...