Chapitre 55 – Prendre rendez-vous avec Hélios – Samedi 7 décembre 2019 – 19h45 - Mathias
Mathias ne s'était jamais senti aussi hébété. Que venait-il de se passer ? Pourquoi Benjamin lui avait-il fait cette déclaration ? Pourquoi s'était-il battu cela n'avait aucun sens.
En voyant le dos du jeune homme s'éloigner à grands pas, le dos courbé, Mathias serra les poings. Il avait paniqué et fait une erreur. Cela ne lui arrivait jamais dans sa vie professionnelle, mais il fallait croire que le désastre ambulant qu'il était ne laissait aucune autre possibilité que le chaos dans sa vie personnelle.
Il respira un coup et remit son masque d'avocat. Celui qu'il arrivait à mettre en cas d'urgence comme maintenant.
« Je t'aime »
Quelle bêtise était-ce là. Il savait très bien que Ben n'avait pas bu. Ils étaient peut-être restés une demi-heure dans le bar. Mais son cerveau n'arrivait pas à aligner les pensées nécessaires et les explications d'une telle déclaration. Il avait rejeté Benjamin d'une façon indigne de lui et il regrettait maintenant... mais il ne se sentait pas le courage de courir après le pompier.
Il était capable de faire plier ses stupides clients ayant enchainé les erreurs de discernements, les rendant coupables pour la majorité. Ils avouaient tout et après cela, il les sauvait ou non. Sa mère savait très bien que parfois, il faisait exprès de « perdre » pour punir les coupables qu'il servait par obligation. Il le faisait de façon subtile, rien ne pouvant l'accuser de ne pas avoir donné du meilleur de ses compétences.
Mais le concernant ? La subtilité avait flambé. Son cerveau brulait d'informations allant dans tous les sens, mais surtout des pourquoi.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi...
Il souffla et se décida enfin à retourner à l'intérieur pour affronter le groupe de pompier à l'intérieur. Benjamin avait frappé avec ses poings, mais lui pouvait frapper plus fort et différemment. Pas question que les collègues de Ben le prennent pour ce qu'il n'était pas : une brute. Ben était juste perdu, fragilisé et... amoureux ?
Il fit fi de l'environnement proche du capharnaüm et se dirigea vers la tablée des pompiers. Les cadavres de pintes s'étalaient sur la table en bois solide. Des éclats de voix survenaient ici et là.
La conversation allait bon train, tout un chacun y allant de sa petite spéculation sur ce qui venait de se passer supposait l'avocat, encore trop loin pour distinguer des paroles du brouhaha. Benjamin n'avait pas l'air d'avoir le sang chaud et il devait surement avoir étonné ses collègues de par son comportement emporté. Il était rare de voir le rouquin s'énerver, après tout. L'explosion de Benjamin les intriguait et il pouvait sentir soudainement que c'était son cas aussi. Il se fit disséquer par les regards bruns, bleus, gris, verts... certains perplexes, d'autres clairement hostiles.
Un murmure parcourut la tablée et des coups de coude peu discrets furent échangés par quelques-uns. Il leva les yeux aux ciels, et se posta devant eux.
La femme du groupe, Jessica, s'il se rappelait bien d'une discussion avec le rouquin, lui adressa un signe de tête, perplexe de le voir approcher. Son sourire était hésitant. Mathias, lui, ne souriait pas alors qu'il fixait chacun d'eux. Il n'était clairement pas le seul à avoir pourri la soirée de son ami.
Il ne s'était pas montré à la hauteur face à Benjamin, mais la colère grondant en lui, le fit se reprendre rapidement, et décidé à se racheter, il se planta devant les soldats du feu.
Le type que son ami avait frappé le dévisagea avec un sourire avenant qui ne touchait pas ses yeux. Il ne croisa son regard qu'une seconde avant que le charme ne fût rompu et que l'homme ne porte son attention sur l'un de ses collègues, continuant sa précédente conversation.
VOUS LISEZ
L'incandescent équilibre entre nous
RomanceBenjamin a tout pour être heureux : un métier de rêve, une fiancée aimante et un avenir tout tracé dans sa brigade de sapeurs-pompiers. Mathias, lui, s'est résigné à ne rien attendre de l'avenir : sa vie bien rangée a fait son succès, et c'est très...