Grandeur au théâtre - 2

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« Suis-moi, plutôt que de rêvasser. Dans dix minutes, le spectacle commence.

— Pardon, dis-moi où aller ».

Elise est sans concession, telle la garde-fou de l'institution au sein de laquelle elle me fait pénétrer. Alors, je m'empresse de la suivre, en silence, religieusement, en tentant tant bien que mal de dissiper les images qui me polluent l'esprit. Quelle idée de repenser à cette nuit-là. Et aux autres.

Une ouvreuse nous rend nos billets et nous demande de la suivre. Au pas de course ! Nous voici dans une course effrénée au sein du théâtre dont je découvre les ors. La jeune femme descend les marches deux à deux, difficile de suivre son rythme. A peine les places indiquées, la voici déjà repartie.

« Il faut dire qu'en arrivant dix minutes avant le début de la représentation, nous sommes des spectateurs de piètre qualité.

— A quelle heure les portes ouvrent-elles ?

— Quarante-cinq minutes avant le début du spectacle.

— Trois quarts d'heure ?!

— Doucement !! »

Tel un enfant, je m'enfonce dans mon siège, très confortable au demeurant, et me tais. Effectivement, nous sommes quasiment des retardataires. Elise se plonge dans le programme, alors je n'ose pas la déranger. Chaque ligne est lue avant attention, tandis que je patiente en observant les dorures, les statues, les gens aussi.

La lumière commence à décroître, et je vois le rideau doucement bouger. La musique se lance, de multiples notes aigues. Des danseuses font leur apparition, avec des tutus tels que l'on peut les voir à la télévision ou dans des vidéos. Mon âme d'enfant est doucement en train de se réveiller, en atteste le sourire qui s'affiche sur mon visage.

Et, dans un saut, un homme entre. Un homme assez jeune, à la peau blanche, brillante, étincelante. Plus il danse, plus il saute, plus il bouge, plus sa peau brille. J'imagine que tous ces efforts prennent une ampleur encore plus vive sous les multiples projecteurs qui inondent cette scène qui me semble un peu penchée.

Il est blond, il a les yeux clairs. Je ne peux pas distinguer la couleur exacte à cause de la distance qui nous sépare de lui. Mais je vois combien il est beau. Il a le même corps que mon amant. Fin, très fin, à cause de tout ce sport. Mais il a des pectoraux plus imposants, ainsi que des bras gonflés.

Ils sont assurément nécessaires alors qu'il porte actuellement une des danseuses. Je suis bien obligé de constater, dans son justaucorps, la prégnance de son intimité. Je serais rouge de honte si j'étais à sa place. Les formes sont clairement dessinées, tout de même. Sans compter son postérieur qui remplit complètement ce bas de danse.

Pendant dix minutes, je reste ébloui par ce jeune éphèbe qui parcourt la scène devant moi. Malheureusement, il est absent des deux tableaux suivants. Je dois donc patienter jusqu'au quatrième mouvement pour le retrouver, cette fois-ci habillé d'un pantalon ample et d'une chemise légèrement transparente.

Les petites folies de Kerray (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant