La chaleur du chauffeur - 2

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C'était sans compter sur ledit chauffeur qui trouve la bonne idée de me parler, alors que je déteste ça après le sexe, surtout lorsqu'il me laisse sur ma faim. Après quelques réponses un peu courtes et malgré mes soupirs, je me décide à poser mon portable et à le regarder dans le rétroviseur.

« C'est Têtu que vous avez là ?

- Ouais. Vous allez me tabasser parce que vous n'aimez pas les gays ? » lui demandai-je plein d'aplomb.

Je ne suis pas particulièrement musclé, plutôt pas du tout. Je préfère me servir de ma tête que de mes muscles. Sauf quand on vient titiller certaines zones sensibles. Bref, le sexe n'est qu'un sport léger à côté d'une bagarre. Pour autant, on ne me cherche jamais de problèmes, tout simplement parce que mon gabarit impressionne un peu.

« Ah non non, Monsieur, je ne voulais pas vous insulter.

- Et bien, si vous m'insultez juste en disant que je suis gay, c'est que je suis particulièrement susceptible, dis-je avec un sourire pour faire oublier mon ton désagréable de tout à l'heure.

- D'accord alors.

- Pourquoi cette question, sinon ? lui demandai-je en venant m'avancer entre les deux sièges avant, me permettant de voir son visage de plus près et d'effleurer au passage son épaule.

- Je suis simplement curieux.

- Hétéro curieux ? rigolai-je.

- C'est-à-dire ?

- Que tu aimes les femmes mais qu'un mec t'interpelle.

- Ce n'est pas trop mon genre non. Mais...

- Mais ?

- Il paraît que les hommes sont plus doués.

- Non, tu crois ? Evidemment qu'ils le sont ! Qui sait mieux qu'un autre mec ce qui fait du bien ou excite ?

- Ça fait de moi un curieux ?

- Je n'irais pas jusque-là. Pour cela, il faudrait que tu me fasses une proposition, rigolai-je.

- Et la prostate, ça fait du bien ? interroge-t-il sans autre délicatesse.

- Quand c'est bien fait, oui ! Par exemple là, le mec bandait à moitié, il n'a rien touché, j'ai même pas joui.

- Oh, donc vous venez de rencontrer quelqu'un ?

- Rencontrer ? On a baisé, c'est tout. Et c'était nul.

- Au moins c'est plus simple que chez nous, quand on a envie de sexe...

- Clairement ! On se parle. Et là tu vois, je vais devoir trouver quelqu'un d'autre pour compenser.

- Vous êtes insatiable alors.

- Tu l'as dit ».

Ses regards se font de plus en plus insistants dans le rétroviseur, et parfois il me regarde directement sur le côté. Je pense que je vais me taper un hétéro. Ce serait pas mal pour équilibrer avec la nullité de ce matin. Mais laissons-le venir.


Les petites folies de Kerray (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant