Éternelle fraternité - 2

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A peine rentrés dans notre appartement, Benoit prend ma main et y dépose un délicat baiser. Je frissonne mais ne peut m'empêcher d'à mon tour m'approcher de lui. Appuyé contre la porte, je l'attire contre moi et regarde ses yeux noisette comme s'ils pouvaient me donner accès à toute son âme.

Sa main s'approche de mon cou, mais sa tête elle ne bouge pas. La seconde parcourt mon bras, mon échine, mon bassin. J'ai l'impression qu'il redécouvre le corps d'un homme, tandis que je me laisse volontiers aller face aux caresses de ce désormais bien moins inconnu. J'aurais envie qu'une petite musique nous envoûte, tout autant qu'une petite lumière.

Au moment où son regard se fixe, ses lèvres se décident à venir capturer les miennes. Mais étrangement. Plutôt sur le côté. Sa langue s'amuse avec ma joue, mon cou. Avant de revenir contre ma lèvre inférieure. Mais toujours de côté. Sur ma gauche. Comme s'il ne pouvait pas aller plus loin.

Son regard se détourne de moi et observe la pièce. Enfin, je crois. Il détache son bras gauche du mur et vient plutôt le poser contre mon buste. Dans cette nuit sombre, je ne distingue pas la silhouette qui vient pourtant de s'approcher de moi. Benoit, toujours, m'embrasse délicatement.

D'autres lèvres, inconnues, atterrissent au même endroit. Elles sont sucrées. Sa peau est douce. Benoit serait-il en couple ? Était-ce un fantasme ? Je ne comprends pas qui est ce second homme, chez moi, contre moi. Je sens juste leurs lèvres parfois se toucher mais assurément jouer avec les miennes.

Soudain, je me ressaisis. Il ne peut y avoir qu'un seul autre homme dans cette maison. Et c'est Quentin. J'ouvre les yeux, attends qu'ils s'accommodent au manque de lumière. Cette peau douce, ce corps, cette bouche. Ce sont ceux de mon frère.

Mon réveil est brusque. Il est quatre heures du matin et le cri strident que je viens d'émettre n'a pas dérange Quentin. Nous dormons dans la même chambre, nos lits séparés de quelques dizaines de centimètres. Je transpire, je respire. Vite. Mon cœur bat bien trop vite, je panique.

Mon érection n'a jamais été aussi forte. C'est douloureux. J'ai si mal. La vue de mon frère devrait la faire dégonfler. Elle devrait. Mais mon rêve. Ce rêve. C'est monstrueux. C'est si mal.

Je me lève, affolé et tente de fermer doucement la porte de la chambre. Torse nu, en jogging, je tente tant bien que mal de me calmer. J'ouvre la fenêtre, je tombe nez à nez avec la voisine qui ne dort jamais la nuit. Je réalise que ma tenue lui offre un spectacle érotique inattendu et referme aussitôt.

Je bois un verre d'eau. Deux. Trois. J'ai déjà moins chaud. Je regarde la porte. C'est contre elle que j'ai rêvé d'inceste. Elle est le témoin silencieux de mon horrible crime. Le verre m'échappe des mains et finit au fond de l'évier.

Je m'assois dans le canapé, perdu. C'est Quentin, le lendemain matin, qui me réveille. Je me suis endormi ici. Son regard interrogateur posé sur moi, il reste pourtant silencieux. Fort heureusement, tout signe d'excitation a désormais disparu.

Les petites folies de Kerray (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant