Pour en apprendre un peu plus sur la sexologie, Théophile se rendit à Lausanne à un colloque dédié à son histoire. Il y découvrit avec déception que les principales branches de la sexologie n'étaient effectivement pas en médecine. Elles sont plus proches des sciences humaines et sociales, en anthropologie ou sociologie par exemple.
La médecine sexuelle reste anatomique ou bien prend le tournant des neurosciences. La branche psychologique, quant à elle, est complètement délaissée, souvent faute de moyens. Il ne fallait pas en dire plus à l'étudiant qui comprit alors qu'un angle psychiatrique pourrait aider à débloquer des fonds.
Quand il fallait expliquer à ses enseignants et aux médecins les raisons de ses choix, Théophile dissimilait une partie de la vérité. Il ne confiait ses souhaits qu'à une minorité de confiance, qui ne jugerait pas. Le corps médical lui-même semblait frileux à l'idée de travailler sur la sexualité, faisant de la sexologie une fake med, une fausse médecine associée par exemple à la psychanalyse.
Il ne leur en voulait pas. Et il ne cherchait pas à les convaincre. Après tout, persuader des médecins de l'intérêt de ses futures recherches reviendrait à l'empêcher d'être innovant et d'être porté sous les feux des projecteurs. Malgré tout, Théophile avait un goût pour la lumière, et la reconnaissance en général.
Qui pourrait lui en vouloir ? Être reconnu pousse un médecin à se surpasser. La spécialité qu'il avait choisie risquait néanmoins de ne pas le satisfaire en termes de mesure du succès. Mais il ne cherchait pas à être reconnu de ce côté-là. Non, il voulait réussir à faire avancer la recherche psychiatrique sur la sexualité.
Il avait lui-même peur de tomber dans les travers que l'on reproche à Freud, c'est-à-dire de voir le monde au filtre du sexe. Pour autant, il restait convaincu que les liens entre psyché et sexualité n'étaient pas assez creusés. Au-delà de ça, ne pourrait-on pas envisager que la sexualité devienne un moyen d'améliorer la vie des patients atteints de troubles anxieux ou de phobies ? Que certains traits de personnalité soient liés à certains désirs ?
Théophile ne manquait pas d'idées. Ni de soutiens officieux. Ses amis sont toujours là pour lui dire combien ils étaient intéressés. Sa famille, elle, n'en savait rien et se réjouissait que le petit dernier eût embrassé la médecine. Si la psychiatrie, a priori, les rebutait, ils laissèrent de côté leurs préjugés pour se concentrer sur l'essentiel, pour eux : le titre de docteur en médecine.
Le fameux petit dernier se fichait éperdument de leur avis. Il avait trouvé sa vocation. Peut-être pour se comprendre lui-même. Ceci, il ne l'avait dit à personne. En bon scientifique, il le gardait dans un coin de son esprit : ne jamais transférer ses propres questionnements sur les futurs résultats de ses recherches.
Pourtant, il le savait. C'était la conjonction de son parcours initial, de cette série et de son fonctionnement qui l'avaient mené jusqu'ici. Un jour, il présenterait son travail à la communauté scientifique. Ce jour-là, il saurait qu'il aurait réalisé un de ses rêves. Entre temps, qui sait, peut-être aurait-il trouvé la clef de la jouissance ultime.
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Les petites folies de Kerray (B&B)
RomanceComme promis, voici le recueil qui accueillera les différents OS que je serai amené à écrire de temps à autres, sur les personnages des précédentes histoires ou bien sur de nouveaux. Toute suggestion est la bienvenue !