Les petites folies de Kerray (B&B)

Éternelle fraternité - 3

Benoit et moi échangeons quasiment tous les jours. Dès qu'une chanson nous plaît, nous la partageons avec l'autre. Nos goûts éclectiques, qui dépassent la culture gay, facilitent notre tâche, il est vrai.

J'essaie d'oublier l'épisode de la semaine dernière. Ce rêve n'est fort heureusement pas réapparu. Ni envers Quentin, ni envers Benoit. Je n'ai pas envie de cette relation avec lui. Je ne veux pas bander pour eux. J'aime Quentin, parce que c'est mon frère. J'aime bien Benoit, et nous verrons bien ce que l'amitié nous réserve, en tant que potentielle antichambre.

Quentin, toujours aussi prévenant, profite de sa semaine de congés pour travailler quarante heures et ainsi nous donner un bol d'air frais au niveau financier. Je n'ai hélas pas cette possibilité, puisque mon employeur n'en a pas les moyens. Surtout, le nombre de travaux à mener pour mon master est incroyable.

Arrive le samedi, et Benoit me propose de nous voir pour faire quelques boutiques sur les quais, puis prendre un café ou un verre. J'accepte bien naturellement et me prépare rapidement. Quentin travaille et je ne prends pas la peine de le prévenir pour l'instant. Il pourra m'appeler quand il aura terminé.

La fin d'après-midi se déroule à merveille et nous profitons de ce temps pour discuter sur des sujets plus personnels, que ce soit autour de nos vies amoureuses passées ou encore de nos études. Le fait que nos parents soient complètement opposés, qu'il n'a pas la chance d'avoir une fratrie aussi agréable que la mienne, résumée à Quentin.

Après les cafés, nous commandons un cocktail ainsi que quelques planches à partager. Il est déjà vingt-heures trente et Quentin me laisse enfin un message pour me dire qu'il a débauché. Je réponds quelques minutes après pour lui dire que je suis avec Benoit. Et sans surprise, mon frère me demande s'il a le droit de se joindre à nous.

Benoit, dans sa grande sympathie, accepte. Nous profitons de notre demi-heure seuls pour plaisanter au sujet des garçons qui nous entourent. Ils ne sont décidément par à notre goût et, surtout, nous ne sommes pas attirés par les mêmes types d'hommes. Il y a bien un beau garçon qui approche là-bas...

Mais c'est Quentin. Je ne dis donc rien et avale quelques gorgées supplémentaires de mon cocktail qui est soudainement extrêmement alcoolisé. Quentin m'embrasse sur le front et serre la main à Benoit qui lui sourit. Il nous dit deux mots sur sa journée de travail et interroge mon ami sur le sujet qui nous occupait jusque-là.

Celui-ci éclate de rire et lui confie qu'il n'est guère concerné, mais qu'il consent s'il le souhaite à regarder avec lui quelles sont les filles les plus séduisantes autour de nous. Quentin ne dit rien et se contente de figer sur son visage un sourire convenu. Nous commandons de nouveau.

Très rapidement, c'est sur la piste de danse que nous nous retrouvons. Les flashs sont tels que la foule commence à approcher. Quentin et Benoit s'approchent donc encore davantage de moi pour laisser de la place aux autres danseurs. La musique transporte toutes mes inquiétudes et je parviens enfin à sourire franchement.

Les yeux fermés, je sens sa main dans ma nuque et sa bouche contre la mienne. Enfin.