Éternelle fraternité - 1

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Mon frère et moi vivons sous le même toit depuis que nos parents ont décidé de déménager. De notre côté, nous sommes restés attachés à notre grande ville et, avec leur aide et deux mi-temps dans des magasins, nous parvenons à nous payer un joli 50 m² en hypercentre. Nous ne sommes pas d'immenses fêtards, mais nous aimons l'ambiance de ce quartier.

Quentin sait tout de ma vie, de mon homosexualité, des rares rencontres légères que je fais, des encore plus rares fois où il quitte l'appartement discrètement pour me permettre d'accueillir ceux qui n'auraient pas la chance comme moi d'être indépendantes. Bref, Quentin est un frère en or.

Pour une fois, j'ai rencontré quelqu'un qui n'est a priori pas intéressé par le sexe. Simplement par l'échange, par l'envie d'en savoir plus. Aussi, peut-être, par toute activité qui pourrait lui faire oublier qu'il est coincé chez ses parents à 25 ans, sans argent et encore en plein milieu de ses études.

Nous nous sommes donné rendez-vous à quelques mètres de chez nous, sur l'une des plus jolies places de la ville, à un bar qui sert des sangrias, puisqu'il s'agit de nos boissons préférées, ai-je appris au détour d'un échange. Voyant que je me prépare, Quentin m'interroge sur mes projets.

Sans aucune indiscrétion, je lui réponds honnêtement. Au premier abord, surtout après avoir vu la photo de profil dudit garçon, Quentin ne me croit pas. Il est persuadé que je le trouve attirant et que nos chastes souhaits se transformeront vite. Bien sûr qu'il est séduisant, mais il ne suffit pas de l'être pour que je formule des envies sexuelles si vite.

« Je peux venir avec toi, dans ce cas ? Je ne sors pas beaucoup en ce moment, entre les cours et les ventes... Les heures supplémentaires sont agréables mais me crèvent... »

En pleine période de soldes, Quentin a accepté l'équivalent d'un quart-temps supplémentaire. Evidemment, j'ai refusé qu'il verse ce salaire-là dans le pot commun mais rien n'y fait, il a tout de même viré la moitié sur notre compte.

« Bien sûr ! Je suis sûr qu'il n'y verra aucun inconvénient ».

Au contraire, Benoit s'est montré extrêmement enthousiaste à l'idée de faire de nouvelles rencontres. Au début, Quentin est resté en retrait, sans doute parce qu'il ne savait rien de son interlocuteur. Quant à Benoit, il faut reconnaître qu'il était davantage intéressé par mes propos que par Quentin.

Jusqu'au moment où tous deux se sont trouvé une passion commune autour de la littérature de je ne sais quel pays, et les voici en train de bavarder sur le sujet. Pendant que je sirote paisiblement ma sangria, j'observe le monde s'activer autour de moi. Je m'amuse avec le défilé des serveurs excités.

Quentin, toujours prévenant, au bout de quelques minutes, me ramène sur terre et tente de me réintégrer dans l'échange, quitte à lui-même perdre pied quand nous échangeons sur nos goûts musicaux communs. Trois sangrias plus tard, une chacun, nous parvenons enfin à nous détendre et à profiter du soleil du mois de septembre.

Les petites folies de Kerray (B&B)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant