Dans le hall de l'Opéra de Sydney, je ne me lasse pas d'observer mes pairs d'un soir en smoking, en costume croisé ou en toute autre tenue digne de ce lieu. Mathieu et moi attendons paisiblement que nos maris respectifs daignent revenir vers nous. La réservation dans l'un des restaurants préférés de Victor approche.
« C'est toujours un plaisir de passer du temps avec toi, Wilfried. Même si je préférais te croiser à Berlin. J'y suis plus régulièrement.
— Que veux-tu, je n'ai pas pu résister à l'appel de ce lieu magnifique.
— Tu aurais pu aller à Valence, tu aurais obtenu le même décor.
— Je ne te savais pas si grand connaisseur d'architecture de maisons d'opéra.
— Ne me tente pas ».
Mathieu a changé, mais pas tant non plus. Il y a bien longtemps, lui et moi avons flirté avec la ligne rouge. Enfin, peu importe la couleur de celle-ci. L'homme qu'il est m'avait plu, je ne m'étais pas fait d'illusions sur sa personnalité et, en cela, sur ce qu'il recherchait chez un homme.
Quant à moi, il paraît que mes études l'intéressaient. Je pense surtout que Mathieu s'était mis en tête de m'ajouter à la liste de ses conquêtes qui avaient changé, comment dire, de posture ? Ce fut un échec. A défaut, nous sommes devenus d'heureux amis. Même si, parfois, je m'amuse à imaginer ce qu'aurait été notre vie.
« Et si j'ai envie de te tenter ?
— Toi, tu penses à notre vieux passé.
— Bien évidemment. Pas toi ?
— J'en discutais avec Andy récemment. Il ne pensait pas que nous étions passés à si peu d'une histoire plus ... différente on va dire.
— Une pyramide n'a qu'un sommet ... mais tout est possible après tout.
— Être un couple sans vie intime et toujours relative à un tiers aurait été complexe...
— Tu crois ? ».
Parce que la morale n'existe pas dans le cerveau humain et que je fais partie de ceux qui ne la défendrons jamais, je m'approche de Mathieu et dépose mon pouce dans son cou. Sa peau frémit à mon contact.
« Wilfried, tu es sérieux ?
— Suffisamment pour que tu sois livide, pas assez pour y croire moi-même.
— On n'en sait rien, au fond.
— Je sais juste que tu es là, c'est déjà bien ».
Dans les yeux de Mathieu, je ne sais pas si je lis l'envie de me dévorer les lèvres ou bien un agacement d'avoir remis ce sujet brûlant sur la table. Victor va sans doute s'amuser de mes péripéties du jour, quand je lui raconterai. Le voici d'ailleurs, accompagné.
« Pardon du retard, nous avons dû nous soumettre à la queue...
— Andy !? ».
Mathieu est blême, Victor éclate de rire, Andy embrasse son mari pour se faire pardonner et moi, je me demande si je n'ai pas bouleversé plus que de raison mon ami. Il n'en faut guère plus pour m'attirer.
![](https://img.wattpad.com/cover/185708910-288-k527929.jpg)
VOUS LISEZ
Les petites folies de Kerray (B&B)
RomanceComme promis, voici le recueil qui accueillera les différents OS que je serai amené à écrire de temps à autres, sur les personnages des précédentes histoires ou bien sur de nouveaux. Toute suggestion est la bienvenue !