chapitre 10: Dépit

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Chambre D'Antony

Elle prit son courage à deux mains , toqua la porte.

- Rentrez! Lui ordonnait une voix.

Fabiola se demandait si c'était la voix d'Antony.

À ces pensées son cœur rata un battement avant d'accélérer un peu plus. Elle redoutait d'être victime d' une crise cardiaque en cet instant précis et qu'on la retrouva morte devant la porte.

- Mon Dieu vient moi en aide, s'il te plaît. Marmonna -t-elle en ouvrant la porte.

Elle était hébétée devant tant de beauté, en contemplant son nouveau patient. Il avait des cheveux noirs soyeux comme les ailes de corbeau qui vous appelle à les toucher. Un visage imposant, au premier abord on devinait que c'était un homme autoritaire. Son regard  bleu vert d'une expression indéfinissable, d'esprit de fierté et de langueur s' allie parfaitement avec sa peau laiteuse au milieu des longues cils noirs. Le nez droit sur les lèvres d'un rouge vif .

Dieu a dû prendre tout son temps pour fabriquer une telle créature. Affirmait- elle dans son for intérieur. Après des secondes incalculables, elle prit enfin contenance d'elle.

- Bonjour messieurs, dit-elle en prenant le soin d'être professionnel.

- Bonjour docteur. Répondait le Cadet des Cabral en se levant avec un sourire chaleureux. Devant tant de courtoisie, Fabiola était un peu honteuse d'avoir négligée la présence de ce dernier à cause de son contemplantation pour son frère qui n' avait pratiquement cure d'elle, puisqu'il ne lui a même pas répondu son bonjour. C'était un géant dans un corps d' athlète, un bel homme bien en chair, élégant, des joues pleines, de beaux yeux verts gris , Enzo ressemblait plus à sa mère avec ses cheveux blonds mais en regardant les deux hommes à première vue on pouvait deviner qu'ils étaient des frères.

Si la jeune doctoresse était en pleine contemplation pour l'ancien homme d'affaire, du côté de celui-ci, c'était tout le contraire qui ne cessait de la regarder non comme un humain mais un extraterrestre qui venait tout droit d'un vaisseau, un extraterrestre qui n' effrayait pas bien-sûr.

Et puis cette voix? Antony avait une impression déplaisante de l'avoir entendu quelque part. Mais où ? D'où vienne cette énergumène ? Qui l'a regardait comme si il était le dernier homme sur terre. Sûrement elle trompait de chambre cette affreuse bonne femme. Avec son visage angélique qui contenait un monosourcil, on dirait un pédiatre. Sa petite taille lui donnait un air d'ados avec son éternel chignon négligé au sommet de la tête, ça lui donnait envie de rigoler, car sa blouse blanche et son pantalon étaient un peu trop grande pour elle. Pour couronner le tout elle était chaussée d'une paire de crock bleu ciel. Quelle manque de classe! Se dit l' homme d'affaire.

- Bon ! Je vous laisse. Dit Enzo.

- Vous pouvez rester. Aujourd'hui nous n'allons pas commencer, nous ferions juste connaissance. Objecta-t- elle.

- Commencer quoi? Grogna Antony.

La question émise par celui-ci fit sursauter Fabiola, ayant entendu sa voix pour la première fois, son intonation était venimeux. Le cerveau de la jeune thérapeute prit quelques secondes de retard avant de se connecter et décrypter sa question.

- Alors je me présente, je suis Fabiola Phanor, votre nouvelle thérapeute.

Le regard qu'il posa sur la jeune femme était tout qu' il y avait de plus étrange. Il n'exprimait pas de colère. Ni de l'amusement. Peut- être quelque chose entre les deux. Ou les deux à la fois.

Mais pourquoi le mira -t-il ainsi? Son regard indiquait qu'elle venait de faire une bêtise.

Et lui qui pensait qu'elle était une pédiatre. C'était le comble! Il ne manquait plus que ça. Ses parents étaient désespérés à ce point pour embaucher cette moche inexpérimentée? Elle n'arrivait même pas à être professionnelle,il ne voulait pas que Fabiola soit victime de l' effet de Halo négatif, mais tous était contre elle, son langage corporel et verbal. Ses expériences en management lui avait fait comprendre une chose: il était le premier patient officiel de cette dernière.

- Pour commencer continuait Fabiola. J'aurais besoin de votre aide, il faut que vous mettiez un peu de la vôtre.

Le timbre vocal de Fabiola et son discours à la con, agaçait Antony du plus haut point. Il lança de but en blanc:

- Mais pour qui vous vous prenez? Avec votre visage angélique et vos jolies phrases vous croyez pouvoir m' adoucir. Pour votre gouverne vous êtes loin d'être mignonne et vous n'êtes pas meilleure que les autres. Donc, je vais vous dire la même chose qu'eux : aller vous faire foutre!

Cette dernière tolérait tous, sauf le manque de respect. Sans réfléchir elle lâcha:

- Et vous, allez au diable !

- Vous êtes culottée ou bien pas trop futée ? Vous avez le toupet de me dire d'aller au diable, alors que c' est vous qui vient de nulle part pour m'importuner. Argua -t-il exaspéré.

- Je vous en prie ne m'envoyer plus d'azelée! Vous appelez ça importuner, alors que je viens vous aidez.

Jusque-là la jeune thérapeute était d' un calme olympien.

- M'aider? Quel mot ridicule ! Je vous ai demandé de l'aide par hasard ? Non à ce que je sache. Allez vous- en!

Comme Fabiola restait planter là. Il vociféra :

- Alors, vous restez planter là où vous prenez racine?

Elle avait pitié de lui.

- Vous êtes un lâche monsieur Cabral.

- Allez vous faire enculotter, salle bonne femme. Cria -t - il.

La jeune femme passait du calme à la colère, car il commençait sérieusement à l'agacer.

- De quel droit humiliez-vous et insulter constamment les autres? Quel satisfaction tirez-vous du mal que vous leur faites . D'accord, vous avez eu la mal chance d'être paralysé, ce n'est la faute de personne. Vous êtes ni la première et la dernière personne qui est dans cette situation. Au contraire, vous devriez remerciez Dieu de vous avoir gardé en vie. Est- ce que vous êtes au courant de combien d'individus qui vient de mourir à l'hôpital aujourd'hui ? Non, sûrement pas, c'étaient des pères de famille, des fils, des oncles qui bossaient de tous leurs sueurs.

Fabiola parlait d' un groupe d'hommes qui étaient victime de l' effondrement d' un immeuble à l' heure actuelle.

Elle continuait sur la même lancée :
- Plusieurs d'entre eux n'ont pas eu la chance d'être en vie comme toi et il y en plein qui sont entrain de se battre avec la mort à la salle d'urgence.

À ces mots sa voix étaient complètement brisée par les sanglots, mais elle retenait ses larmes.

Enzo était tout ému, quand il réfléchit son frère et lui ont eu beaucoup de chance d'être en vie suite à cet accident.

Elle poursuivait de plus belle:

- Aux places publiques vous n'avez pas l'habitude d' y aller ? il y a un tas d' infirmes qui sont pire que vous, ils n'ont personne pour prendre soin d'eux, il aimeraient être à vôtre place, ils n'ont pas de famille qui se soucis de leur état, et vous, vous avez cette chance mais vous passez la majeure partie de votre temps à humilier, insulter tout le monde.

- Vous avez terminé ? Demanda-t-il sèchement sans ciller.

- Oh non! Pas encore. Affirma- t-elle sur un ton qui frôlait l'ironie. Une dernière chose. ajouta -t-elle.

- Vous devriez changer votre comportement, parce que vous obtiendrez qu'une chose avec celui- ci: l'abandon.

Puis elle prit congé.

Enzo qui suivait la discussion du début à la fin restait figer. Jamais il n'avait pensé que ce bout de femme aurait été capable de tenir tête à son frère aîné. Cette fille sous un apparence fragile avait sous le pied. On a raison de dire que l'apparence est souvent trompeuse.

LA THERAPEUTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant