8 heures 20 Pm
Chaque soir, Éva Kiarra sortait prendre l'air sur la véranda, elle aimait aussi passer des coups de fil à cet endroit, remarqua Fabiola. Comme elle l'avait souhaité, la belle modiste était assise sur la balançoire, un verre de rhum Barbancourt à la main en fixant un point invisible.
Fabiola s'est dit que c'était pas le bon moment et fit volteface, trop tard, la maîtresse de maison l'avait déjà repéré.
- Vous vouliez me parler Docteure Phanor? En s'efforçant d'être courtoise.
- On dirait que je ne tombe pas au bon moment.
- Concernant mon Antony, c'est toujours le bon moment.
- Vous inquiétez pas. Ce n'est pas lui l'origine de ma venue.
- Vous êtes sûre ?
Elle avait des cernes sous les yeux, le teint légèrement hâlé. On dirait qu'elle n'avait pas dormi et pleurait également. Pour couronner le tout, elle se faisait rare et silencieuse. Quelque chose la préoccupait, devinait la jeune femme.
- Mais oui! Je m'inquiète pour vous. La modiste écarquilla les yeux en signe d'étonnement.
On dit qu'en partageant un soucis on se sent un peu léger, Fabiola voulait que son interlocutrice aille mieux en se confiant.
- Ah bon?
- Vous et moi nous savons pertinemment que vous allez pas bien.
Ça faisait une semaine qu'elle essayait de cacher son mal être, même son mari qui la connaissait bien l'avait pas remarqué.
- Je vais perdre ma boîte, elle n'est plus solvable. Actuellement, c'est le processus de liquidation judiciaire qui est en cours. Vous imaginez, après tant d'années de lutte, tout va disparaitre dans un claquement de doigts.
- Mais, pourquoi vous n'empruntez pas de l'argent à votre mari, puis vous appliquerez une stratégie de repli.
- Ce n'est pas l'argent le problème.
- C'est quoi alors ?
- J'ai plus d'inspiration depuis l'accident d'Antony.
Là c'était grave.
Puis Eva ajouta:
- J'étais tellement préoccupée par mon fils que j'ai cédé les rênes à mon assistant, mais il n'a pas pu. Nos concurrents ont pris tous nos meilleurs employés et nos mannequins. C'est de ma faute, j'ai tout négligé. Conclut-elle en larmes.
- Ce n'est pas de votre faute, vous étiez dépassée par les circonstances, je connais pas une maman qui n'aurait pas réagi comme vous l'avez fait, vous avez choisi votre fils au lieu de l'entreprise et vous avez bien fait. Écoutez-moi, nous allons faire un petit exercice.
- D'accord, répondit- elle confuse.
Fabiola alluma son portable, activa l'application de musique, elle tomba sur la chanson de Judikay " Omemma", puis elle commença à marcher au ton de la musique, faisant des poses, comme si elle était sur un podium de défilé.
Elle s'arrêta net et demanda:
- Vous en pensez quoi?
" Non, mais elle était sérieuse?"
- Je pense que vous êtes belle en vos termes, avec ta petite taille. Gracile et potelée. Mais si vous ne faites pas attention à la nourriture, vous serez une femme ronde. Vous essayez d'apporter de l'espoir à votre entourage, ce qui est adorable .
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LA THERAPEUTE
RomanceEtant très jeune Antony Cabral partout en Haïti était salué comme l'une des personnalités les plus riches grâce à l'immobilier et l'achat des entreprises en faillite. Blanc bec qu'il était, ce dernier avalait les plaisirs de la vie à grande bouchée...