- Je lui donne une semaine, si elle ne vient pas, nous en finirons avec elle.
Enzo était dans ses pensées quand son frère avait prononcé ces mots qui le retirèrent de sa réflexion.
- À propos Antony, je dois te parler.
Son aîné le fixa avec intérêt.
- Je me lave les mains concernant cette affaire. Je ne veux point pourrir la vie de cette jeune femme. Demande-moi ce que tu veux, sauf ça.
Depuis le début qu'Enzo travaillait sur les documents de ce contrat , ce dernier savait qu'il agissait injustement concernant Fabiola, car il se sentait coupable relativement à la paralysie de son frère. En se réveillant du coma après qu'Antony eu retrouvé la mémoire, il manipulait son cadet à sa guise, l'ex homme d'affaire sentait la culpabilité de ce dernier et en profita.
Il se rappelait de ses mots comme si c'était hier; quand il le soudoyait concernant Fabiola, quand cette dernière lui avait jeter les quatre vérités en pleine figure dès la première fois.
"Je veux rendre la vie de cette fille insupportable et c'est ton devoir de participer."
Enzo était loin d'être le meilleur avocat du droit de travail, mais il s'y connaissait, et jamais, au grand jamais il n'avait plaidé injustement, car de nature c'était un homme consciencieux, car il croyait au karma, jusqu'à ce que son frère le corrompit.
L'affaire de Fabiola lui coupait l'appétit et l'empêchait de dormir la nuit, il avait décidé de
prendre son courage à deux mains pour s'opposer à son aîné en percevant la souffrance de la jeune femme.- Oui, ce n'est pas la faute de celle-ci si tu t'es retrouvé dans cette situation. Le seul péché qu'elle a commis: c'est de t'avoir tenu tête. Je te prie, ne lui fait pas porter le chapeau.
Antony le fixa sans ciller et lui dit:
- Est-ce ton dernier mot ?
- Oui!Répond-t-il ahuri devant tant d'indifférence. Est-ce-qu'il avait entendu sa thèse au moins ?
- N'oublie pas petit frère, que tous ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi. Objecta-t-il l'air neutre.
Là il reconnaît son frère.
***
Au même moment, en proie des émotions Fabiola laissait les deux frères en plan; sans emprunter la même route, dans quelques minutes d'avant, quand l'infirmier l'avait accompagnée. Heureusement ce chemin la conduisait au salon; quand elle rencontra Max, le chien de Bianca, c'était une boule de poils de couleur jaune, de la race de Bouvier bernois, très mignon.
Le mammifère carnivore s'est mis à la rôder autour, tout en la léchant; succombant au charme de l'animal, Fabiola s'agenouilla pour le caresser.
- Hé toi!! Comment t'appelles-tu ?
- Il s'appelle Max. Répondait une voix féminine.
Elle leva la tête pour voir la personne. C'était une femme dans la cinquantaine, les cheveux grisâtres, et le teint fatigué, sûrement par les difficultés de la vie . Son visage lui était familier, mais où avait-elle l'habitude de la rencontrer?
- Benh! Enchanté Max .
- Il t'aime bien, d'habitude il aboie les inconnus.
- Vraiment ! Dit-elle en choyant la bête.
- Ça prouve que vous avez une belle âme, les animaux ont cette capacité.
- Ohh! Merci! Dit-elle flattée.
- Je vous sers quelque chose Mlle. Phanor? Venez dans la cuisine avec moi.
" Visiblement tous les habitants de cette maison connaissait son nom."
- Non merci, je dois y aller. Décala-t-elle gentiment.
- Personne ne dit non à ma cuisine et vous ne serez pas la première. Je vous promets que vous n'allez pas regretter.
Elle ne voulait pas offusquer la quinquagénaire et en plus qui s'avérait être courtoise , même si elle insistait.
La jeune thérapeute la suivit à la cuisine avec le chien à ses trousses.
Une suave odeur de lambi créole venait de saisir son odorat, dont la saveur promettait d'être exaltante.
Fabiola prit place au bar pendant que la cuisinière sortait la cuisson dans le four.
- Vous voulez du lambi?
En Haïti ce plat coûtait une petite fortune à cause de ses vertus et son goût exquis. Comment dire non.
-Vous rigolez! Je suis volontier.
Elle dégusta son savoureux plat.
- Je n'en peux plus . Dit-elle dans quelques minutes en déposant ses couverts. C'est le meilleur repas que j'ai pris depuis longtemps.
- Je suis heureuse de voir que vous prenez plaisir à manger, observa la cuisinière en souriant.
- Et moi qui voulais m'en aller.
Les deux femmes éclatèrent de rire.
-Vous rateriez le meilleur repas de votre vie. Se venta-t-elle.
- Merci! Vraiment !
- Mais je vous en prie. Régalez- vous avec ce verre de jus de grenadia.
- Tout ce que j'aime ! Admit la toubib en souriant.
- J'ai tout entendu. Vous allez vraiment démissionner ?
Fabiola rigolait dans son tréfonds en disant :
" Démissionner ? Mais c'est un mot qu'on emploie si et seulement si on est employé et non un esclave."
- Il ne veut pas de mon aide cet homme arrogant, agressif, grossier, tyran. Mais vraiment pour qui se prend-t- il?
- Essayer de le comprendre... c'était un homme qui avalait à grande bouchée les plaisirs de la vie, perdre l'usage de ses jambes d'un coup le rend complètement fou. C'est comme si la vie n'avait plus de sens pour lui.
- Bingo ! Exclama Fabiola.
L'exclamation de cette dernière fit sursauter son interlocutrice.
La quinquagénaire la mira choquée, genre: tu vas bien?
- Vous persévérez dans la même église que moi, chez le Révérend Lambert, à Pétion-ville.
Le visage de la cuisinière reprit soudain son éclat initial après les explications de la jeune médecin.
- Oui ! C'est vrai!
- Pourquoi ne me l'avoir pas dit?
- C'est la raison pour laquelle: lorsque je vous ai vue avec Max, je n'ai pas pu m'empêcher de vous parler.
- Arrêter de me vouvoyer maintenant, nous sommes sœurs en Christ, et nous partageons la même foi.
- D'accord. Alors, je voulais te dire de ne pas abandonner Mr. Antony, je sais que tu es une chrétienne et une médecin dévouée, après Dieu ,tu es le seul espoir de la famille. Nous comptons sur toi.
-Bon! Il faut que je parte. Tes délicieux plats me manquent déjà.
- Dans ce cas reste la thérapeute de monsieur Antony.
- On se reverra dimanche à l'église !
- Bien sûr ! Je vais te faire un bain de conduite.
- Merci!
Fabiola en avait marre que tout le monde la sensibilisait à propos d'Antony. Et elle, pourquoi personne ne la prenait en considération dans cette histoire?
La suite pour bientôt.
Laurie 😘
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LA THERAPEUTE
RomanceEtant très jeune Antony Cabral partout en Haïti était salué comme l'une des personnalités les plus riches grâce à l'immobilier et l'achat des entreprises en faillite. Blanc bec qu'il était, ce dernier avalait les plaisirs de la vie à grande bouchée...