Entre ses mains, le mage de Sora faisait tourner la petite pierre bleue, le regard dans le vide face à sa fenêtre. Le retour des deux héros au château l'intriguait... Était-ce un signe ? Il ne pouvait nier la coïncidence étrange que cela représentait. Sûrement, avait-il été trop aveuglé par ses craintes... trop aveuglé au point de ne pas faire confiance aux élus, désignés par les dieux eux-mêmes. Cela ne pouvait être qu'une deuxième chance offerte par la déesse des elfes. Le mage scrutait l'horizon, les étendues vertes de Sora, la lisière de la forêt obscure comme si la réponse à toutes ses questions se cachait entre les branches entrelacées des vieux chênes ancestraux.
Faisant voltiger la pierre dans sa paume, il referma son poing délicat autour de l'artefact et d'un pas décidé, il s'engouffra dans les couloirs du château à la recherche d'Athèlme. Il fallait qu'il lui raconte tout ce qu'il savait. La démarche pressée, il se dirigea d'abord vers la bibliothèque. Les habitudes du soldat n'avaient plus de secrets pour lui. Alors qu'il s'apprêtait à prendre le dernier virage en laissant voltiger sa tunique derrière lui, il faillit percuter l'objet de ses recherches.
Regardant le bout de ses pieds, Athèlme n'avait pas vu Moïe arriver précipitamment et seul son instinct lui permis d'éviter une collision douloureuse. Esquivant d'un bond preste sur le côté le demi-elfe, il releva sa tête, agacé.
— Moïe, ça va pas de prendre les virages aussi serrés ?
— Athèlme, mon garçon, viens avec moi. J'ai à te parler ! s'enquit Moïe sans même faire mine d'avoir sursauté.
Moïe, comme toujours lorsqu'il était sous le coup de l'excitation, parlait d'une voix dynamique en tremblant presque d'impatience alors qu'il livrait l'introduction de son récit. Il termina à peine sa phrase que déjà, il s'était retourné et engouffré dans une des nombreuses salles du château. Curieux, comme à chaque fois que la moitié humaine de l'elfe se révélait, Athèlme le suivit, espérant que ce qu'il avait à lui dire lui changerait les idées. Il s'était forcé à laisser sa sœur seule avec Luvac, mais cela n'était pas pour le rassurer.
Moïe attendit en piétinant que le jeune homme le suive à l'intérieur de ce qui ressemblait à une salle de bal et prestement, il tourna le verrou d'un geste vif. Courant pratiquement au centre de la pièce luxueuse, faisant claquer le sol de marbre blanc sous ses pieds, il s'arrêta dans la voltige des tissus de sa robe et commença à psalmodier un sortilège de discrétion. Un fin filet d'énergie rosée jaillit de ses mains dressées dans les airs et s'en alla dégouliner sur les tapisseries de soie et les lustres d'or qui ornaient l'espace. Intrigué par ce manège inattendu, Athèlme observait son mentor sécuriser l'environnement avec intérêt. Quand il eut fini, qu'il ramena ses bras le long de son corps et qu'il rabaissa ses yeux sur lui, le général s'approcha.
— Qu'est-ce que tout ça signifie Moïe ?
— Bien, nous voilà tranquille pour un moment. Je dois absolument te parler de quelque chose Athèlme. Je n'ai... comment dire ? Je n'ai pas été entièrement honnête avec toi...
Si Athèlme avait eu des oreilles d'elfe, il les aurait immédiatement rabattus en arrière en signe de suspicion. Comme il n'était qu'un humain, il se contenta de pincer les lèvres et de plisser ses yeux d'émeraude qui disparurent sous ses sourcils broussailleux.
— Je t'écoute, siffla-t-il entre ses dents.
Il essayait de garder son calme, mais cette simple phrase suffisait à le mettre hors de lui. La rage faisait déjà tambouriner son cœur qui menaçait de s'extirper de sa poitrine. Comment Moïe se permettait-il de lui avouer avec tant de légèreté qu'il n'avait pas été honnête ? Avec lui, l'enfant arraché à sa famille qui avait voué son existence à s'entraîner pour contrer une prophétie que lui-même avait déchiffrée ?
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Les Reliques du Damné - T.I Trahison
FantasyLe temps de la prospérité est révolu. Le continent Brazla doit à nouveau essuyer une menace destructrice. Les dieux sont formels, les peuples doivent s'unir et se préparer au pire. Deux pouvoirs unique devront s'allier afin de défaire les noirs des...