PARTIE IV - Chapitre 1 : Bibliothèque et Mystère [Réécriture]

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-2 ans avant ADLP- (Saison Morte)

Le voyage s'était, contre toute attente, déroulé sans encombre. La brume avait laissé place à un soleil cuisant sur les plaines de Sora. Le temps écoulé avait permis à chacun de regagner en sérénité et tous étaient disposés à faire leur deuil avec honneur. Les murailles du château apparaissant dans le lointain avaient réconforté les cœurs, malgré la chaleur étouffante qui sévissait.

De retour au palais, Moïe se précipita sans crier gare dans ses appartements. Il esquiva les divers appels et sollicitations des personnes rencontrées dans sa traversée des couloirs, monta les marches d'escalier deux par deux, dérapa dans le dernier virage et enfin, se jeta dans sa chambre, refermant prestement sa porte derrière lui.

Une fois seul et à l'abri de tous les regards, il se dirigea vers la grande armoire de bois qui dominait le fond de la pièce et ouvrit grand les battants pour venir y récupérer son petit camarade.

Le Mulmopi, alors en pleine sieste, sursauta face à l'assaut de tendresse de son maître, les poils hérissés. Le demi-elfe, sans s'y conformer, saisi la petite boule rouge et or, la posa délicatement dans sa paume, avant de la serrer contre son cœur. D'abord affolé, l'animal pelucheux se laissa vite bercer par l'étreinte protectrice qu'on lui offrait et émit quelques ronronnements de satisfaction lorsqu'il reçut de douces gratouilles derrière ses petites oreilles arrondies.

— Je suis désolé d'avoir du te laisser Tikou, lui murmura Moïe. Je ferai mon possible pour que ça ne se reproduise plus mon ami.

En réponse, le mulmopi gloussa doucement sans interrompre son ronronnement.

Lorsque le mage montrait signe qu'il s'en allait, Tikou soulevait ses minuscules pates sur la main fuyante et tirait dessus pour la ramener à sa juste place : entre ses oreilles.

Amusé, Moïe continua alors de bercer son compagnon, profitant de ce moment de détente pour laisser son esprit s'évader, le regard perdu au loin sur les montagnes de Ninetïa.

Il s'imaginait pouvoir frôler le sol des forêts luxuriantes de Flendïa. Il visualisait sa mère et ses traits délicats, leur modeste logis camouflé dans les hautes branches d'un Shakam, son peuple et les animaux qui alors vagabondaient autour d'eux. La nostalgie assaillait son esprit sans pitié, laissant les idées se bousculer à la frontière de son âme. Il se rappelait de sa dévotion absolue à la déesse Kirïa et du jour où il prit la décision d'arpenter le continent à la recherche d'une mission divine. Comme le continent avait changé depuis son arrivée à Sora ! Il se réjouit que l'accès à la Forêt soit désormais interdit, soupirant à cette idée, satisfait que celle-ci soit finalement gardée secrète et impénétrable. Trop de trésor y regorgent et trop de mortels souffrent de la maladie de l'appât du gain.

En songeant à la forêt d'Imalt, Moïe se souvint alors de la pierre d'Imalt. Comment allait dire à Athèlme qu'il lui fallait la conserver, sans pour autant attiser sa curiosité, s'il n'était pas déjà trop tard pour ça... Il lui fallait réfléchir à la meilleure option. Jamais au cours de ses voyages elle ne s'était présentée à lui. Il ne parvenait pas à comprendre la raison de sa soudaine apparition, alors que le jeune homme ne quittait que pour la première fois les frontières de Sora.

Moïe chassa ces idées de son esprit, se promettant d'y revenir plus tard. Il préféra se remémorer son arrivée au château, quelques dizaines d'années auparavant. Les instants avaient été paisibles et productifs. Sora, telle qu'elle était aujourd'hui, avait été battie à l'arrivée du mage sur les terres. Il avait depuis servit la dynastie des Sar. Aucun, jusqu'alors, n'avait osé porter le nom de « Sar Ier ». Un sourire illumina ses traits. Pour des raisons obscures, l'appellation « premier » était maudite pour les habitants de ce château. D'après cette étrange croyance, elle apporterait la mort et la désolation sur le royaume et c'est ainsi que le premier Sar s'était trouvé être le second. Seul son souverain bien aimé actuel, avec sa tendance naturelle à la contradiction et à la provocation qu'il aimait autrefois afficher, décida de devenir le premier du nom. Des années avaient dû s'écouler avant que le tumulte de la cours se calme et que tous observent qu'aucune malédiction n'apparaissait.

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant