Chapitre 13 : Bandits de Grands Chemins [Réécriture]

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-3 ans avant ADLP- (saison de cristal)

« Monter sur son dos ?» se répéta mentalement Athèlme. Malvina avait, de toute évidence, subit un traumatisme bien plus lourd que le sien ! Déjà qu'il s'était transformé en lionne... elle n'oserait pas le rabaisser à ce point !

Malvina vit l'animal en face d'elle plisser ses yeux ambrés. Son museau s'était fripé instantanément dans une expression de dégoût. Il était évident que l'idée ne lui plaisait pas le moins du monde.

Elle observa fixement son ami, jouant de son regard si persuasif, dans une moue adorable. Elle pensa d'abord qu'Athèlme se montrerait inflexible, puis elle le vit petit-à-petit adoucir ses traits. Il savait qu'elle avait raison et que c'était la seule solution. La survie du roi prévalait sur de piètres états d'esprits. D'un air plus que résigné, l'animal inclina la tête en signe d'acquiescement, non sans cacher son irritation. Malvina s'avança pour s'exécuter, les joues rouges de gêne. Mais alors qu'elle commençait à passer sa jambe au-dessus d'Athèlme, il releva la tête, comme frappé par une pensée soudaine et s'élança le long de la rivière. Déséquilibrée, la jeune fille se vit effectuer une demi-pirouette avant de se retrouver sur son séant, dans la neige.

– Eh ! Athèlme ! C'est pas drôle du tout ! s'énerva Malvina qui s'élança à ses trousses

Quelques pas plus loin, la lionne s'arrêta et, regardant la jeune fille avec insistance, lui désigna un étrange caillou bleu du bout de son mufle. Sa curiosité naturelle poussa la guerrière à s'approcher de ce mystérieux butin sans se méfier.

– Tu m'as vraiment fait tomber dans la neige pour ça ? Une pierre ?

Cette fois, Malvina voulait démontrer avec force son agacement. Elle avait posé ses deux poings sur ses hanches et fixait Athèlme de toute sa hauteur. Forcément, elle profitait de la situation qui lui permettait enfin de le regarder de haut, songeât-il. La lionne exprima ce qui semblait être un haussement de sourcils. Jamais Athèlme n'aurait pensé qu'être privé de parole pourrait l'handicaper à ce point. D'un autre côté, c'était prévisible. Malvina ne cessait jamais de le remettre en question et de rétorquer chacune de ses idées avant qu'il ne s'épanche en explications détaillées. Il se contenta donc de garder son expression qu'il voulait implacable, sans ciller.

Malvina ramassa la pierre, l'admira un moment et haussa les épaules tout en la rangeant dans sa sacoche.

– Bien Elme, je m'en charge, soupira-t-elle à contre cœur. On verra ce que Moïe pourra en dire, mais j'ai bien peur que ce ne soit qu'un simple minéral tu sais ? Allez, en route maintenant !

L'heure n'était pas destinée à la perte de temps. Si son frère voulait ce caillou, soit. Ils devaient impérativement atteindre le château au plus vite. Elle s'approcha du dos d'Athèlme et l'enjamba timidement, essayant de combattre son malaise inutile. Après tout, ce n'était pas comme si elle montait sur le dos de son frère nu. A cette simple pensée, sa gêne redoubla. Non seulement, il n'était plus son frère mais un animal. De plus, il était recouvert d'une épaisse toison d'argent. Consolidant ces pensées rassurantes en son for intérieur, elle tenta de se détendre, alors qu'Athèlme continuait de se crisper sous son contact. Enfin, ils se mirent en marche.

Après avoir récupéré le lion, ils le libérèrent des liens qui lui entravaient ses pattes. C'est ensuite à vive allure que Malvina vit le paysage défiler, alors que son frère traversait les plaines de Creïka sur la piste de leurs montures et des fleurs du mal, suivit de prêt par le lion fou que Malvina tenait bien en laisse. Un fauve était certes un étrange destrier, mais la jeune fille ne put retenir bien longtemps la vague de bonheur qui menaçait de la submerger. Nostalgique, elle se revit enfant, chevauchant les lions d'argent dans les champs, sous le nez paniqué des villageois. Un rire s'échappa de sa gorge sans qu'elle ne puisse le retenir, et c'est la tête relevée qu'elle laissa éclater cette joie qui menaçait de la subjuguer, laissant ses cheveux flotter librement derrière elle. La liberté, rien d'autre que la liberté.

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant