Chapitre 11 - Voyage Diplomatique [réécriture]

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-3 ans avant ADLP- (saison des Brumes)

Le soleil peinait à percer le brouillard matinal, sur l'horizon du désert, mais le régiment ne s'en souciait guerre. Le campement s'activait déjà d'arrache-pied pour fermer les sacs et reprendre la route le plus vite possible. En l'esprit de chacun dominait la crainte de ne pouvoir arriver à temps pour sauver son camarade. Le premier peloton avait une journée de marche d'avance sur eux... autrement dit, ils étaient déjà arrivés à Merïa.

Sans qu'aucun retardataire ne freine le départ, le convoi se remit en route, guidé par Athèlme et Sar Ier. La fumée laissée par le feu de camp parfumait encore l'air d'odeur de ragout et de champignons grillés, s'élevant dans le ciel ombragé. La fraîcheur de la nuit commençait déjà à être chassée par les doux rayons du soleil qui nimbaient l'horizon et faisait onduler des arabesques de brumes sur le décor de sable humide. Au bout de quelques temps, l'océan Falïal ne tarda pas à se dessiner, révélant un horizon de parfaite fusion entre terre et mer. Les pins et les chênes avaient laissé place à de nombreux cactus depuis la veille, arborant des formes toutes plus étranges les unes que les autres, ainsi qu'a une flore encore méconnue de Malvina. De grandes plantes vertes s'élevaient du sable, étendant de larges feuilles bleutées de part et d'autre de leur tige. Ces étranges végétaux parsemaient le sol et coloraient le paysage de taches azures.

— Elme, n'as-tu jamais rien vu de pareil ? s'émerveilla Malvina, fidèle à sa curiosité naturelle et à sa capacité d'extase permanente.

— Non, je dois dire que cela ne ressemble en rien aux paysages, pourtant variés, de Sora.

Les deux jeunes gens n'étaient de toute évidence pas les seuls à découvrir les abords de Merïa. Le roi, amusé, observait l'intégralité de ses hommes admirer l'océan. Il devait bien admettre que même lui, pourtant habitué à parcourir Brazla, ne pouvait s'empêcher d'admirer cette nature si particulière. Sar Ier plissa le nez, se laissa envahir par les premières saveurs iodées qui flottaient dans l'air. Comme électrisée, sa mémoire explosa dans son esprit et il put revivre, le temps que dura l'instant, ses années de vie passée à Merïa. Il se rappela sa première compagne, celle qui avait su voler son cœur quand des dizaines d'autres n'avaient pas même su garder un regard. Il se rappela de son père, courant après lui dans les rues de la capitale comme s'il avait une chance de le rattraper pour lui infliger une correction. Sar Ier pu presque revivre les odeurs qui flottaient dans le village reculé de sa première femme. Les odeurs de poissons grillés, de mer, d'épices... toutes provenant du banquet organisé en l'honneur de ses noces paillardes. Jamais ce mariage ne fut officiel, mais il resta le plus beau jour de sa vie. Des petites ridules pointèrent aux coins de ses yeux, tandis qu'il riait devant la beauté et la simplicité de l'instant. Un instant magique que seul l'océan est libre de transporter en son sein.

— Mon roi ? Je crois avoir raté l'objet de votre hilarité, s'intéressa le demi-elfe, avide de sensation humaine.

— Absolument pas mon cher mage. C'est moi qui ai raté de voir à quel moment tu as cessé de t'émerveiller devant les richesses du continent. Regarde, même Luvac, pourtant si taciturne, semble se régaler de ce qu'il voit.

Le roi, en même temps qu'il parlait, pointa du doigt l'homme en question. Moïe fut forcé d'admettre que la jeune recrue semblait revigorée par cette plaisante matinée. Il ne questionna pas plus son seigneur et tenta de ressentir la vie comme un homme. Il fit appel à sa moitié humaine, ferma les yeux et repoussa doucement la partie elfe en lui qui rechignait à laisser sa place. Lorsqu'il s'ouvrit au monde, il comprit enfin.

L'océan scintillait de mille diamants, sublimé par le soleil qui s'élevait en rasant sa surface. La brume se levait sur Merïa, comme si elle n'y avait pas sa place levant le voile sur les Terres Inconnues. Comme il aimait les contempler. Trois cents années ne lui auront pas suffi pour découvrir ce deuxième continent. Personne encore n'avait osé s'y rendre, trop effrayé par les mythes et légendes qui l'entouraient. Le continent était maudit pour les uns, composé de flammes et d'acides pour les autres, ou encore était réservé par les dieux eux-mêmes, qui laisseraient alors s'abattre leur courroux sur quiconque les perturberait en ce lieu sacré. C'est ainsi que les Terres Inconnues restèrent... inconnues... Moïe souffla à cette idée, curieux à présent d'en découvrir plus sur ce mystère.

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant