Année 7 – (saison de la vie)
Sur le dernier champ de bataille, Moïe ne cédait pas plus de terrain que le Prisme. Les hommes, ignorant que le nom de Yal Rez'Tan trouverait désormais sa place sur les tables de marbres honorifiques des temples, combattaient avec la force et la ténacité de l'honneur. Ni eux, ni Sar Ier ne virent poindre à l'horizon les membres du Prisme qui s'écoulaient des forêts. Ces derniers avaient peut-être fuit la dernière bataille face à la colère de Ribéon, mais aucun n'avaient abandonné la guerre. Gonflés de haine, ils s'abattirent avec force sur le régiment du roi. Moïe hurla des ordres remarquablement clairs à travers le tumulte et aussitôt, les rangs se reformèrent pour se préparer à la double attaque. Au loin, les cheveux noirs d'Obsi le distinguait sans mal du reste de son armée. L'elfe volait pratiquement au-dessus des prairies, visiblement déterminé à rejoindre son homologue sur le terrain pour un ultime duel.
— Cette fois sera la dernière où nous nous rencontrerons, Moïe ! tonna-t-il entre deux esquives de lames affutées qui ne parvinrent pas même à le ralentir.
Il se jeta une fois de plus à l'encontre de son ennemi juré et déclencha un combat qui promettait une violence inouïe.
Au loin, Sar repoussait ses assaillants dans une maîtrise parfaite de la danse des sabres. Troquer ses armes habituelles pour d'autres, plus exotiques, était de loin la meilleure idée qu'il ait eue. Décontenancés face à la tempête d'acier qui leur tombait dessus, aucun ne parvenait à se frayer une ouverture dans la défense du seigneur, bien trop inattendue. Aucun, sauf un. Invisible, dans l'ombre du chaos, une pierre n'était plus qu'à quelques pas d'appliquer un coup fatal dans le rein du roi. Ces quelques pas, cependant, ne resteraient à jamais qu'un espoir fou, ruiné. Alors que son bras se levait pour répandre le sang, c'est le sien qui s'écoula abondamment. Surpris, il s'affaissa sur lui-même, le regard figé sur la lame qui dépassait de son abdomen. Bérénice se contenta d'enjamber le corps avant même qu'il ne finisse sa chute, et se colla à Sar Ier. Dos à dos, ils entamèrent une valse mortelle contre leurs opposants. Entre jeu de jambes et jeu de lames, les chairs se tranchaient et les humeurs se mêlaient à la boue.
Le reste de la garnison ne tremblait pas plus. Les envahisseurs faiblissaient et leur nombre réduisait considérablement sous l'œil aguerri des soldats. Revigorés par l'odeur alléchante de la victoire, les défenseurs de Brazla oublièrent les deux jours passés à guerroyer. Ils oublièrent la nuit passée à répandre le sang sur leur terre. Ils oublièrent même jusqu'à la peur et le chagrin des pertes inévitables de ces jours qui, à jamais, marqueront l'histoire. Ils seront cette histoire !
L'euphorie qui gagnait les troupes jusqu'à stimuler le dernier cœur battant pour sa patrie, ne dura pas plus longtemps que le dernier souffle d'un condamné. Un rire sadique résonna après qu'un éclair illumina le ciel obscur. L'hilarité malsaine avait éteint jusqu'au plus vigoureux des feux patriotiques. Une plainte sourde s'en suivit et le rire continua. Moïe était à terre, un sort d'Obsi l'avait atteint de plein fouet. Sa tunique brulait. Il ne bougeait plus. L'histoire s'assombrissait.
***
Le chemin du Gouffre de Glace serpentait entre les roches dans un zigzag incessant. Le souffle des montures se faisait de plus en plus court à mesure que l'air se faisait rare. Le voyage semblait interminable, mais Malvina ne ressentait plus aucune fatigue. En fait, jamais elle ne s'était sentie aussi vivante. Luvac était en vie, leur cœur chantait en rythme telle une symphonie organique.
— Soit nous sommes arrivés, soit nous avons un problème, maugréa Athèlme en tête de ligne.
En effet, le couloir minéral du gouffre était entièrement bloqué par un amas de roche compacte. Tous trois descendirent de leur monture pour venir observer la barrière naturelle, mais rien ne permettait de dire si quelque chose se trouvait derrière les géantes rocheuses qui leur faisaient face.
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Les Reliques du Damné - T.I Trahison
FantasíaLe temps de la prospérité est révolu. Le continent Brazla doit à nouveau essuyer une menace destructrice. Les dieux sont formels, les peuples doivent s'unir et se préparer au pire. Deux pouvoirs unique devront s'allier afin de défaire les noirs des...