Chapitre 3 : Complots et Cachotteries [Réécriture]

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-3 ans avant ADLP- (saison de cristal)

La saison des brumes de s'était pas fait discrète, cette année-là. Pour son premier jour, elle inondait les carreaux du château qui ruisselaient inlassablement et noyait le paysage sur des lieux à la ronde. Les plaines, les bois, les montagnes... tout disparaissait sous le manteau d'un brouillard aussi opaque qu'un feu de forêt, les contours ne se dessinant qu'au travers de volutes cendrés.

Loin de se soucier de la grisaille qui assaillait les carreaux de sa chambre, Athèlme continuait tant et plus de se concentrer afin de récupérer sa forme originelle... mais rien n'y faisait. Chaque fois qu'il baissait le regard pour observer ses mains, il tombait face à de grosses pattes poilues et griffues. Il avait bien essayé de se rendre dans la bibliothèque, non sans faire fuir toute âme vivante sur son passage, mais il n'avait réussi qu'à transpercer un livre de ses dents en essayant de le saisir délicatement.

Depuis, il s'était isolé dans sa chambre, essayant encore et encore d'inverser le maléfice, sans compter les jours qui passaient. Fronçant les sourcils, plissant les yeux et serrant sa mâchoire, il ne pouvait être plus concentré ! C'est à ce moment que Malvina arriva, ouvrant la porte sans toquer, comme à son habitude. Elle marqua un temps d'arrêt en le découvrant dans cette position particulièrement crispée. Puis, un éclat de rire traversa les couloirs face à la scène. Ne pourrait-elle dont jamais cesser de se moquer de lui, songea Athèlme. Le regard courroucé de la lionne finit par calmer l'insolente petit à petit. S'avançant, elle observa son ami avec une pointe de compassion.

— Elme, crois-tu vraiment qu'en renfrognant tout ton museau, cela augmentera ton niveau de concentration ? le charia-t-elle sans vergogne.

Un grognement lui répondit. Elle ne savait pas s'il s'agissait d'une complainte ou d'un avertissement face à ses boutades.

— Je ne suis pas en train de me moquer, prit-elle soin de préciser, mais Moïe t'a dit de rechercher en toi. Je pense qu'il te faut être calme pour y parvenir, et non crispé tel une lionne qui mettrait bas à quinze petits.

Le fauve lui renvoya un regard agacé mais ne résista pas bien longtemps face au clin d'œil que la jeune fille lui adressa. Peut-être avait-elle raison tout compte fait. S'approchant, Athèlme plaça sa tête sous la main de Malvina en signe d'approbation. Son aide ne sera finalement pas de refus.

— Bien ! Alors, commence par te relaxer. Inspire bien profondément, et surtout relativise. Moïe t'a bien dit que ce n'était pas un état irrémédiable, bien au contraire, c'est un don du ciel !

Soufflant face à cette appellation « don » et dont il se serait bien passé, il effectua tout de même l'exercice. Calmement assis, il ferma les yeux et tenta de se détendre.

— Bien, continu comme ça. Je vais t'aider un petit peu.

A ces mots, elle n'attendit pas de réponse et apposa ses paumes sur les tempes d'Athèlme. Invoquant une vague de quiétude elle la laissa glisser en elle jusqu'à la faire s'écouler au bout de ses doigts. A ce moment-là quelqu'un vint frapper à la porte. Elle sursauta et la vague canalisée se déversa d'un seul coup dans l'esprit de son frère. Assaillit par trop de tranquillité soudaine, son corps tressailli et sombra dans un profond sommeil.

— Oups..., s'exprima Malvina, n'ayant jamais eu connaissance de cet effet.

Imperturbable elle se leva et alla ouvrir la porte.

— Messire Athèlme est attendu dans les appartements du mage royal. Il m'a demandé de préciser que c'était urgent.

— ... oui très bien, je l'en informerai dès que possible.

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant