Chapitre 13 - Politique et Chaos

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Année 7 après L.P – (saison de la vie)

Malvina, sous le regard bienveillant de Luvac, se laissait bercer par des songes merveilleux. Un sourire étirait le coin de ses lèvres et elle rayonnait même dans son sommeil au grand étonnement de Luvac. Mais une ombre approchait, aussi noire que les rêves étaient doux... sans que personne ne l'aperçoive.

Luvac était bien trop occupé à sonder ses propres émotions, coupé du monde extérieur, pour percevoir quoi que ce soit. Les joues roses et le teint lumineux de la jeune fille semblait emporter son cœur dans une valse qu'il n'était pas sûr de pouvoir guider sans flancher. Son torse se soulevait en rythme avec le sang qui battait dans ses tempes, sauvage, hurlant un désir de liberté et de débauche. Pulpeuse, la délicate frimousse de Malvina s'humectait parfois innocemment et Luvac perdait pied. Mais plus ses veines souffraient sous les assauts de la pression, plus une haine viscérale lui broyait les entrailles. Sans le toucher, sans le regarder, sans même s'en rendre compte, ce petit bout de femme lui causait plus de maux qu'il n'en avait jamais eu ; et ce n'était pas peu dire. Elle lui avait, encore une fois, asséné qu'elle n'était à l'origine d'aucun ensorcellement, mais alors, comment expliquer que le visage d'albâtre d'Ebe se fanait dans son esprit ? Le regard d'acier de cette femme mystérieuse se perdait dans les méandres du temps et son tranchant n'avait plus rien d'exceptionnel dans les souvenirs de Luvac. Même ses cheveux de lune avaient perdu toute leur magnificence depuis qu'il avait retrouvé son élue. Il ne la supportait pas, il ne la supportait plus. Sa voix mélodieuse, sa gentillesse à toute épreuve et sa naïveté profonde des affres de l'existence le mettait hors de lui et il ne pouvait dire si le tambour qui résonnait à ses oreilles était de l'amour ou de la haine. Des défauts apparurent sur ce visage trop parfait. Son nez était bien trop petit, ses narines écartées... ses oreilles n'étaient pas symétriques et des cernes creusaient le bas de ses yeux. Un homme de son allure ne pouvait se permettre de telles ignominies ! Et puis, elle n'était pas assez piquante. Il se complaisait à se livrer à des joutes verbales infinies, c'était là toute sa passion de la langue, car parler pour ne rien dire l'ennuyait au plus haut point... Malvina ne cherchait toujours qu'à le faire parler de lui, de sa vie, de ses désirs. Personne, jamais, n'avait passé autant de temps à vouloir le connaître, c'était d'une puérilité sans précédent ! Que pouvait-elle bien y faire ?

Il souffla, agacé, et se redressa sur sa couchette. Dans un bruit sifflant, une lame trancha l'air en direction de la gorge de Malvina. Luvac ne dû qu'a ses réflexes le sauvetage in-extrémis de la délicate nuque de la jeune femme. Il abattit sa lame au bon moment et intercepta sans siller le coup mortel. Chose lui jeta un regard aussi noir que les Profondeurs Abyssales. Les deux dévots se lancèrent alors dans un duel silencieux, leurs iris intensément plongés dans ceux de l'opposant. Aucun ne souhaitait mettre fin à cet affrontement psychologique et Luvac, sans laisser l'opportunité à chose de prévoir son attaque, se rua en avant, arme au poing. Dans un couinement de détresse, Chose bondit en arrière et esquiva l'attaque frontale souplement. Il avait pleuré la perte de son apparence bestiale, mais il devait bien admettre que sa forme humaine était bien plus réactive, souple et intelligente. Il se redressa prestement, et attaqua à son tour, son sabre fièrement tendu devant lui. Sans difficulté, Luvac s'abaissa, laissa la lame meurtrière passer au ras de son crâne et dans une roulade, planta son poignard dans la cuisse de son assaillant. Le sang gicla et Chose hurla. Luvac se redressa sans lui laisser le temps de réagir et planta le fer incisif dans le flan de l'homme qui rugit sa douleur.

Malvina s'éveilla à l'entente de tout ce raffut mais tout se passa si vite qu'elle ne put qu'observer Chose s'enfuir en courant, la jambe en sang, une main portée à sa taille perforée.

— Malvina, vous voilà réveillée ! fit mine de s'enchanter Luvac, sa main toujours armée du poignard ensanglanté.

— Vous vous fichez de moi ? Il n'y a pas de place pour votre humour sarcastique, Messire ! Alors vous allez tôt faire de me ranger cette mine ravie et vous allez rapidement m'expliquer ce que le serviteur de Mélak faisait là !

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant