Chapitre 3 : Langues Mortes et Batifolages [Réécriture]

176 24 44
                                    

-2 ans avant L.P- Saison morte

Holf était occupé à nettoyer les écuries royales lorsque Sar Ier vint à sa rencontre. Dans la précipitation de voir son roi arriver, le jeune mérolt posa sa fourche et s'essuya prestement les mains sur son tablier, ne manquant pas de renverser le seau de graines qui reposait à ses côtés.

— Holf, comment se passe votre séjour à Sora ? l'accosta chaleureusement le roi.

Il sursauta alors que ses yeux se tournaient vers son roi, et oublia rapidement le malaise de sa maladresse. Garrosh suivait son nouveau maître partout où il allait, et cette fois ne faisait pas exception. Le fauve planta son regard félin dans les yeux orangés du mérolt. Il sentit son visage s'empourprer tandis que ses mains étaient à présent saisies de tremblements frénétiques.

— Ne vous en faites surtout pas pour mon lion mon garçon, il ne vous fera jamais rien. Du moins... sans mon accord... ricana le roi, moqueur. Suivez-moi plutôt, allons marcher, continua Sar sans se départir de son habituelle sourire en coin.

Leurs pas foulant les petits graviers blancs, Holf en profita pour s'émerveiller une fois encore de l'environnement. Plus ils s'approchaient des jardins, plus l'odeur des plantes et des fleurs de toutes les sortes et de toutes les couleurs, venaient assaillirent leurs sens. Rapidement, l'idée de la présence du lion d'argent n'était plus qu'une pâle inquiétude face à tant de beauté et de diversité. Mais sa bienséance et sa conformité aux exigences royales ne s'en voyaient pas amoindries ; Holf conservait une distance de respect avec son roi, légèrement en retrait, le nez baissé sur le bout de ses chaussures.

— Holf, je vous en prie, joigniez-vous à moi. Nous n'allons pas discuter sans que je puisse vous voir tout de même, l'incita le roi sur un ton taquin.

Il attendit que son sujet arrive à sa hauteur, le teint violet, avant de reprendre :

— Je voulais vous voir afin de vous remercier pour les bons soins dont vous avez fait preuve à l'égard de Kilna. Nous pensions qu'elle s'en était allée pour tracer sa propre vie dans les campagnes. Jamais personne ne se serait douté du danger qui s'était abattu sur elle.

— Je n'ai fait que mon devoir mon seigneur, répondit Holf timidement, fixant toujours la pointe de ses bottes.

— Et vous l'avez bien fait mon garçon. Vous méritez d'avoir votre place dans ce palais. Kilna m'a bien fait comprendre que vous avez fait plus que votre devoir. Grâce à vous, sa loyauté a pu nous prévenir de la menace qui nous guette, elle nous a ouvert les yeux sur un mal qui rongeait le continent tout entier, insidieusement, à l'insu de tous.

— C'est ce qu'aurait fait tout amoureux de Brazla mon seigneur.

Des petits pas résonnèrent au loin, un peu précipités. Levant finalement le regard, Holf pu apercevoir sa douce compagne qui les rejoignait au pas de course, ses fines boucles brunes rebondissant à chacun de ses pas.

— Mon roi, veuillez m'excuser pour ce retard, j'ai été retenue et je...

— Il n'y a pas de mal, le château est en ébullition ce matin, je me doute que vous avez été occupée, la coupa-t-il, alors qu'elle avait le souffle encore haché par sa cavalcade. Si je vous ai fait venir ici tous les deux, c'est pour vous faire une proposition.

Les deux jeunes gens observèrent leur roi, l'intérêt transpirant par chaque pore de leur peau. Pourquoi eux deux ? Rien dans leur comportement n'avait pu prêter à confusion, ils n'osaient pas même se tenir la main. Mais leurs regards ne savaient trahir leurs sentiments et de petites étincelles éclataient dans leurs prunelles or et azur aussitôt qu'ils se trouvaient à proximité l'un de l'autre. Sar Ier les observa tous deux un instant, attendrit par ce couple si harmonieux.

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant