Chapitre 15 - Soupçons et Allégresse

98 12 7
                                    


Année 7 après L.P – (Saison de la vie)

Malvina était demeurée prostrée auprès de son feu de camp après le départ mouvementé de Luvac. Elle ne savait comment ni pourquoi, mais elle avait mal. Son cœur semblait saigner sur lui-même, parcouru de craquelures. Si on lui avait dit qu'un cœur pouvait se fendre en deux, elle jurerait que c'est ce qui était en train de lui arriver. Son souffle court faisait hurler ses poumons à l'étouffement. Les flammes dansaient devant ses yeux, moqueuses et insensibles à sa douleur, comme autant de petites ballerines sautillantes. Elle risquait parfois un regard vers l'étroit chemin par lequel avait disparu Luvac, mais rien n'apparaissait, si ce n'était l'ombre de ses souvenirs. Elle referma la couverture autour d'elle et tenta d'oublier ses peurs dans le sommeil, mais ce dernier demeurait introuvable.

Un bruit vers sa gauche la fit bondir. En un éclair, elle était debout, son arc au poing, prête à réagir. Des pas lents se rapprochaient bels et bien d'elle, mais quelle était en était la nature, elle n'aurait su le dire. Les yeux plissés pour percer l'obscurité, Malvina guettait les ombres, aussi tendue que la corde de son arc.

Un râle sourd résonna finalement qui fit remonter un frisson le long de son échine, puis elle aperçut une gueule pleine de crocs sortir du virage. Des yeux jaunes brillèrent dans le feu et d'énormes pattes, armées de griffes acérées, trainaient sur le sol. Malvina cru d'abord que c'était le feu qui donnait des reflets rougeoyants au pelage du fauve, mais elle discerna rapidement l'origine de cette coloration. L'animal était couvert d'éclaboussures de sang. La lionne releva lentement sa tête vers la jeune fille et, soulagée, s'affala auprès du feu.

— Elme ! Tu es là ! s'enhardit Malvina, dont le cœur s'allégea.

Elle se jeta au côté de son ami et pris sa grosse tête velue entre ses bras. Les odeurs âcre et ferrailleuse qui en émanait ne la gênait pas suffisamment pour la faire lâcher prise. Elle avait besoin de tendresse plus que jamais mais, malgré elle, l'animal sembla fondre entre son étreinte. La lionne rapetissa, ses poils disparurent, ses pattes s'affinèrent et son corps s'allongea. Malvina ne réalisa la situation que lorsqu'elle eut un aperçut très clair sur la virilité de son camarade. Dans un petit cri aigu, elle s'empara de sa couverture et la jeta sur l'origine de son malaise. Athèlme se redressa, fit tomber le peu de tissus qui le recouvrait et observa les alentours comme s'il reprenait connaissance après un long sommeil. Lorsqu'il découvrit Malvina à ses côtés, son visage s'illumina.

— Mina ! s'écria-t-il ravi.

Il se redressa et fit mine de la prendre dans les bras. Le bond en arrière qu'il eut pour toute réponse l'intrigua.

— Hmm, Elme... bredouilla-t-elle en pointant un doigt dans sa direction, le rose aux joues.

Dans un sursaut, Athèlme réalisa sa nudité totale et s'empressa d'enfiler son armure, un peu à l'écart, à l'abri de l'obscurité. Une fois vêtu, il revint, un peu honteux, vers le campement, mais le grand sourire de sa sœur lui suffit à oublier ce moment de gêne. Il invoqua son épée magique et savoura pour la première fois l'efficacité du cadeau que Malvina lui avait fait. En quelques instants, un sifflement fendait l'air et une flèche étincelante filait droit sur eux. Juste avant de les rencontrer, le projectile ralentit et vint se poser naturellement dans le creux de la main ouverte de son propriétaire. Sans savoir comment, Athèlme tenait fermement son arme, protégée de son fourreau.

— Il faut que nous reprenions rapidement la route Elme, je t'attendais pour être sûre que l'on se retrouve, mais nous ne pouvons pas rester là. Les nains sont à notre recherche et une créature étrange rode, elle a déjà essayé de me tuer.

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant