Chapitre 5 : Départ et Mal étrange [Réécriture]

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- 2 ans avant L.P- (saison morte)

La chaleur était étouffante. Luvac rejoignit ses appartements, furieux et en sueur. Bien que les températures soient bien au-dessus des moyennes, il s'énervait de cette moiteur qui s'emparait de lui, parasite collant et réponse directs à des émotions trop intenses. Rien ne justifiait un tel état de nage, et rien ne saurait le calmer avant qu'il obtienne ce qu'il désirait : L'annihilation du sort dont il était prisonnier.

Arrivé devant sa porte, il balança discrètement le battant afin de glisser un œil à l'intérieur de la pièce. Sa couche, vide et impeccablement faite, lui tira un soupir de soulagement. Sa jeune victime avait compris le message et avait laissé le champ libre ! Tant mieux !

Le soldat refréna dans un coin de son cœur l'espoir qu'il avait eu d'y découvrir la belle, endormie dans ses draps. Il refréna également la passion qui s'emparait de lui tandis que le parfum enivrant flottait encore dans les airs. Des arômes de légèreté, de fougue... de liberté. Il devait se concentrer, se rendre auprès du Prisme rapidement. D'un revers du poignet, il essuya une goutte qui menaçait de se perdre au coin de ses sourcils et s'installa sur le lit en tailleur, prêt pour son voyage.

En un instant, Luvac se trouva au centre de la Clairière des Maudits, entourés des membres du Prisme déjà en plein entraînement. L'esprit ailleurs, le jeune homme tenta de stabiliser son cœur, affolé par les derniers effluves de Malvina. Sa peau parfaite, immaculée, était parsemée de frissons douloureux, qu'il eut tout juste le temps de faire disparaître avant l'arrivée d'Ebe.

— Eh bien ! Voilà une surprise agréable en cette chaude matinée !

La voix suave avait atteint l'oreille de Luvac et attira son esprit, irrésistiblement comme un gland volant pour un mulmopi. Ebe se tenait fièrement devant lui, dans toute sa grâce, ses cheveux de neiges nimbés d'une aura solaire. Elle apparaissait telle une déesse de glace, une oasis rafraîchissante au beau milieu d'une saison caniculaire. Royale, sereine, élégante, Luvac déglutit difficilement tandis que ses yeux parcouraient la fine silhouette du Premier Messager.

Les lèvres pales de la jeune femme s'étirèrent en un rictus parfaitement maitrisé, éclairant son visage d'albâtre.

— Ne reste donc pas planté là, voyons ! Je parie que tu as un millier de choses à me raconter !

Elle tendit une main à Luvac qui saisit l'invitation, plus rapidement encore que la naïve Malvina la veille.

— A vrai dire, je venais surtout m'informer sur le billet mystérieux. Obsi aurait-il déchiffré une partie de ce langage obscure ? Car Moïe, sans conteste, travaille d'arrache-pied sur la résolution de cette énigme.

Ebe l'observa comme s'il venait de proférer la plus grande ânerie du millénaire.

— Crois-tu que nous sommes de petits joueurs, mon cher Luvac, siffla-t-elle.

Ses yeux d'acier liquide se plantèrent si profondément dans les siens qu'il aurait juré les sentir être transpercés. Comment donc cette femme pouvait-elle être aussi splendide et effrayante à la fois ?

— Bien, je vois que le message est passé. Qu'en est-il plutôt de cette charmante Malvina ?

Le prénom, entre ses lèvres, résonnait comme un poison mortel. Si les mots pouvaient tuer, la jeune guerrière serait immanquablement foudroyée sur le coup. Mais l'évocation de la demoiselle suffit à faire frémir Luvac. Un frémissement qu'il s'empressa d'archiver le plus loin possible en son âme et conscience.

— Tout se déroule à la perfection, nia-t-il. Le plan se poursuit et je ne prends pas de risque en affirmant que mon rôle est largement accomplit.

Les Reliques du Damné - T.I TrahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant