Chapitre 40

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Quand ils sortent de la chambre, le salon s'est vidé de quelques personnes. Diane suit Stéphane en baissant la tête.

« Messieurs. Mesdames. Je tenais à vous remercier de votre présence à mes côtés dans ce moment douloureux. Je vais être clair car je sais que vous êtes en train de la regarder. Diane assistera à la cérémonie à l'Élysée. Marie l'aurait souhaité. Ma relation avec Diane ne regarde personne. Qu'elle soit professionnelle ou personnelle, elle ne regardait que Diane, Marie et moi même. Nous n'avons pas à nous justifier auprès de vous et encore moins des médias. Vous avez des questions à ce sujet ? »

Tout le monde se regarde mais personne ne parle.

« Je m'en doutais. Donc on peut parler d'autre chose maintenant. »

Stéphane va se chercher un verre de whisky et s'assoit sur le canapé.

« Marie aurait voulu un hommage intime et discret donc pas de journalistes extérieurs. Uniquement ceux de l'Élysée. Pour l'enterrement, je vais voir avec sa famille et je vous tiendrais au courant. J'ai besoin d'être seul. Je vous demande de partir, s'il vous plaît. »

Stéphane se frotte le front sans les regarder. Les ministres, conseillers et personnel quittent la maison. Diane s'approche de la porte.

« Pas toi, Diane. »

Le garde du corps referme la porte derrière lui. Diane vient le rejoindre sur le canapé et, ensemble, ils regardent les voitures partir une à une de l'allée.

« Tu as mangé depuis ce matin ? »

« Juste un café et toi ? »

Il la regarde en souriant.

« J'ai mangé. Je vais nous faire livrer quelque chose. »

Il se lève et ouvre la porte pour parler avec le garde du corps. Diane se lève quand il referme la porte.

« Stéphane ? Je peux te poser une question ? »

Il attrape son verre et regarde les journalistes dehors derrière les barrières à attendre le moindre mouvement.

« C'est un accident, Diane. »

Diane est surprise.

« Quoi ? Je sais... J'ai lu dans le rapport... Pourquoi tu me dis ça ? »

Il lui tend un verre de whisky qu'elle accepte.

« Car depuis que tu as lu le dossier, je sais que tu doutes. »

« Pourquoi tu penses ça ? »

« Je ne sais pas... Tu as confiance en moi ? »

Elle avale son whisky et repose le verre.

« Oui et toi ? »

Il descend ses doigts de sa bouche à sa poitrine.

« Oui sinon tu ne serais pas là. »

Elle avance vers la fenêtre en prenant garde de ne pas toucher aux rideaux.

« Tu crois que c'est une bonne idée que j'y assiste ? »

Il s'avance à côté d'elle.

« Oui. Marie a aimé l'hommage que tu avais fait aux Invalides. Tu vas refaire le même pour elle à l'Élysée. »

Diane se retourne vers lui.

« Non. Hors de question. Je ne peux pas. »

« Pourquoi tu ne peux pas ? »

« Ça serait malvenu. »

Stéphane attrape Diane par les épaules. Ses yeux sont remplis de colère.

« Écoute moi ! Elle aimait ta voix ! Elle aimait te regarder ! Elle aimait te voir jouer ! Elle t'aimait ! Elle ne mérite pas un dernier « au revoir » ? Elle ne mérite pas ça de toi ? »

Diane reste figée.

« Il n'y a que toi qui peut faire ça. Je n'ai pas envie de faire venir un chanteur pour qu'il fasse sa promo ! Je vais déjà devoir me coltiner ses amis people qui vont sourire aux caméras alors qu'ils s'apprêteront à enterrer leur amie. Toi tu es la seule qui est sincère dans cet entourage pourri. Tu m'en as assez parlé de la sincérité et de l'honnêteté ! »

Il lâche ses mains pour se resservir un verre.

« Fais le pour elle. Tu lui dois bien ça. »

Diane s'approche de lui doucement.

« Pourquoi tu as l'air en colère alors que tu devrais être triste ? Tu viens de perdre ta femme... Même si vous n'aviez plus de sentiments amoureux, vous aviez l'air d'être de très bons amis... Pourquoi tu es en colère ? »

Il repose la bouteille en lui tournant le dos.

« J'ai mes raisons et je ne veux pas te mêler à ça. »

Le garde du corps entre dans le salon avec un sac.

« Votre commande, Monsieur le Président. »

Stéphane lui fait un signe de tête pour poser le sac sur la table et il ressort.

« Viens, on va manger. Demain, on reste ici pour se reposer et après demain, on rentre sur Paris pour la cérémonie. »

« Déjà ? »

Il enlève les plats du sac et la regarde.

« En politique, on n'a pas le temps de pleurer sur son sort. Tu viens manger ? Ça va refroidir ? »

Ils s'assoient à table et passent la soirée à discuter. Diane veut l'aider à lui changer les idées. Ils parlent de politique, des parents de Diane, des animaux. Stéphane sourit à l'entendre parler.

« Il est vingt deux heures. Je vais chercher un hôtel dans le coin. »

Il se lève et lui prend la main.

« Tu vas dormir ici. Tu restes avec moi désormais. »

Stéphane l'entraîne dans la chambre et il ferme la porte.

Soumise à son étatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant