Le visage de Lei Diàn fut couvert d'un fin voile vermillon et ses poignets furent de nouveau menottés. Ensuite, il fut conduit à l'extérieur du pavillon où l'attendait un palanquin nuptial rouge et or porté par huit hommes. Il y grimpa avec difficulté et le cortège se mit en route. Le véhicule se balançait de gauche à droite au rythme des porteurs. Derrière les voilages, Lei Diàn ne discernait que des ombres. Cependant, il sut immédiatement qu'il avait franchi la porte du jardin quand tout autour de lui retentirent des cris et des applaudissements.
Après quelques minutes de procession, le palanquin s'arrêta et on l'invita à descendre. Lei Diàn obéit et sortit du véhicule, non sans difficulté tant sa robe lui semblait lourde. Il avait été conduit jusqu'au temple qui était maintenant paré de ses plus belles décorations. Un immense tapis d'une vingtaine de mètres de long avait été déroulé sur le sol, et de chaque côté de celui-ci, sur toute sa longueur, se tenaient en position de garde des prêtres, des prêtresses et des soldats.
Lei Diàn n'osait pas regarder derrière lui. Il savait, au vu des innombrables acclamations qu'il entendait, que la place était noire de monde et qu'il était actuellement au centre de toute leur attention. À côté de lui se trouvait le vieux prêtre qu'il avait accueilli ce matin, et qui l'observait en souriant. Il tendit la main vers le temple en s'inclinant légèrement, et l'adolescent comprit alors qu'il devait le rejoindre. Il inspira profondément et posa son pied sur le tapis. L'heure était enfin venue !
En pénétrant dans le sanctuaire, il découvrit rapidement que la richesse extérieure n'était rien comparée à celle qui se trouvait à l'intérieur. Passé les portes, on entrait directement dans la salle principale, une pièce circulaire qui défiait toutes les normes par sa grandeur et sa hauteur. D'impressionnants lustres étaient suspendus à plusieurs mètres au-dessus d'eux. Des tentures les reliaient entre eux et rendaient le plafond luxuriant. Les murs étaient recouverts d'un bois sombre et luxueux, ainsi que de peintures représentant les différentes légendes du pays. Au centre de la salle trônait une statue si immense qu'elle atteignait pratiquement le toit du bâtiment. Celle-ci devait bien faire la taille de cinq hommes et était recouverte d'or.
Autant sa grandeur était impressionnante, autant la beauté de l'œuvre était encore plus stupéfiante. Il était évident, vu le lieu où elle se trouvait, qu'elle incarnait le dieu Longweï. Celui-ci était représenté triomphant, l'épée à la main et revêtu d'une armure. Son regard était tourné vers le haut, comme s'il observait le ciel. Son visage harmonieux était sculpté avec précision, ses yeux en amande entouraient un nez droit, et sa bouche était étirée en un sourire taquin. Même ses longs cheveux étaient gravés avec soin. L'artiste avait fait preuve d'une grande minutie. Étonnamment, malgré son statut de dieu de la guerre, celui-ci était d'une séduction irrésistible, et Lei Diàn comprenait maintenant pourquoi cette divinité avait tant de fidèles. On ne pouvait qu'apprécier de vénérer un être si envoûtant.
Au pied de la statue reposait un autel richement garni de victuailles et de cadeaux. Même après plusieurs siècles, le peuple de Xyniang restait profondément attaché à son dieu. Cependant, aujourd'hui, la foule de fidèles habituellement présente en ces lieux avait été remplacée par des nobles et des courtisans qui observaient Lei Diàn avec attention. Leurs regards n'étaient en rien bienveillants, la plupart le fixaient avec mépris, d'autres avec convoitise. Ces notables s'étaient rendus au temple directement après avoir festoyé au banquet organisé cet après-midi par l'empereur dans son palais. Lei Diàn pouvait sentir, même à plusieurs mètres d'eux, les effluves d'alcool qui s'échappaient de leurs corps.
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Le Dragon de Fumées
FantasyLei Diàn est animé par une seule obsession : se venger de l'empereur qui a détruit sa vie, Chang Ming Sun. Afin de pouvoir s'approcher de l'empereur et tenter de l'assassiner, il décide de se travestir et de prendre la place de sa sœur, destinée à...