Chapitre 41 : Fuite nocturne et au revoir

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Lei Diàn était assis sur le sol, la tête baissée et couvert de sang qui n'était pas le sien

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Lei Diàn était assis sur le sol, la tête baissée et couvert de sang qui n'était pas le sien. Il avait installé le corps sans vie de son oncle sur le siège derrière son bureau et avait besoin d'un certain temps pour se remettre de ses émotions. Il ne regrettait pas d'avoir tué ce monstre, bien au contraire, mais il réalisa avec effroi qu'il venait d'ôter la vie à un homme pour la première fois.

Quand il sortit enfin de sa léthargie, il se releva, récupéra l'épée de son père et quitta sa demeure familiale. Longweï l'attendait devant la maison. Ses sourcils se courbèrent légèrement lorsqu'il remarqua l'état de son protégé, mais il ne fit aucun commentaire. Il s'approcha seulement de lui et l'enlaça avec tendresse. Lei Diàn, fatigué moralement, posa sa tête sur le torse du dieu et se laissa aller à son étreinte. La divinité caressait ses cheveux délicatement tandis que le jeune homme s'agrippait à sa tunique en tremblotant. Il sentait les larmes venir, mais s'interdisait de pleurer. Il ne voulait pas se laisser submerger par la faiblesse ; il avait voulu et provoqué cette situation et devait y faire face avec dignité.

Lorsque les tremblements de son protégé prirent fin, Longweï le prit par le coude et l'éloigna de ce lieu funeste. Il le ramena à la demeure de son oncle, le fit se changer et lui ordonna de se débarrasser du sang qui commençait déjà à sécher sur sa peau. Lei Diàn obéit automatiquement sans dire le moindre mot. Puis Shi les rejoignit rapidement.

— Les chevaux et nos bagages sont prêts. Nous pouvons y aller, annonça-t-il.

Ils rejoignirent leurs montures dans la cour intérieure de la maison et s'apprêtèrent à quitter celle-ci quand un homme apparut devant eux. L'oncle de Lei Diàn, vêtu de ses vêtements de nuit et le visage cireux, les observait, étonné de les trouver ici.

— Sire ? Vous partez ?, s'étonna-t-il.

— En effet, nous devons reprendre la route, répondit le dieu.

—En pleine nuit ? Pourquoi ne m'avez-vous pas réveillé ?

— Nous ne voulions pas perturber votre sommeil.

— Cela fait bien longtemps que mon sommeil n'est plus ce qu'il est. Je suis un habitué des insomnies et pour tenter de combattre celles-ci, je me promène longuement dans la cour.

Soudain, un puissant bruit résonna au loin. C'était l'alarme de la ville. Le corps de Xie Ling venait sûrement d'être découvert. Son oncle observa le lointain, surpris d'entendre ce son synonyme de mauvaises nouvelles. Puis il tourna son regard perplexe vers le trio. Trois hommes qui cherchaient à partir précipitamment en pleine nuit, il était clair que leur comportement était suspect et qu'ils avaient sûrement quelque chose à voir avec cette alarme.

Le cœur de Lei Diàn se serra. C'était la pire des situations. Si son oncle voulait les empêcher de quitter les lieux, il le ferait avec toute sa hargne de guerrier et ils devraient alors se battre contre lui. Lei Diàn ne voulait pas en arriver là.

Cependant, la réaction de son oncle les surprit. Il s'approcha rapidement de la porte de sa maison, l'ouvrit et leur dit :

— Suivez-moi ! Je vais vous faire sortir de la ville.

Lei Diàn, étonné, ne réagit pas immédiatement.

— Dépêchez-vous, ce n'est qu'une question de minutes avant que les guerriers commencent à passer la ville au peigne fin.

Ils se mirent en marche derrière Su Zihao qui les mena sans rien dire et avec rapidité en dehors de l'enceinte du village.

— Prenez par l'Ouest et faites un détour par le hameau de Quzihua. Ce chemin va vers les montagnes, mais il est plus long de trois jours. Les guerriers qui partiront à votre recherche se dirigeront probablement vers le Nord par la route principale, précisa Su Zihao.

— Pourquoi nous avoir aidés ?, s'interrogea Lei Diàn, toujours surpris par le geste de son parent.

Son oncle montra du doigt l'épée que Lei Diàn portait à la hanche.

— Si ce sabre se trouve ici, avec toi, je devine aisément ce qu'il vient de se passer. Ne t'inquiète pas, je ne pleurerai pas cet homme. Je t'avouerai même que j'en suis soulagé.

Lei Diàn décrocha l'épée et la tendit à son oncle.

— Prenez-la.

Ce dernier le regarda perplexe, puis secoua sa tête avec force.

— Elle ne me revient pas. C'est celle de ton père, c'est ton héritage.

— Vous... vous m'avez reconnu ?, baragouina le jeune homme surpris.

— Évidemment. Je ne possède pas l'intelligence de Xie Ling, mais je ne suis tout de même pas aveugle !

— Pourquoi n'avoir rien dit ?

— Tu semblais ne pas vouloir en parler. J'ai pensé que tu avais tes raisons et j'ai préféré garder le silence sur ce fait.

Son oncle posa sa main sur l'épée et repoussa celle-ci vers Lei Diàn.

— Garde-la. Elle revient au chef du clan.

Lei Diàn ne put empêcher un rire sarcastique de s'échapper de ses lèvres.

— Je ne suis et ne serai jamais le chef du clan. Je ne mérite pas ce titre.

— Tu es le fils de Liao Jian, son héritier direct. Bien sûr que tu as ta place à la tête du clan des itinérants de l'Ouest ! Même ton père, bien qu'il ne le montrait pas, a toujours été convaincu que tu deviendrais digne de cette position. Tu étais différent, mais il savait que tu ferais un bon chef.

Lei Diàn fixa le sol, les yeux remplis d'émotions. Son père avait donc toujours gardé la foi en lui.

Il frotta son visage pour éviter que ses larmes ne coulent, puis releva son regard vers son oncle. ——— Aujourd'hui, il m'est impossible de prendre cette place. J'ai une vengeance à accomplir. Je dois tuer Chan Min Sun.

— Je comprends, c'est une quête nécessaire pour que l'âme de nos défunts puisse enfin être apaisée. Cet homme, tel Xie Ling, doit périr.

Son oncle s'approcha de lui et posa doucement sa main sur l'épaule de son neveu.

— Moi, Song Su Zihao l'infirme, vais prendre la tête de ce village et veiller à ce que l'empereur ne puisse plus mettre la main dessus et le contrôler ! Toi, promets-moi juste une chose. Quand ta vengeance sera accomplie, viens me réclamer la place qui t'est due.

Lei Diàn ne sut quoi répondre. Il fixa durant un bref moment son oncle, puis hocha légèrement la tête. Su Zihao, lui, sembla hésiter un instant puis serra fortement son neveu dans ses bras. Les larmes qu'il avait lutté à contenir coulèrent maintenant sur ses joues. Il était heureux de savoir que quelque part, il restait encore un membre de sa famille qui l'attendait.

Puis, après des adieux précipités, le trio reprit la route sans regarder derrière lui.

Le Dragon de FuméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant