Chapitre 62 : Plus que de l'amitié.

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Lei Diàn retourna rapidement à sa chambre pour préparer ses affaires

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Lei Diàn retourna rapidement à sa chambre pour préparer ses affaires. Il avait décidé de partir dès le lendemain, ne voulant pas retarder son expédition d'une seule journée. Alors qu'il rangeait des flacons et quelques ingrédients nécessaires à la réalisation de ses poisons dans sa sacoche en cuir, on frappa à la porte.

Son ami Zhu Yanlin entra dans la pièce et observa avec étonnement tous les objets éparpillés sur le lit de Lei Diàn.

— Tu pars quelque part ? demanda-t-il.

— Oui, j'ai enfin une piste sur le Shaoshang. Mon maître et moi partons aux montagnes du Nord dès demain matin.

— Emmène-moi avec toi, murmura le jeune homme.

— Ne dis pas de bêtises, tu dois finir tes études, répliqua Lei Diàn tout en continuant à ranger ses affaires.

— Je suis en dernière année ! Prends-moi comme apprenti et je pourrais t'accompagner !

Lei Diàn jeta un coup d'œil à son ami, qui le fixait avec détermination.

— Zhu, je me rends dans la forêt maudite. Tu sais aussi bien que moi que cet endroit est extrêmement dangereux.

— La forêt maudite ? Es-tu devenu fou ? Veux-tu mourir ? s'exclama Zhu Yanlin, agacé.

— C'est ma vie, ce que j'en fais ne te concerne pas, mais il est hors de question que je mette la tienne en danger.

— Ce maudit poison te mènera à ta perte ! grogna son ami en s'approchant rapidement de lui.

Zhu Yanlin poussa brusquement Lei Diàn sur son lit et plaqua son corps contre le sien. Dans l'action, plusieurs flacons tombèrent au sol.

Surpris, Lei Diàn n'eut même pas le temps de réagir lorsque son ami l'embrassa avec force. Leurs dents s'entrechoquèrent et un léger goût métallique emplit la bouche de Lei Diàn.

Le jeune homme ne savait pas quoi faire, il était trop stupéfait par le geste de son ami. Le baiser ne dura que quelques secondes, puis Zhu Yanlin se recula sans dire un mot. Il se leva du lit, fixant le sol, l'air agité, comme s'il réalisait seulement maintenant la portée de son geste. Lei Diàn qui s'était également redressé, cherchait que dire pour briser ce silence gênant.

— Tu... commença-t-il avant d'être interrompu par son ami.

— Ne dis rien ! Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Ton départ m'a troublé. C'était juste une erreur...

La bouche de son ami tremblait légèrement, et ses yeux étaient toujours baissés vers le sol. Puis, comme s'il reprenait courage, il agrippa fermement sa tunique et releva le visage, arborant une expression déterminée.

— Non ! Ce n'était pas une erreur ! J'ai des sentiments pour toi depuis des années ! J'ai toujours espéré qu'il y ait plus qu'une simple amitié entre toi et moi...

Lei Diàn observa son ami, les yeux ronds. Ils avaient toujours été proches, mais il n'aurait jamais pu imaginer que Zhu Yanlin nourrissait des sentiments plus profonds que de l'affection amicale à son égard. Néanmoins, maintenant que la vérité lui était révélée, des souvenirs lui revenaient en mémoire et tous prenaient du sens. Zhu Yanlin cherchait constamment le contact avec lui, effleurant sa main lorsqu'il lui tendait des rouleaux ou une tasse, se collant légèrement à lui lorsqu'ils observaient ensemble les recueils qu'il consultait. Son ami se préoccupait de sa santé, lui apportait des repas et prenait soin de lui en toutes circonstances.

Lei Diàn s'était simplement montré totalement aveugle. Le jeune maître des poisons s'assit sur son lit, en soufflant un « désolé ». Il ne savait pas quoi dire d'autre.

— Ne t'excuse pas, tu n'as aucune raison de le faire.

— Mais je n'ai rien remarqué... murmura Lei Diàn.

Il ne pouvait pas regarder Zhu Yanlin dans les yeux, non pas par gêne, mais parce qu'il se sentait coupable d'avoir ignoré les sentiments de son ami le plus proche.

— C'est moi qui ai caché mes sentiments pendant toutes ces années. Je savais... qu'ils ne seraient jamais réciproques.

Lei Diàn se tourna vers son ami, qui se mordillait maintenant les lèvres, comme s'il avait du mal à exprimer la suite de ses pensées.

— Je sais, depuis que tu es arrivé ici, que ton cœur appartient à quelqu'un d'autre. J'avais espéré que le temps te ferait oublier cette personne, mais des semaines, des mois, puis des années ont passé et tes sentiments pour elle semblent toujours intacts.

— Elle est tout pour moi et le sera tant que je respirerai.

— Je l'ai compris, c'est pourquoi j'ai caché ce que je ressentais.

— Alors pourquoi avoir décidé de tout me révéler aujourd'hui ?

— Parce que j'ai le sentiment que tu ne reviendras pas au lac Qing Chè. Ton corps est ici, mais ton cœur a toujours été ailleurs. Après avoir trouvé le Shaoshang, tu retourneras auprès d'elle, n'est-ce pas ?

Lei Diàn ne pouvait le nier, revoir Longweï était son vœu le plus cher. Même loin du dieu, il ne cessait d'habiter ses pensées. Ni le lac Qing Chè, ni même l'endroit où il avait grandi, ne lui paraissaient être chez lui. Seul le mont Miwù représentait à ses yeux sa « maison ».

— Peux-tu me promettre quelque chose avant de partir ? lui demanda Zhu Yanlin.

Lei Diàn hocha la tête.

— Ne m'oublie pas. Garde au fond de ton cœur une petite place pour moi, en tant qu'ami.

Lei Diàn esquissa un sourire.

— Tu m'as supporté durant quatre ans, pris soin de moi, nourri... Comment pourrais-je t'oublier ?

Il tapota sa poitrine.

— Tu auras toujours ta place ici...

Son ami lui rendit son sourire, les yeux humides. Puis, il se retourna brusquement et s'avança vers la porte. Lei Diàn comprit qu'il essayait de cacher ses larmes.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter la pièce, il lança d'une voix légèrement hachée :

— Peut-être que nous nous recroiserons un jour.

Lei Diàn souffla un oui indistinct à travers son sourire triste. Il savait au fond de lui qu'ils auraient peu de chance de se revoir.

Le lendemain matin, tandis que le jour n'était pas encore levé, Lei Diàn retrouva son maître à la sortie de la ville.

Tandis qu'ils avançaient sur le chemin qui quittait la cité, Lei Diàn se retourna. Le soleil émergeait à l'horizon, projetant de magnifiques couleurs sur l'eau du lac.

Son cœur se serra légèrement. Ces quatre années passées au lac Qing Chè avaient été enrichissantes, agréables et paisibles.

Pourtant, Zhu Yanlin avait raison, Lei Diàn savait qu'il ne reviendrait plus jamais ici.

Le Dragon de FuméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant