Chapitre 15 : Une longue absence

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Partie 2 : 

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Partie 2 : 

Quatre ans plus tard


Sur le terrain d'entraînement, deux jeunes hommes s'affrontaient à mains nues. Les coups fusaient et aucun des deux ne semblait prendre l'avantage. Soudain, le plus grand lança sa jambe en avant dans une attaque, mais le second para le coup avec succès, déséquilibrant son assaillant qui se retrouva les fesses au sol.

— Bien tenté, mais il te faudrait encore plusieurs siècles de pratique pour réussir à m'avoir avec une telle attaque ! se réjouissait Shi.

— Tu m'as eu par surprise, maugréa Lei Diàn, mauvais perdant, en se relevant.

Lei Diàn avait connu une poussée de croissance deux ans auparavant et désormais il dépassait largement en taille le gardien, ce qui ne plaisait guère à ce dernier. Longweï lui paraissait immense par le passé, mais il se demandait à présent s'il avait atteint sa stature. Son corps s'était également développé grâce à des entraînements réguliers. Bien qu'il ne soit pas trapu, ses muscles étaient finement dessinés. Certaines choses n'avaient cependant pas changé. Il possédait toujours un visage délicat et légèrement féminin et il ne possédait pratiquement aucun poil malgré son passage à l'âge adulte.

Malgré ces changements physiques, Lei Diàn n'arrivait toujours pas à battre Shi. La différence entre leurs niveaux était simplement irrattrapable. Lei Diàn avait pourtant progressé depuis son arrivée sur la montagne il y a quatre ans. Il maîtrisait maintenant plusieurs armes et n'était pas mauvais dans les combats à mains nues. Cependant, comme Longweï l'avait supposé auparavant, il n'excellait pas et se débrouillait seulement « bien ». Il ne faisait donc pas le poids contre Shi qui maîtrisait plusieurs arts martiaux et aurait également du mal face à un guerrier expérimenté.

Heureusement, Lei Diàn avait développé une autre aptitude utile au fil des mois. Il était devenu particulièrement habile avec les poisons et leurs effets. Bien qu'il ne soit pas encore un maître en la matière, il avait atteint un niveau respectable, surtout compte tenu du fait qu'il avait appris seul, sans précepteur pour le guider.

Son apprentissage avait été difficile. Pour pallier l'absence de Longweï, Lei Diàn s'était plongé dans l'étude, passant en revue les livres qu'il avait en sa possession. Il avait appris à reconnaître les plantes et les fleurs, à extraire leurs essences et à les combiner de manière appropriée. Assimiler l'aspect théorique avait pris plusieurs mois et cela faisait déjà plus d'un an qu'il vivait dans la montagne lorsqu'il avait commencé à créer ses premières décoctions. Au début, il s'était contenté d'expérimenter des remèdes pour la toux et d'autres maux, des solutions moins risquées étant donné ses compétences limitées. Puis, il avait progressivement testé des poisons provoquant des urticaires ou des réactions mineures. Finalement, après avoir acquis de l'expérience, il avait réalisé, non sans fierté, ses premiers poisons mortels.

Plutôt que de les tester sur des animaux ou autre, Shi lui avait proposé de mettre à sa disposition une Ombre. L'idée l'avait fait frissonner et finalement Lei Diàn avait préféré les essayer directement sur lui-même. Il avalait donc quelques gouttes de ses créations pour en observer les effets et les résultats. Cela lui avait valu de nombreuses nuits difficiles, à vomir ou à se gratter jusqu'au sang, dans le meilleur des cas. Cependant, au fil du temps, son corps s'était habitué aux toxines et à la douleur, ce qui lui permettait désormais de les tester sans trop souffrir de leurs effets.

Lei Diàn avait atteint un niveau tel qu'il pouvait désormais créer ses propres élixirs. Il passait donc énormément de temps à peaufiner ses formules afin de concevoir un poison capable de tuer l'empereur de la manière la plus lente et douloureuse possible. Heureusement, il disposait d'une réserve de plantes variées. Le mont Miwù regorgeait de végétaux rares, voire inconnus. Ainsi, il passait de nombreuses heures à chercher des ressources dans les bois pour ses décoctions. Cependant, il était quelque peu limité, car il ne s'éloignait jamais de plus de cinquante mètres de la barrière de talismans. Shi lui avait conseillé de procéder ainsi, car il lui avait informé que les créatures de la forêt se trouvaient le plus souvent au fond de celle-ci plutôt que dans ses abords.

Parallèlement à la création de ses poisons, Lei Diàn cherchait le meilleur moyen de les utiliser et de les rendre encore plus dangereux. Avec l'aide de Shi, qui possédait une connaissance approfondie des instruments de combat, ils avaient essayé de trouver un moyen de transformer les liquides en une arme redoutable. Ils avaient expérimenté différentes approches, dont certaines avaient été plus réussies que d'autres, et ils avaient finalement trouvé quelque chose qui semblait fonctionner : de fines aiguilles de dix centimètres de long. Lei Diàn avait appris à les lancer sur des cibles en mouvement ou immobiles. Enduites de poisons, elles permettraient d'atteindre aisément ses ennemis.

Le reste du temps, quand il ne s'entraînait pas ou n'avait aucune tâche à accomplir, Lei Diàn se rendait à la grotte où Longweï effectuait sa retraite spirituelle. Il s'asseyait sur un rocher à l'entrée de la grotte et passait plusieurs heures à raconter son quotidien. Personne ne l'écoutait et il n'attendait aucune réponse à ses histoires, mais il continuait ce rituel depuis plusieurs années. Il avait l'impression que cela lui permettait de maintenir un lien avec Longweï.

Le dieu lui manquait terriblement. Il évitait le plus souvent de se rendre à la bibliothèque, car les lieux vides le plongeaient dans une profonde mélancolie. Au début, lorsque Longweï venait de partir, chaque bruit, chaque mouvement provoqué par le vent faisait battre son cœur, tant il attendait son retour. Il espérait à chaque instant le voir réapparaître. Puis, au bout d'une année, il avait commencé à se résigner et à être moins dans l'expectative. Shi, quant à lui, n'était pas inquiet le moins du monde quant à cette longue absence. Lei Diàn avait rapidement appris que dans le passé, Longweï partait parfois pour plusieurs années à l'aventure ou en retraite spirituelle. Le gardien était donc habitué à cela, mais cette nouvelle avait encore plus déprimé Lei Diàn.

Combien de temps allait-il encore devoir attendre le retour de Longweï ?

Le Dragon de FuméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant