Chapitre 49 : Le village des chasseurs

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Lorsque Lei Diàn se réveilla, il constata qu'il était seul dans la chambre et que le soleil était déjà levé

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Lorsque Lei Diàn se réveilla, il constata qu'il était seul dans la chambre et que le soleil était déjà levé. Longweï était resté auprès de lui une grande partie de la nuit, mais Lei Diàn, épuisé, s'était assoupi sans s'en rendre compte.

Comme si elle avait pressenti qu'il se réveillerait, la maîtresse de maison frappa à la porte et entra dans la pièce. Elle portait toujours son tablier taché et un plateau chargé de nourriture.

— Ah, enfin debout ! Le soleil est déjà à son zénith, on peut dire que tu avais besoin de repos, dit-elle en déposant le plateau devant Lei Diàn. Voilà de quoi te remplir le ventre ! Tu dois avoir faim, le repas d'hier était plutôt léger.

Lei Diàn ne trouvait pas le ragoût de la veille léger du tout, mais en voyant la quantité de nourriture devant lui, il réalisa que le clan des chasseurs avait probablement un appétit insatiable. Il n'était même pas sûr de pouvoir tout manger et espérait pouvoir partager son repas.

— Maitre Longweï et Shi ont-ils déjà mangé ? demanda-t-il.

— Oui, Longweï est sorti avec mon mari. Ils sont allés en montagne et ne reviendront qu'au coucher du soleil. Quant à ton autre compagnon, Shi, il est parti s'entraîner avec des aspirants-chasseurs. J'aurais bien proposé que tu les rejoignes, mais dans ton état, il vaut mieux éviter de trop d'efforts, répondit la maîtresse de maison.

Se retrouver seul était inhabituel pour Lei Diàn, car ils avaient voyagé tous les trois pendant plusieurs semaines, sans jamais vraiment se séparer plus d'une ou deux heures.

— Lave-toi le visage et mange. Tu me sembles bien maigre pour un jeune homme. Je vais profiter de ces quelques jours pour te remplumer !, dit-elle avec bienveillance.

— Je vous souhaite bonne chance. D'autres ont essayé avant vous sans succès. Telle est ma nature, ma mère s'en plaignait souvent et a tout fait pour me faire prendre du poids, répondit Lei Diàn avec un léger sourire.

— C'est bien normal pour une mère de s'inquiéter pour ses enfants. J'ai moi-même quatre fils, alors je sais ce que c'est. Et où se trouve ta mère maintenant ? demanda-t-elle.

— Elle est décédée, cela fait quelques années, répondit Lei Diàn d'une voix calme.

— Oh, mon garçon, je suis terriblement désolée. Te reste-t-il de la famille ou des proches ? demanda-t-elle avec compassion.

— Un oncle et maître Longweï. Bien que nos liens n'aient rien à voir avec ceux d'une même famille, c'est la personne dont je suis le plus proche et qui compte le plus pour moi.

— Tu comptes aussi beaucoup pour lui. Il m'a demandé de prendre soin de toi avant de partir. Bien qu'il n'était pas nécessaire de me le dire. J'aurais de toute façon veillé sur toi, dit-elle en lui frottant le crâne avec tendresse.

Lei Diàn ne put s'empêcher de rire. Cette femme était bienveillante et affectueuse.

Après que la maîtresse de maison ait quitté la pièce, Lei Diàn se lava le visage, puis tenta tant bien que mal de finir son repas. Après avoir réussi à avaler sa dernière portion de riz, son estomac était sur le point d'éclater et il décida qu'une petite marche digestive à l'extérieur lui ferait le plus grand bien.

Il s'étira doucement pour vérifier s'il ressentait des douleurs. Sa poitrine était encore un peu sensible, mais globalement, il se sentait bien grâce aux soins prodigués par Longweï.

En quittant la chambre, il se retrouva face à la maîtresse de maison.

— Ah ? Je me doutais que tu allais sortir, dit-elle avec un sourire.

Lei Diàn fut surpris. Avait-elle un sixième sens ?

— Je t'ai dit avoir quatre fils, mon garçon. Je sais que les hommes ont souvent du mal à rester en place, répondit-elle face à sa mine surprise.

Elle lui tendit une lourde cape en fourrure, similaire à celle que portaient les chasseurs la veille dans la forêt.

— Mets ça. L'air frais te fera du bien, mais malgré le soleil, il peut faire froid dans ce village, surtout à la tombée de la nuit. Et tiens, prends ça, ton maître a laissé un peu d'argent pour toi, dit-elle en lui remettant une petite bourse.

Lei Diàn accepta la bourse par politesse, bien qu'il n'avait pas l'intention de dépenser le moindre sou. Longweï ne manquait jamais d'argent et était toujours prêt à en donner à Lei Diàn, mais celui-ci ne voulait pas profiter de la gentillesse du dieu.

Lei Diàn enfila la cape et sortit de la maison. La demeure était une simple bâtisse en bois, dont le bas des murs était recouvert de lourdes pierres. Elle était entourée d'une cour et semblait d'une superficie plutôt correcte. Elle se situait légèrement en hauteur par rapport au reste du village et permettait d'avoir une vue d'ensemble sur celui-ci. Dans cette immense cuvette rocheuse, le bourg s'était implanté autour d'une rivière. De jour, il était impressionnant de voir les gigantesques montagnes qui l'encerclaient. Les ruelles qui parcouraient le village n'étaient pas larges et vallonnées, rendant impossible la circulation à cheval ou en charrette.

Lei Diàn descendit à travers les étroites allées jusqu'à la rivière. Là-bas, il découvrit qu'une rive opposée abritait un terrain d'entraînement. Malgré la taille moyenne du bourg, ce dernier était énorme et équipé d'installations imposantes dont certaines étaient totalement inconnues du garçon. Curieux, Lei Diàn observa les lieux tout en longeant le cours d'eau.

Nombreux étaient ceux qui s'entraînaient. Femmes, hommes, enfants, tous avaient à cœur soit de renforcer leurs corps pour les plus âgés, soit d'apprendre pour les plus jeunes. Certains travaillaient seuls, d'autres en duo ou en groupe plus important. Leurs exercices semblaient variés et ils ne se cantonnaient pas seulement à l'art du combat. Ils apprenaient aussi à se dissimuler, à développer leur endurance et leur agilité. C'était l'entraînement d'un chasseur qui se devait d'être discret, rapide et puissant, et non pas celui d'un guerrier.

Lei Diàn fut un peu déçu de ne pas apercevoir d'utilisateur d'énergie spirituelle en exercice. Il aurait aimé assister à une démonstration de ce pouvoir. À la place, il ne vit que Shi, perché sur un tronc à peine plus large que son pied, qui tentait de garder son équilibre. Le gardien semblait bien s'amuser.

Alors qu'il continuait à avancer le long de la rivière, il remarqua une petite place qui paraissait être le centre du village. Des décorations étaient accrochées aux murs des bâtiments qui l'entouraient, et des stands étaient en train d'être montés. C'était probablement ici que se déroulerait le festival lunaire.

Autour de la place se trouvait un forgeron en plein travail, une auberge et un vendeur de riz et de légumes. Ceux-ci étaient les seuls lieux de vie et de commerce dans la cité. Du moins, c'est ce que croyait Lei Diàn, jusqu'à ce qu'il découvre, un peu en retrait, une petite boutique qui attira immédiatement son attention.

Sur sa devanture simple était inscrit en gros caractères noirs le mot « Herboriste ». Lei Diàn fut des plus étonnés. Les herboristes étaient rares, même à la capitale. Seul le lac Qing Che, où résidait le clan Bigwen, avait la réputation de regorger de ce genre de boutiques spécialisées. Il faut dire qu'il y avait là-bas de nombreux experts en poisons, remèdes et élixirs, ce qui rendait ce type de commerce prospère. Mais ici, dans ce village perdu au fin fond des montagnes et uniquement localisable par des voyageurs initiés, quel bénéfice pouvait trouver un herboriste à s'y installer ?

Poussé par la curiosité, Lei Diàn n'hésita pas un instant et entra dans la boutique. Peut-être y trouverait-il quelques plantes rares et minerais qu'il pourrait ajouter à ceux déjà collectés durant son voyage.

Il pensa à la bourse que lui avait laissée Longweï. Il y avait ici bien trop peu d'échoppes pour que donner autant d'argent soit utile. Pour autant, le dieu ne faisait jamais rien au hasard. Il devait déjà savoir que Lei Diàn n'aurait pas résisté à l'envie d'acquérir certains ingrédients en présence de cette boutique.

Son amour pour l'art des poisons avait facilement pris le dessus sur sa bonne intention de ne pas dépenser l'argent que Longweï lui avait remis.

Le Dragon de FuméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant