Chapitre 20 : Mettre de l'ordre dans ses pensées.

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Les jours suivants furent quelque peu compliqués pour Lei Diàn

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Les jours suivants furent quelque peu compliqués pour Lei Diàn. Cacher son embarras quand il se trouvait dans la même pièce que Longweï était difficile. Sa réaction de jour-là lui revenait constamment à l'esprit et il rougissait dès qu'il se trouvait aux côtés du dieu. Autant dire que la situation était des plus inconfortables, étant donné qu'ils passaient tous les deux plusieurs heures seuls ensemble.

Bien qu'il ne fasse aucun commentaire sur ses réactions, Longweï l'observait à plusieurs reprises avec un air curieux. Lei Diàn savait que le dieu était habile pour analyser ses expressions et cela l'inquiétait particulièrement. Que penserait-il s'il savait qu'il avait été excité par lui ? Le rejetterait-il ? Serait-il dégoûté ?

Heureusement, quelques jours plus tard, Shi apporta à la divinité plusieurs recueils qu'il attendait avec impatience. Longweï se plongea dans leur étude et était donc beaucoup moins focalisé sur Lei Diàn. Cela laissait à ce dernier du temps pour réorganiser ses pensées.

En plus de la honte, Lei Diàn devait également jongler avec une multitude de questionnements et rien n'était simple. Sa réaction était une grande interrogation. Pourquoi avait-il été excité par Longweï ? Il connaissait évidemment l'aspect fonctionnel et théorique de la sexualité humaine et de la reproduction, ayant étudié plusieurs livres scientifiques à ce sujet. De plus, dans son passé, il avait entendu plusieurs garçons de son âge discuter avec attirance de ces choses, mais dans son souvenir, ces conversations tournaient exclusivement autour des charmes des femmes. Cependant, Longweï était un homme et il n'y avait aucun aspect reproductif dans cette attirance. Sa réaction était donc difficilement compréhensible pour lui.

De plus, plus il y réfléchissait, plus il était évident pour lui qu'il n'y avait pas seulement une attraction physique. Longweï était un être magnifique, cela ne faisait aucun doute, et il n'y avait pas besoin de revenir là-dessus. Cependant, Lei Diàn aimait autant son corps que son caractère et son comportement envers lui. Il ne pouvait plus se voiler la face. Ce n'était pas de l'adoration ni juste une attirance physique, mais un amour « romantique » qu'il éprouvait pour Longweï. Le pire, c'est que ses sentiments étaient présents depuis longtemps, depuis son adolescence même. En tant qu'adulte, ce qu'il ressentait étaient simplement plus clairs et concrets pour lui.

Maintenant qu'il avait mis un nom sur ce qu'il éprouvait pour la divinité, sa situation n'en était pas pour autant plus simple. Longweï était un être sacré, respectable et intouchable. Il ne pouvait décemment pas tolérer d'avoir de tels sentiments immoraux envers lui. Il avait l'impression de le souiller.

De plus, il ne pouvait pas imaginer ce qui se passerait si le dieu se rendait compte des sentiments qu'il éprouvait pour lui. Si ce dernier décidait de le repousser, Lei Diàn ne savait pas s'il pourrait le supporter.

Pour préserver leur relation actuelle, il était sûr d'une chose : il ne fallait pas que Longweï découvre qu'il était amoureux de lui. Lei Diàn prit donc la décision d'étouffer à tout prix ses sentiments.

Il savait que cela ne serait pas simple, et que son corps, comme lorsqu'il était aux bains, pourrait parfois réagir de manière incontrôlable. Il essaya tout d'abord de calmer ses pensées et ses envies. Pour cela, il se plongea dans l'étude et s'enferma régulièrement dans son atelier. S'occuper l'esprit à concocter des poisons l'aidait à se canaliser.

Côtoyer le dieu au quotidien était également une épreuve pour son cœur et sa détermination, mais il ne pouvait pas arrêter de se rendre à la bibliothèque. Il avait besoin de ces moments en compagnie de Longweï. Il continuait donc à s'y rendre, mais réduisit le temps qu'il y passait. Il évitait également d'être trop près du dieu. Longweï aimait parfois lui tapoter le crâne ou caresser son dos quand il était à proximité, des gestes que Lei Diàn avait toujours appréciés, mais qui maintenant le faisaient réagir de manière excessive.

Il avait de la chance que Longweï soit particulièrement concentré sur les livres qu'il venait d'obtenir. Parfois, lorsqu'il était plongé dedans, il semblait coupé du monde.

Cet éloignement modéré permit lentement à Lei Diàn de mettre de l'ordre dans son esprit. Environ une dizaine de jours après son « petit » accident aux bains, il se sentait beaucoup plus serein vis-à-vis de ses sentiments et du fait d'être près de Longweï.

Un soir, Shi et lui se rendirent à la bibliothèque où Longweï les avait convoqués. Quand ils arrivèrent sur place, le dieu était installé derrière sa table de travail. Il leva la tête dès qu'ils s'approchèrent et les invita à s'asseoir face à lui. Sans rien dire, il leur montra un épais et lourd livre qui présentait diverses croyances et religions du pays.

— Je pense avoir trouvé quelque chose d'intéressant, dit-il.

Shi et Lei Diàn se penchèrent sur le recueil ouvert. Sur la page se trouvait une présentation succincte d'une secte mineure rattachée à la tribu des habitants des sables, le clan "Shamò". La communauté n'aurait existé que pendant une trentaine d'années et n'aurait jamais compté plus de deux cents membres à son apogée. Leur guide était un homme ordinaire qui prétendait avoir reçu un objet divin de la part des dieux. Ils adoraient cette relique dans leur secte.

Les informations sur ce groupe se limitaient à un court paragraphe et un croquis de l'objet qu'ils vénéraient. Lei Diàn se demandait donc en quoi l'histoire de cette secte pouvait être intéressante.

— Regardez cette esquisse, souffla Longweï en posant son doigt à côté du dessin.

Lei Diàn jeta un coup d'œil. L'image représentait une sphère entourée d'anneaux de métal. Au centre de la sphère, une sorte de fumée ou de nuages étaient dessinés. Lei Diàn ne parvenait pas à comprendre ce qu'était cet objet ni quelle était son utilité. Cependant, Shi et le dieu semblaient tous les deux excités, ce qui signifiait que cette relique devait être importante.

— C'est si ressemblant, commença Shi.

— Oui, il y a trop de similitudes pour que ce soit juste un hasard. Les personnes qui ont pu voir mes ailes se comptent sur les doigts d'une main, il est donc étrange de trouver un croquis d'un objet divin qui ressemble autant celles-ci, expliqua Longweï.

Lei Diàn comprit enfin. Longweï venait de trouver des indices concernant ses propres ailes.

— Cela voudrait dire que ce culte a eu, à un moment donné, vos ailes entre leurs mains ? Où serait cet objet maintenant ? demanda Shi.

— Je n'en ai aucune idée. Je n'ai trouvé que des fragments d'informations sur cette communauté. Après la mort de leur gourou, la secte a naturellement disparu et la relique a été déclarée perdue. Je n'ai rien trouvé de plus dans mes livres. Je pense qu'il serait bien de pousser un peu plus nos recherches en nous rendant directement sur place, proposa Longweï.

— Donc, si je comprends bien, je dois préparer nos bagages, résuma Shi.

— En effet, Shi, en effet, acquiesça Longweï.

Lei Diàn observait l'échange sans vraiment comprendre ce qu'ils disaient. Des bagages ? Leurs recherches ? Est-ce que cela signifiait que le dieu allait quitter la montagne ? Son cœur se glaça à l'idée d'être à nouveau séparé de lui. Son visage pâlit et ses yeux se voilèrent alors qu'il sombrait dans ses pensées tourmentées.

— Ce sera une bonne occasion pour découvrir de nouvelles plantes, n'est-ce pas, Lei Diàn ? lança Longweï pour le ramener à la réalité.

Lei Diàn sortit de ses divagations et plongea son regard dans celui du dieu. Longweï, dès que leurs yeux se croisèrent, lui offrit un sourire tendre et rassurant.

— Il est évident que nous ne partirons pas sans toi, murmura Longweï en effleurant rapidement sa joue.

Les pupilles de Lei Diàn s'illuminèrent immédiatement. Après plus de quatre ans sans jamais quitter la montagne, il allait descendre et partir en expédition à travers le pays avec Shi et Longweï.

Autant dire qu'il était partagé entre une joie intense et une sacrée appréhension quant à ce qui les attendait.

Le Dragon de FuméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant