Chapitre 47 : L'impertinent chef des chasseurs

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— Tao Peng, mon vieil ami ! Longweï s'approcha de l'homme et le salua chaleureusement

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— Tao Peng, mon vieil ami ! Longweï s'approcha de l'homme et le salua chaleureusement. Puis il posa ses mains sur ses épaules et lui dit en souriant : "Diantre, le temps ne t'a pas épargné ! Tu as pris de l'âge et de nouvelles cicatrices !"

— Vingt ans sont passés ! À quoi t'attendais-tu ? Nous n'avons pas tous la chance de traverser les âges sans prendre une ride ! répliqua-t-il, taquin.

Longweï ne put s'empêcher de rire discrètement face à cette insinuation concernant son immortalité.

— Mais dis-moi, que fais-tu ici ? Pourquoi venir te perdre dans cette satanée forêt ? Tu sais pourtant à quel point celle-ci est inhospitalière.

— J'avais à faire dans les grottes, et il n'y a, hélas pas d'autres chemins que celui-ci. Nous tentions de rejoindre les plaines lorsque ces démons nous ont attaqués.

— Pourquoi ne pas m'avoir prévenu ? Je me serais fait un plaisir de t'escorter !

— Je ne voulais pas mêler tes hommes à cette insignifiante expédition et je t'avouerais que je ne pensais pas avoir besoin de soutien. Qui aurait pu croire qu'un démon supérieur traînerait dans les bois ? Habituellement, ils restent dans leurs repaires et envoient leurs larbins pour ce genre d'affaires.

— Cela fait plusieurs mois que les démons s'agitent. Ils sont de plus en plus nombreux dans les environs, et nous croisons parfois des généraux démoniaques tels que Sogdrin. Nous ne connaissons pas la raison qui les pousse à se mettre en mouvement, mais ce genre d'effervescence n'est jamais bon signe.

Longweï hocha la tête, les sourcils froncés. Cette agitation devait, elle aussi, l'inquiéter.

— Oui, ce n'est pas bon présage, il faudra que j'enquête sur cela. En tout cas, je te remercie pour ton aide, mon ami. Nous étions en difficultés, et sans ton intervention, je ne sais si nous aurions pu nous en sortir.

— J'ai vu cela. Même ton satané dragon brumeux semblait mal au point. Manques-tu de forces, Longweï ?

— En effet, ces dernières années n'ont pas été de tout repos. Des démons ont attaqué le mont Miwù et..., hésita-t-il un instant en jetant un coup d'œil rapide sur Lei Diàn. Disons que je n'ai pas pu recharger mon énergie comme à mon habitude. Il était clair qu'il parlait du sacrifice. Longweï, sans celui-ci, devait puiser dans son pouvoir pour maintenir son sceau en place et cela l'amenuisait.

— Nous allons maintenant reprendre notre route, nous devons retourner à la capitale.

Le dieu s'apprêta à faire un pas, mais il fut stoppé par le chasseur qui s'était mis en travers de son chemin. Longweï le fixait perplexe tandis que l'homme gonflait sa poitrine et grognait.

— Ça fait vingt ans et tu comptes partir sans même faire une halte au village ? En tant que chef des chasseurs, je me dois de t'y convier. Qui serais-je si je n'invitais pas Longweï, le divin et majestueux chasseur de démons, maître du dragon et éminent membre de notre ordre.

— Arrête ça ! Tu sais que ce nom m'insupporte ! s'exclama Longweï qui semblait être partagé entre la gêne et l'énervement.

L'homme se pencha ensuite vers le dieu, comme s'il voulait lui partager un secret.

— Et puis si je ne te ramène pas chez moi, ma vieille épouse me virera de sa couche pour au moins un mois. Tu sais que je ne pourrais pas supporter cela...

Le culot de l'homme surprit fortement Lei Diàn. D'après les insinuations qu'il avait faites, il paraissait connaître la vraie nature de Longweï. Pour autant, il lui parlait avec familiarité et audace malgré son statut.

— Vous tombez bien en plus, le grand festival lunaire aura lieu dans quatre jours. Tu sais que nous n'organisons celui-ci que tous les dix ans.

— L'invitation est tentante, mais il nous faut reprendre la route. Je dois me rendre à la capitale, et nos chevaux nous attendent à l'orée du bois...

— Ta-ta-ta, l'interrompit-il en secouant son doigt. Je ne veux entendre aucune excuse, la capitale sera toujours à sa place dans quelques jours, et pour vos chevaux, mes hommes s'en chargeront.

Longweï s'apprêta à argumenter quand le chasseur posa sa lourde main sur son épaule.

— Et puis même si tu souhaites reprendre la route, l'un de tes compagnons risque d'avoir des difficultés à te suivre...

Longweï observa le chasseur sans bien comprendre, puis réalisant enfin, il se tourna vers Lei Diàn.

Le jeune garçon se tenait à un arbre en agrippant sa poitrine. L'adrénaline retombée, la douleur était terrible. Il en était sûr maintenant, il avait une ou plusieurs côtes de casser.

— Lei Diàn, murmura Longweï, en s'approchant de lui.

Le dieu se pencha et souleva ce dernier dans ses bras. Puis il se tourna vers le chasseur.

— D'accord, mais juste quelques jours ! Je sais qu'avec toi, tout s'éternise. La dernière fois, il nous a fallu trois semaines avant de pouvoir quitter ton village !

Le chasseur sourit fortement.

— Génial, ne t'inquiète pas, je ne te garderai pas plus d'un mois, suivez-moi !

Lei Diàn fut certain d'entendre Longweï soupirer.

Le groupe prit la route en direction des montagnes. Le chemin était escarpé et peu visible. Difficile de savoir qu'il y avait même un sentier par ici. Les chasseurs vivaient cachés, et leur village ne se trouvait sur aucune carte. Que les routes qui y mènent soient donc pratiquement introuvables n'avait rien d'étonnant.

Heureusement, Lei Diàn se trouvait dans les bras du dieu et n'avait pas à marcher. Dès que Longweï l'avait porté, sa douleur était devenue moins présente. Il se doutait que Longweï y était pour quelque chose et le remercia chaleureusement pour ça. Plus ils avançaient, plus Lei Diàn se sentait de plus en plus amorphe, jusqu'au point où il somnolait presque et ne vit plus rien de la route. Dans les bras du dieu, il se sentait en sécurité et béat. En ce moment, il n'avait rien de plus agréable que sa douce étreinte.

Il ne sut pas vraiment combien de temps dura leur parcours ni combien de kilomètres ils avaient fait. Ils ne firent une halte que lorsqu'ils atteignirent enfin le sommet de l'un des monts. Plus bas, se trouvait une immense cuvette encerclée de montagnes, et au milieu de celle-ci brillaient les lumières bien visibles d'habitations.

Le village des chasseurs si difficile à dénicher était là, caché au centre de ces montagnes.

— Parfait, on arrive juste pour l'heure du souper ! s'exclama le chef Tao Peng.

Le Dragon de FuméesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant