~Fifty-seven

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-"Alhéna."

Elle se tourna vers Sirius qui s'avançait vers la balustrade de l'hôpital, et sourit lorsqu'il la vit pieds nus dans sa chemise d'hôpital, laissant ses cheveux voler sur l'air frais.

-"Ravie de te voir debout." Elle lui sourit.

-"Je me sens mieux."

-"Nous avons miraculeusement échappé à la mort." Elle regarda les oiseaux déployer leurs ailes dans le ciel sans nuage, et sentit son coeur bondir, rêvant de frôler l'horizon avec la même grâce.

-"Les miracles n'existent pas." Sirius la regarda, les yeux pétillants. "C'est grâce à nous, seuls."

-"Et Dieu." Ajouta la jeune femme et il n'eut pas la force de la contredire.

Il posa ses avant-bras sur la balustrade et regarda les paysages environnants, respirant l'air pur.

-"J'ai oublié ma baguette là-bas."

Il fronça les sourcils.

-"Non, Tonks te l'a-"

-"Elle a prit celle de Draco."

Elle soupira et se tourna vers lui.

-"Elles se ressemblent, et la sienne a roulé vers nous lorsqu'on s'est écrasé après notre chute. Elle les a confondus."

-"Alors la tienne est encore dans la salle ?"

-"Je pense que oui."

Elle se mordit la lèvre inférieure et il leva un sourcil, leger.

-"Qu'est-ce qu'on attend pour retourner la chercher ? Un sorcier n'est rien sans sa baguette."

Le vent se mit à tourner et les cheveux d'Alhéna voletèrent sur le côté.

-"Merci Sirius."

Il lui fit un clin d'oeil en signe de réponse, et partit prévenir les infirmières de leur départ imminent tandis qu'elle continuait de profiter de l'air frais.

                          *****

-"Je veux vous accompagner." Objecta Harry en gonflant sa joue comme un petit, et Alhéna la lui tira en riant.

-"Nous ne partons que quelques heures. Je préfère rester seule avec lui un moment."

-"Tu ne m'aimes plus ?" Il fit semblant de renifler et elle leva un sourcil.

-"T'ai-je déjà aimer en premier lieu ?"

Il claqua sa langue contre son palais et elle rit avant de l'embrasser.

-"Ne sois pas jaloux, tu auras le droit à mon papa aussi."

Sirius se figea tandis qu'il parlait avec Molly, et la pièce se fit silencieuse.

Se rendant alors compte de ce qu'elle venait de dire, elle se figea à son tour et fixa Harry avec de grands yeux ébahis -comme lui d'ailleurs.

-"Allons-y." Elle se racla la gorge et sortit de l'hôpital, suivi de Sirius qui accourait pour la rattraper.

-"Si tu savais à quel point je suis heureux de t'entendre dire ça."

Il essuya ses yeux mouillés et elle roula des yeux.

-"Je n'ai pas réfléchi, navrée."

-"Non ! C'est vrai, je suis ton papa."

-"Mon géniteur." Corrigea-t-elle.

-"Papa."

-"Géniteur."

-"Papa."

-"Pap-" elle roula des yeux et claqua ses talons sur le sol. "Arrête ça."

Il l'aida à monter sur son balai et alla s'asseoir sur son Sombral -Sombral qu'elle ne voyait pas.

-"Ça me paraît étrange de te voir pendu au-dessus du vide, j'oublie que je ne peux pas les voir." Elle désigna un endroit où se trouvait certainement l'animal.

-"Tu devrais pourtant. On les voit lorsqu'on a fait face à la mort et au deuil."

Ils commencèrent à s'élever dans les airs et elle se tint à son balai élégamment, droite, le bras tendu, les doigts effleurant le bois verni, les jambes sur un unique côté en amazone.

-"Il faut avoir fait face à la mort." Répéta Alhéna en appuyant sur face. "Or, je n'ai jamais vu personne mourir devant mes yeux. Ils étaient déjà morts."

Il ravala sa salive.

-"Est-ce-qu'elle a souffert ?"

Il parlait de sa mère, Walbugra.

Elle ne répondit pas immédiatement, passant au-dessus des nuages.

-"Je ne crois pas." Elle baissa les yeux vers le lac aux reflets dorés sous le dernier quartier de lune. "Elle n'a jamais été très émotive, tu sais. Même si elle m'était chaleureuse, elle n'a jamais révélé le fond de ses pensées. Elle est morte dans son lit durant la nuit."

-"Elle n'a jamais été émotive parce qu'elle n'a jamais eu d'émotions. Elle en était dénuée tout comme elle était dénuée d'âme et de coeur."

-"Ne dis pas ça." Son ton dure le fit se retourner. "Ne dis pas ça d'elle. Elle a toujours été douce avec moi, sans doute parce qu'elle se rendait compte de ce qu'elle avait créer avec sa fermeté. Elle avait perdu ses deux fils."

-"Ça l'arrangeait d'avoir une héritière au final."

-"J'étais la dernière chose qui lui restait."

-"Tu étais la dernière chose qui me restait."

-"Tu n'étais pas à mes côtes. Elle l'a été." Elle haussa les épaules. "Je ne peux qu'imaginer ce qu'elle vous a fait subir durant votre enfance, mais ne crache pas sur sa tombe. Ni sur sa mort. Elle reste ta mère."

-"Elle n'a jamais été ma mère."

-"Tu n'as jamais été mon père." Elle le regarda.

-"Je suis là maintenant. Je vais réparer ça."

-"Je ne t'accuse de rien, Sirius. Mais n'ose pas renier ta mère comme je t'ai renié."

Il ne répondit pas et son Sombral sembla s'envoler plus vite bien qu'elle ne pouvait le voir, car bientôt il disparut dans les nuages alentours.

Elle eut un long soupir.

-"Navrée, grand-mère." Elle regarda le ciel noir avec un faible sourire. "Je ne peux pas être complètement en désaccord avec lui, tu sais. Ton éducation n'était pas la meilleure, mais heureusement pour nous deux, tante Lucretia a prit le relais."

Elle eut un rire et s'arrêta, morose, lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne lui répondrait pas.

-"Tu viens ?" Hurla Sirius au travers des nuages.

Une main sembla apparaître de nulle part et elle redoubla la cadence pour le rattraper.

-"Tout ça parce que tu as choisi la même baguette que le petit Malfoy." Soupira Sirius en arrivant par sa gauche.

-"Premièrement, je l'ai choisi avant lui. Deuxièmement, c'est la baguette qui choisit son sorcier."

Elle sourit et il haussa les épaules.

-"Au final, on est quand même en train de voler des kilomètres un soir d'hiver pour ta baguette."

Elle rit et laissa son rire en suspens dans les airs, dernier souvenir de leur conversation désormais passée.

-"Là."

Sirius montra le ministère du doigt, des mètres en contrebas.

Ils amorcèrent leur descente en lenteur, le sourire aux lèvres.


𝑨 𝑩𝒍𝒂𝒄𝒌 𝒔𝒕𝒐𝒓𝒚 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant