𝑨 𝑩𝒍𝒂𝒄𝒌 𝒔𝒕𝒐𝒓𝒚 [TERMINÉ]

~Sixty-four

Elle se noyait.
Elle se noyait et n'arrivait pas à remonter, sentait ses poumons se remplir d'eau et n'arrivait pas respirer, semblait hurler sans ouvrir la bouche, tendait le bras mais personne ne saisissait sa main, et elle s'enfonçait, encore, encore, plus profondément à chaque seconde.

Où étaient-ils, tous ? Où était Harry, où était Sirius, où étaient tous ceux qui disaient tenir à elle ?

Elle se retourna, regardant le fond qui se rapprochait encore et encore, inlassablement.

Sirius était là, raide mort sur le sable, les yeux tournés vers le corps de sa mère, juste à côté. Et ceux de Lucretia et Ignatius, celui de sa mère qui était flou.

Ils étaient morts, et elle allait les rejoindre.

-"Tu m'as tellement déçu."

Elle regarda Sirius soudain qui la fixait de ses grands yeux onyx.

-"Une Crackmol comme fille." Dit-il sans ouvrir la bouche et sa voix résonna dans l'océan.

Non. Elle n'était pas ce qu'ils pensaient tous qu'elle était.
Elle était certaine que ce n'était qu'une erreur.

-"Tu fais honte à ta famille."

Elle regarda Lucretia qui la fixait à son tour, et l'eau sembla la pousser plus vite encore vers eux.

-"Nous t'avons élevés pour que tu nous succèdes avec grandeur." Ignatius la fixa à son tour et elle continua de s'enfoncer plus profond, sentant sa cage thoracique sur le point d'exploser. "Pas pour que tu nous humilies."

Elle ne voulait humilier personne. Elle savait que ses pouvoirs allaient revenir, qu'ils ne l'avaient pas élevé pour rien. Qu'elle valait quelque chose.

Elle sentait ses larmes s'échapper de ses yeux et se mélanger à l'eau salée.

-"Tu me dégoûtes." Walburga semblait plus proche et elle se rendit compte que c'était elle qui touchait presque le fond de l'eau. "Tu n'es pas digne d'être de ma famille. Tu n'es pas digne de nous."

-"Je pensais que tu me rendrais fière." Elle regarda sa mère qui, floue, s'était levée et se tenait près des cadavres vivants. "Tu n'es qu'une déception."

-"A quoi nous sers-tu désormais ?" Sirius continua de la fixer.

Et au moment où elle toucha le sable, les cadavres se levèrent d'un coup et s'avancèrent vers elle.

Non, elle n'avait rien fait de mal. Elle était sûre que tout allait s'arranger.

-"Tu as faillit rompre tes fiançailles." La voix de Walburga résonnait dans son crâne comme un essaim d'abeilles. "Tu as failli ruiner ta vie pour un sang-mêlé sans argent."

Harry était son âme sœur. N'était-ce pas plus important qu'un mariage de convenance ?

-"Tu es une honte pour les sorciers."

Lucretia lui attrapa le bras et déchira sa robe tandis qu'elle tentait de s'enfuir. Mais l'eau la maintenait en place et ses jambes bougeaient dans le vide.

-"Tu es une honte pour notre famille." Ignatius agrippa ses cheveux.

-"Tu es une honte pour ceux qui t'ont élevés et nourris." Walburga cassa son collier dont les perles restèrent en suspens dans l'eau.

-"Tu es une honte pour ceux qui ont prit la peine de te concevoir." Son père et sa mère se jetèrent sur elle et la tirèrent de toutes parts tandis qu'elle tentait vainement d'hurler.

Et, finalement, elle regarda le soleil qui brillait au-dehors, des milliers de mètres au-dessus d'eux, semblant supplier Dieu de lui accorder merci.

Elle voulait retrouver ses pouvoirs.
Réellement, elle le désirait plus que tout au monde. Et si le prix à payer était de finir sa vie auprès de Draco Malfoy alors très bien, elle le ferait.

Elle ferait tout pour les retrouver. Pour redevenir la puissante Alhéna Black, descendante de la longue et prestigieuse lignée des Black.

Pour rendre ses ascendants fiers et assurer une nouvelle descendance. Elle avait été élevé pour ça, qu'importe ce que lui dictait son coeur, son cerveau savait ce qu'il avait à faire.

Les Black ne se mariait jamais par amour. Sa grand-mère avait épousé son cousin sans se plaindre, et Lucretia avait épousé Ignatius pour réunir leurs deux familles : leur amour était venu après, et elle était certaine qu'elle finirait par apprécier de nouveau Draco.

Harry.

Son nom revenait toujours dans sa mémoire et elle ne cessait de penser à lui, tandis que ses ancêtres déchiraient sa robe noire et que son père arrachait son châle crêpe de ses épaules, les dévoilant au Seigneur et au Ciel qui se mit à attraper des nuages pour la cacher.

Il était son amour. Il était celui avec qui elle désirait passer sa vie. Il était celui qu'elle aimait, et si elle était le feu il était l'unique chose qu'elle ne voulait pas brûler.

Elle avait besoin de sa lumière pour tarir ses profonds ténèbres.

Avait besoin de son sourire pour éclairer ses nuits sombres.

-"Sors-le de ta vie !" Hurla son père et l'océan se mit à trembler tandis qu'elle avait abandonné, les laissant la griffer sur ses épaules, son dos, déchirer sa chair et ses os.

Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas qu'il disparaisse de sa vie.

Elle préférait que le monde entier disparaisse plutôt que lui.

-"Tes pouvoirs reviendront lorsque tu l'oublieras !" Sa mère déboita son épaule et elle en oublia d'hurler tandis qu'elle se sentait sombrer plus profondément encore.

Elle ne voulait pas.

Au final, une vie pleine de magie sans Harry ne valait pas une vie avec lui.

Oui, il lui était destiné. Dieu l'avait mis sur sa route, l'avait conduit à elle.

-"Alhéna !"

Elle entendait une voix lointaine, et soudain le soleil disparut.

-"Alhéna !"

Ses parents semblèrent la lâcher et retourner à l'état de cadavre tandis que les autres continuaient de lui arracher la chair.

Harry.

Il tendit sa main et saisit la sienne.

-"Je suis là."

Il était là.

Elle ouvrit soudain les yeux et hurla en se levant.

-"Je suis là."

Elle se tourna vers Harry qui s'était accroupi près d'elle, assise sur le banc.

-"Ça va ?" Il posa sa main sur son front pour prendre sa température. "Tu m'as fait peur."

Elle se tourna vers Hermione qui faisait signe à Fred et George au loin, leur indiquant qu'elle allait bien.

-"Tu n'arrêtais pas de bouger et de pleurer, tu te griffais de partout, ils étaient sur le point d'aller chercher McGonagall." Hermione lâcha les mains de la jeune femme qu'elle serrait fermement.

Alhéna baissa le regard vers ses épaules en sang, et chercha son châle du regard.

-"Je l'ai." Harry montra le châle qu'il tenait en main. "Ne t'en fais pas. Je l'ai enlevé avant que tu le déchires, lui aussi."

Elle le prit et le serra fort contre elle, encore toute tremblante.

Dieu lui avait envoyé un signe, elle en était certaine.

Il était le seul rayon de soleil qui ne cessait jamais de briller. Il était son soleil.

Et elle était sa lune.