~Sixty-three

1.3K 97 27
                                    

-"Quel est donc ce livre ?"

Alhéna caressa le manuel sur le lit d'Harry, et ce dernier le lui prit des mains.

Allongée sur le lit de ce dernier, elle se tourna pour le regarder dans les yeux, les sourcils froncés.

-"Mon manuel de potions." Dit le garçon.

-"Pas seulement. Il y a des notes d'un ancien élève."

Il ouvrit légèrement son manuel et soupira avant de s'allonger sur le ventre près d'elle.

-"Je ne sais pas qui c'est."

-"Le prince de sang-mêlé." Lut la jeune femme en réfléchissant. "Peut-être Severus Rogue."

Il y eut un silence dans la salle avant qu'Harry n'éclate de rire.

-"Je ne savais pas que tu avais de l'humour." Il rit de nouveau en déposant un baiser sur son front mais elle ne cilla pas.

-"Je suis sérieuse."

Le sourire du garçon sembla s'effacer soudain.

-"Rogue ? Prince de sang mêlé ?"

Elle se releva et lissa sa robe noire et son châle en crêpe.

-"Moque-toi si ça te chante, Harry." Elle haussa les épaules. "Je dois y aller, de toutes façons."

-"Tu pars toujours après le dîner." Il soupira en se relevant. "Le couvre-feu n'est que dans trois heures, pourquoi tu es si pressée ?"

-"Le professeur Dumbledore m'aide à retrouver mes pouvoirs, je te l'ai déjà dit."

Il caressa sa joue et écarta les mèches rebelles.

-"Je suis content de savoir que ta perte de pouvoir n'est que temporaire."

-"Dumbledore a dit que c'était simplement à cause du choc." Elle baissa le regard et serra sa robe dans ses mains frêles. "De sa mort."

La main d'Harry cessa de caresser la joue froide d'Alhéna et il la lâcha.

-"Je ne veux pas te retenir. On se verra demain."

Elle avança d'un pas pour embrasser ses lèvres mais il recula et retourna s'allonger dans son lit.

Elle resta debout près de la porte de son dortoir, sur la pointe des pieds.

-"A demain." Dit-elle simplement avant de sortir, la gorge serrée.

                            *****

-"Tiens, Alhéna."

Elle releva les yeux vers Draco qui marchait dans les couloirs vides.

-"Je te pensais avec Potter."

Elle soupira et s'arrêta tandis qu'elle comptait le dépasser sans un mot.

-"N'en as-tu pas assez de ces remarques puérils ?"

Il eut un ricanement.

-"N'en as-tu pas assez de ces remarques puérils ?" Reprit-il la jeune femme en prenant une voix plus aiguë. "Non, je n'en ai pas assez, Mademoiselle Black."

-"Je pensais que tu aurais grandis, que tu serais devenu l'homme que j'avais toujours su entrevoir en toi. Un homme que j'aime."

Il ne dit rien, cherchant sans doute une pique.

-"Mais tu es visiblement resté le garçon arrogant que je connais. Et tandis que tout le monde a grandit, tu restes le même. Tu finiras par être à la traîne, et à simplement ne plus être assez."

Elle passa près de lui et sa robe effleura ses jambes tandis que son châle caressait son bras.

-"Attends." Il se retourna vers elle en tendant sa main, frêle, mais elle avait déjà disparut.

Alors il laissa son bras retomber le long de son corps, et comme une âme qui errait sans but, il laissa ses pieds trainer sur le sol, un fantôme accroché au boulet qui le maintenait sur le sol.

Alhéna continua sa route, sa robe volant sous ses pas rapides, et elle passa devant le bureau de Dumbledore sans en accorder la moindre importance, continuant jusqu'à sortir de l'enceinte de l'école pour s'enfoncer dans la forêt interdite.

Elle avait été blessée par Voldemort dans cette forêt lors de sa première année.

Harry Potter l'avait sauvé pour la toute première fois, comme il l'avait sauvé toutes les fois d'après.

Elle, la jeune et frêle Alhéna Cassiopée Black.

La jeune et frêle Eden.

Elle inspira lentement, calmant son souffle, et s'arrêta dans un endroit non boueux pour ne pas salir sa robe.

Finalement, elle tendit ses bras vers l'arbre le plus proche, la lune cachée par les feuilles agglutinés au-dessus de la jeune femme.

-"Bombarda." Murmura Alhéna en refermant ses poings.

Mais l'arbre ne cilla pas, et resta le même que quelques secondes auparavant.

-"Bombarda."

Elle continua, encore et encore, finissant par toucher l'arbre de ses doigts en espérant que ce soit simplement un manque de puissance.

Et, comme chaque soir depuis deux mois, l'arbre resta exactement le même que le soir d'avant.

-"Avada Kedavra !"

Le hurlement de la jeune femme fit trembler les feuilles qui soudain se mirent à tomber une par une, tristes de la voir ainsi échouer, et les rayons de lune finirent par transpercer le bosquet et éclairèrent les yeux saphirs de la jeune femme, qui abaissa les bras.

Elle n'était pas une Crackmol. Ce n'était pas juste.

-"Wingardium Leviosa." Murmura-t-elle en s'attaquant à la feuille sur son épaule.

Mais la feuille resta sur son épaule, et seul le vent la fit retomber sur le sol.

Ce n'était pas juste.

Elle avait toujours fait tout ce qui fallait.

Avait prié chaque soir pour tout le monde, avait récité les grâces, avait jeûné, avait adulé Dieu, avait aimé ses proches, les avait chéris, n'avait presque jamais péché et n'avait commis que de petits péchés, avait toujours voulu le bien pour autrui, avait tendu l'autre joue, avait accueilli Jésus tout les 24 au soir, avait accepté tout sans jamais rechigner, avait tenté d'être toujours elle-même et de ne jamais corrompre ni être corrompu, avait accepté la perte de tout le monde et avait laissé Dieu s'occuper d'eux après leurs morts, l'avait laissé les lui prendre et avait continué de l'aimer de l'aduler.

Était-ce une autre épreuve ? Était-ce un test ?

Elle se sentit partir et s'assit contre l'arbre, la robe salie.

Désormais qu'elle était une supposée Crackmol, elle ne faisait plus partie des Black. Elle allait être renié.

Elle allait devenir une paria, une moins que rien. Allait être haït par les sorciers et moqué par les elfes de maisons et les autres créatures.

Allait perdre son prestige.

Allait ruiner sa famille, la ridiculiser une fois de plus.

Elle frappa le sol d'un poings rageur, laissant son oeil droit verser une larme sur sa robe sèche. .

Et le pire était qu'elle ne pouvait l'avouer.

Elle ne pouvait voir leur pitié dans leurs yeux, leur dégoût.

Elle était toute seule dans son bosquet, et même la lune la prenait en pitié, l'éclairant de sa douce lumière berçante.

𝑨 𝑩𝒍𝒂𝒄𝒌 𝒔𝒕𝒐𝒓𝒚 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant