~Seventy-five

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Tout avait changé, désormais, à Poudlard.

Le directeur était mort.

Poudlard était veuf.

Et, plus encore, Alhéna l'était aussi, morte.

Le lendemain de leurs terribles décès subits, les élèves avaient du préparer leurs bagages pour rentrer chez eux.

Il avait fallu débarrasser les affaires de la défunte élève, et Harry avait tenu à s'en occuper.

Il était entré dans sa chambre la boule au ventre, et avait soudain trouvé ça extrêmement dur, d'entrer dans la chambre de celle qui n'était plus.

Il avait fermé la porte derrière lui et s'y était adossé, regardant la grande fenêtre ouverte à sa gauche, le grand lit fait à sa droite.

Et s'était lentement effondré sur le sol, le silence mortuaire régnant étant soudain rompu par ses sanglots.

Alhéna était morte.

Celle qui avait partagé tant de moments avec lui, celle qui avait su le comprendre sans même chercher à le faire, celle qui avait toujours été là pour lui.

Et c'était de sa faute.

Blâmer Draco ne changeait rien au fait que, si elle était restée avec lui, elle serait encore en vie.

Mais son égoïsme avait conduit celle qu'il aimait à la mort.

Il ne voulait pas défaire son lit, faire ses bagages. Il voulait tout laisser là, ne pas y toucher.

Alhéna allait sûrement le sermonner s'il rangeait mal ses affaires.

Mais Alhéna n'était plus là pour le faire.

Alors, en un effort extrême, il se leva et s'avança vers le lit pour en enlever les draps.

Sentir la soie sous ses doigts lui rappelait les robes de la jeune femme qu'il adorait toucher, aimant leur texture si douce.
Elle n'arrêtait pas de rire en le voyant si déboussolé chaque fois qu'elle en mettait des nouvelles, et il n'arrêtait pas de lui demander où elle trouvait toute cette soie alors qu'elle avait déjà toute la soie du monde dans son placard.

En parlant de placard, il leva les yeux vers ce dernier, et lâcha les draps à demi-défait pour s'en approcher.

Il en ouvrit les battants, et son coeur brisé sursauta de nostalgie en voyant toutes ses robes parfaitement alignées, partant des robes les plus noires aux robes les plus clairs - crème était la couleur la plus claire, Alhéna lui ayant un jour expliqué que le blanc était réservé au mariage et aux jeunes filles n'ayant pas eu leurs premières périodes.

Il n'avait pas le coeur de les enlever, Alhéna les aimait bien rangées et il ne savait pas les plier.

Il referma le placard, s'obligeant à ne pas s'effondrer, et remarqua un bloc note sur la table de nuit.

Il s'approcha, et reconnut celui qu'elle tenait depuis des années et qu'elle refusait de lui montrer.

Avec amertume, il pensa qu'elle ne pouvait de toute façon plus le lui interdire.

Il prit alors ledit bloc note et s'assit à même le sol contre le lit, avant de l'ouvrir.

Il en lut quelques phrases sans comprendre, avant d'ouvrir les yeux tendrement et de renifler pour ne pas tâcher le papier de ses grosses larmes.

"Alors je pense que tout peut arriver, la meilleure comme la pire des choses. Mais ça arrivera, que l'on soit heureux ou pas."
Elle avait écrit en dessous : ma citation favorite.

C'était leur première véritable discussion, lui semblait il, et il s'empêcha de sourire.

"Si on a peur de mourir, c'est qu'on a pas vécu assez." Elle avait mit un petit coeur à côté.

Il ne se souvenait plus d'avoir dit ça, mais savoir qu'elle s'en était souvenue au point de l'écrire lui faisait chaud au coeur.

"-"Tu es la seule qui a besoin de te réconcilier avec lui.Elle avait écrit : il avait raison, finalement.

Sirius et elle. Ils s'étaient rejoins dans les cieux, et il était le seul qui restait, sans eux.

-"Une pizza regina." avec à côté un petit point d'interrogation, ce qui le fit rire.

Elle n'en avait jamais goûté de sa vie et avait refusé lorsqu'il lui en avait proposé.

Je te jure fidélité, amour et protection. Je jure que jusqu'à ce que le Seigneur ne me rappelle à ses côtés, je serais tes yeux lorsque tu seras aveugle, ta canne lorsque tu ne pourras pas marcher, tes oreilles lorsque tu seras sourde, ta voix lorsque tu seras muette, et ton phare lorsque tu ne sauras quoi faire." Il reprit son souffle. "Je ne sais pas vraiment ce que ça signifie pour toi, parce que tes moeurs son différents des miens et tout ça, mais je te promet que je ferai mon possible pour que tu sois la plus heureuse possible lorsque je serais près de toi. Et si tu es malade comme je le suis, alors soyons malade ensemble."

Elle avait mit pleins de petits coeurs avec : nos aveux d'Italie.

Elle s'était souvenue de chaque mot, chaque virgule, chaque point de sa déclaration.

Tout autant qu'il se souvenait de la sienne, de déclaration.

-"Je m'en fiche de comprendre le monde. Je veux juste te comprendre, toi."

Elle avait entouré la citation de petits coeurs, ce qui le fit rire sous son sanglot.

Il voulait juste la comprendre, elle.

Il aurait voulu la comprendre à jamais.

Il lut le reste des citations, admirant son écriture si parfaite, avant de refermer le bloc-notes et de rester là sans rien faire, caressant les pages comme pour se rapprocher un peu plus d'elle.

-"Tu veux de l'aide ?"

Il se tourna vers la porte entrouverte.

Blaise se racla la gorge, et Pansy, derrière, semblait prête à redescendre à tout moment.

Mais Harry eut un doux sourire.

-"S'il vous plaît." Murmura le garçon.

Alors les deux Serpentard entrèrent, et tandis que Pansy pliait soigneusement les robes dans la grande valise, Blaise et Harry nettoyait la chambre et la salle de bain, enlevant la baguette qui trainait sur la table de nuit -la baguette de Sirius, qu'Harry prit avec tendresse.

Et, à la fin de la journée, tandis qu'ils sortaient de la chambre dont les volets fermés ne risquaient pas d'être ouverts de sitôt, les Serpentard et le Gryffondor se murmurèrent des adieux sans savoir s'ils les adressaient aux autres ou à la défunte jeune femme qui restait dans leur mémoire comme un fantôme dormant dans leurs placards.

"Si je devais ajouter une de mes citations, je dirais qu'une personne n'est morte que si elle disparaît de la mémoire des vivants."

Alors Harry s'était fait la promesse de ne jamais l'oublier.

Et alors qu'il s'avançait vers le train, ses bagages et ceux d'Alhéna dans les mains, les joues ruisselantes de larmes, il remarqua que les étoiles brillaient bien plus ces dernières nuits, peut-être était-ce dû au fait qu'elle était désormais l'une d'entre elles.

Et ils avaient beau ne pas partager le même avenir, il ne l'oublierai jamais, car ils avaient la même âme.

                       ~The End~


𝑨 𝑩𝒍𝒂𝒄𝒌 𝒔𝒕𝒐𝒓𝒚 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant