𝟏𝟖.

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Les draps étaient froissés et collants de sueur, adhérant à ma peau fiévreuse. Des larmes silencieuses coulaient parfois sur mes joues, laissant des traînées salées sur mon visage pâle et épuisé. Je me sentais emprisonnée dans mon propre corps, incapable de fuir cette spirale de désespoir. L'air était étouffant, chargé de l'odeur stagnante de la solitude. Chaque respiration était un effort, chaque battement de cœur une douleur lancinante. Je n'avais ni mangé, ni bu, ni même trouvé la force de poser un pied au sol. L'idée de bouger me semblant impossible. Le poison qu'il m'avait envoyé restait caché sous mon oreiller, mais son poids invisible pesait pourtant lourdement sur moi.

Comment pouvais-je envisager d'empoisonner quelqu'un ?

Rien que d'y penser, un profond regret me submergeait avant même d'avoir agi, mon estomac se nouant à chaque pensée de cet acte infâme que j'étais censée commettre.

Soudain, un léger toc à la porte rompit le silence oppressant de cette chambre. Mon cœur s'emballa, battant avec force contre ma poitrine. Qui peut bien être là ? Cesare ? Me submergea une vague d'angoisse, ajoutant une nouvelle couche à mon mal-être. Incapable de trouver ma voix, je fixai la porte, pétrifiée, redoutant ce qui allait suivre. Il est venu pour me tuer. M'empoisonner. Tourna lentement la poignée, et la porte s'ouvrit, révélant une silhouette indistincte dans l'ombre du couloir. Mes yeux cherchaient désespérément à percer cette obscurité, à identifier la personne qui se tenait là.

« Qui... qui est-ce ? »

Un pas résonna sur le parquet de la chambre, suivi d'un autre. La silhouette s'avança, se détachant progressivement de l'obscurité. C'était un homme, grand et plutôt imposant, son visage partiellement masqué par la lumière vacillante du couloir. L'inconnu s'approcha encore, et la lumière révéla enfin ses traits.

Ce n'était pas Cesare.

C'était le Duc Aarden.

Je ne sais pas si c'est mieux ou pire.

Avec une expression calme et mesurée, il s'approcha du lit et s'assit doucement sur le bord, son regard fixé sur moi avec une inquiétude apparente.

« Althéa, allez-vous bien ? » demanda-t-il doucement. « Vous êtes partie subitement lors de notre dernière soirée. »

Je fis un effort pour paraître indifférente, même si la colère et la peur se lisaient probablement sur mon visage.

« Je suis simplement malade. » mentis-je d'une voix faible. « Rien de plus. »

« Vous ne semblez pas simplement malade, Althéa. Vous semblez accablée par quelque chose de bien plus lourd. »

Peut-être du gâteau que vous m'avez envoyée ? Sachant parfaitement quelle sera ma réaction.

« Vous vous trompez. C'est une simple maladie. Rien dont vous devriez vous inquiéter. »

Il resta silencieux un moment, puis posa une main réconfortante sur la couverture qui me recouvrait.

« Sachez que je suis là pour vous, si vous avez besoin de parler ou d'un quelconque soutien. »

Cette affirmation ne dissipa pas mes craintes et mes doutes à son égard, au contraire.

Veut-il se la jouer héros, maintenant ?

Mais pour le moment, je n'avais pas la force de le contredire, me contentant de hocher légèrement la tête.

« Ce soir, il y a un bal de haute importance pour la noblesse. C'est un événement que j'ai moi-même organisé. »

« Un bal ? Je ne savais pas. »

« Je comprends que vous ne vous sentiez peut-être pas en état d'y assister, mais votre présence serait grandement appréciée. »

Je détournai le regard ; l'idée de me mêler à la foule, de sourire et de prétendre que tout allait bien me semblant insurmontable.

« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, sachez que vous pouvez me trouver là-bas. Vous n'êtes pas obligée de venir, mais si vous changez d'avis... » laissa-t-il sa phrase en suspens, se levant doucement du bord du lit.

« Merci. » murmurai-je, bien que la gratitude dans ma voix sonna creuse même à mes propres oreilles.

« Reposez-vous. »

Avec ces mots, il se dirigea vers la porte et la referma derrière lui, me laissant à nouveau seule à mon plus grand bonheur. Ses paroles résonnaient dans ma tête, mêlées à mes propres doutes et craintes, jusqu'à qu'une pensée perça la brume de mon esprit épuisé: le Vicomte Ambroise.

S'il y a un bal de haute importance, il sera sûrement présent. Cette soirée pourrait être ma seule et unique occasion de remplir l'ordre sinistre de Cesare.

Je dois le faire.

C'est ma seule chance de me libérer de la menace pesant sur ma tête.

Je me levai du lit, chaque mouvement me coûtant un effort monumental. Ma tête tournait et mes pas étaient incertains mais ils me menèrent jusqu'à la porte que j'ouvris précipitamment. Aarden n'était pas loin, marchant d'un pas mesuré dans le couloir.

« Votre Grâce ! »

Il se retourna immédiatement, son expression quelque peu inquiète.

« Je vais venir ce soir. S'il vous plaît, préparez une place pour moi. »

« Très bien. Je ferai en sorte que tout soit prêt pour votre arrivée. » s'inclina-t-il légèrement avant de continuer son chemin.

Je retournai lentement dans ma chambre, le cœur battant à tout rompre. La tâche qui m'attendait ce soir était lourde de conséquences, et je savais que la moindre erreur pourrait m'être fatale.















𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant