𝟐𝟎.

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La brise nocturne caressa doucement mon visage, offrant un bref répit à l'étouffante tension qui s'était accumulée en moi. La terrasse, bien que joliment décorée de plantes en pot, était déserte. Je devrais y retourner... mais pourquoi je n'y arrive pas ? M'appuyai-je contre la balustrade, fermant les yeux un instant, laissant les murmures lointains du bal se fondre dans le silence de la nuit.

Je sentais mes forces m'abandonner, et les larmes commencèrent à couler, mes épaules se secouant sous l'effet des sanglots que je ne pouvais plus retenir. La pression était bien plus forte que je ne l'avais espéré, l'accumulation de peur, de doute et de regret éclatant telle une vague de désespoir. Je m'effondrai au sol, mes mains crispées sur la balustrade, les larmes roulant librement sur mes joues. Pourquoi dois-je en arriver là ? Pourquoi suis-je contrainte à cette vie de manipulation et de trahison ? Devinrent mes pleurs incontrôlables.

« Pourquoi pleurez-vous ? » brisa le silence une voix, et à travers ma détresse, je distinguai une silhouette de l'autre côté du balcon.

Un homme, vêtu entièrement de noir, dont le doré et le bleu lustrait confusément, se tenait devant moi. Un... Hassassyīn. Sentis-je une force tranquille émaner de lui, une présence qui semblait à la fois menaçante et apaisante.

« Était-ce vous, l'autre soir ? » me redressai-je légèrement, essuyant mes larmes d'un geste brusque.

Il hocha simplement la tête, n'ajoutant rien —son silence me réconfortant étrangement. Une fois à ma hauteur, il s'accroupit lentement et passa une main à travers les barreaux. Que fait-il ? Effleura-t-il doucement ma joue de ses doigts gantés de cuir, essuyant une larme qui roulait encore.

Son contact, bien que léger, avait une profondeur et une douceur que je n'avais jamais connues auparavant, éveillant en moi des sensations que je ne comprenais pas pleinement.

« Pou–pourquoi ? » balbutiai-je entre deux sanglots, cherchant une raison dans son geste.

Il resta silencieux pendant un moment, comme s'il pesait soigneusement ses mots.

« Parce que personne ne mérite de porter seul des fardeaux aussi lourds. » rompit-il enfin le silence d'une voix calme.

Qu'entend-il par-là ? Baissai-je les yeux, sentant mes joues s'empourprer légèrement. Cet homme, malgré la froideur apparente de son métier, semblait comprendre la profondeur de mon dilemme et la lourdeur de ma mission.

Pourquoi ?

« Vous n'êtes pas seule, Althéa. » se redressa-t-il légèrement.

D'un geste doux, il fit glisser sa main de ma joue jusqu'à mon menton pour relever doucement ; et sortit un mouchoir de soie noire de sa poche pour essuyer délicatement les larmes de mes joues, prenant son temps comme s'il voulait apaiser chaque parcelle de ma douleur. Je restai immobile, troublée par tant de générosité et de discernement venant d'un inconnu.

Pourquoi est-il si bon avec moi ? Comment se fait-il que cet homme, que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam, semble comprendre ma douleur plus profondément que quiconque, même plus que ceux de ma famille ? Personne ne m'a jamais montré une telle compassion... Et si c'était une ruse ? Commençai-je à douter de ses intentions. Une manière subtile de m'approcher, de gagner ma confiance pour mieux me trahir ensuite ? Comme les autres ?

Mon premier mari... Je ne me souvenais rien de lui, mais rien que d'y songer, une angoisse sourde s'emparait de moi. C'était comme un vide obscur dans ma mémoire qui me faisait appréhender le jour où je m'en souviendrais. Quant au deuxième, il s'était montré brutal et sans pitié, trouvant du plaisir à me torturer mentalement. Les cicatrices qu'il m'avait laissées, bien qu'invisibles, étant restées gravées en moi. Le troisième, en revanche, avait été différent mais tout aussi dévastateur. Il ne m'avait pas frappée, ni même insultée, mais il m'avait totalement ignorée. Ignorer même lorsque Cesare s'en était pris à moi devant ses propres yeux. Et ma famille... Mon propre frère, Cesare, celui en qui j'avais autrefois confiance, me torturait désormais, jouant avec mes émotions comme avec un simple jouet à sa guise. Victor se moquait ouvertement de mes sentiments, tandis que le dernier, Celyan, me détestait. Le seul frère qui avait demeuré aimable avec moi tout ce temps était Vincenzo, mais voilà que maintenant il ne répondait même plus à mes missives. Alors pourquoi ce chevalier, devant moi, serait-il différent des autres ? Pourquoi devrais-je croire en sa bonté, en sa compassion, alors que tous ceux que j'avais connus m'avaient trahie, maltraitée ou ignorée ? Me dégageai-je brusquement de sa poigne, reprenant une posture indifférente. Mon geste fut peut-être plus brutal que je ne l'avais voulu, mais je ne pouvais laisser paraître le tumulte intérieur qui menaçait de m'engloutir. Mon regard se durcit, chaque souvenir douloureux nourrissant ma méfiance.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant