𝟑𝟎.

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Je maintenais une posture droite, affichant un sourire parfait malgré la sensation d'oppression qui m'étreignait. Je naviguais à travers les invités, échangeant des politesses et des compliments, tandis mes pensées étaient ailleurs, tiraillées entre mon désir de fuir et mon besoin de protéger ceux que j'aimais. Ma mère, Celyan. Pensai-je à eux pour trouver une quelconque force à maintenir chaque sourire, chaque mot échangé. Mais le Duc apparut rapidement à mes côtés, impeccable comme toujours, coupant ma conversation avec une femme.

« Désolé d'avoir tardé. » me chuchota-t-il.

« Ce n'est rien. » soufflai-je.

Vous aurez dû tarder encore plus longtemps...

Je regardai autour de moi, observant les invités. Certains étaient joyeux et animés, d'autres plus réservés, mais tous semblaient à leur place. Moi, en revanche, je me sentais étrangement déconnectée de cette scène.

« Lev ! » perça soudainement un cri l'atmosphère festive.

Je me retournai et vis une femme se précipiter vers nous, saisissant le bras d'Aarden amicalement. Ce dernier lui répondit par une salutation polie, son visage restant de marbre.

« Ah, Althéa, je ne crois pas que nous ayons été présentées. » dit-elle, se tournant vers moi avec un sourire éclatant. « Je suis Natanela, une vieille amie de Lev. »

« Enchantée, Natanela. » répondis-je poliment.

« Lev, cela fait si longtemps ! » continua-t-elle, ignorant mon malaise évident. « Comment allez-vous depuis tout ce temps ? »

« Je vais bien, Natanela. Et vous ? Comment vont vos parents ? »

« Oh, ils vont bien, merci de demander ! » dit-elle avec un sourire éclatant. « Ils parlent souvent de vous, vous savez. »

Je les observai, sentant une étrange tension. Elle parlait avec une familiarité évidente, et j'étais attentive à leur échange, n'ayant jamais connu ce genre de situation auparavant. Natanela... Elle n'est pas seulement une amie d'enfance, elle est celle avec qui il aurait dû se marier si Cesare n'avait pas bouleversé nos vies. Me rappelai-je de cette rumeur que mon frère lui-même avait confirmer en m'annonçant ces fiançailles arrangées —la réalité de cette révélation pesant lourdement sur moi. Je ne me sentis soudainement plus comme une étrangère à cette fête, mais comme une intruse dans une histoire qui n'était pas la mienne, coupable d'une tragédie amoureuse. Je ne peux me permettre de flancher maintenant. Pourtant, la douleur de ma situation et le poids des faux-semblants m'accablaient plus que jamais. Je me forçai à afficher un sourire, me répétant intérieurement que, d'une manière ou d'une autre, je finirais par trouver ma place.

« Vous vous souvenez de notre dernier été ensemble ? Nous avions quel âge ? Quatorze ans ? » demanda-t-elle, ses yeux pétillant de souvenirs. « Nous avions passé des journées entières à explorer les bois ! »

« Oui, je m'en souviens. »

La conversation continua, mais mon esprit était ailleurs. Chaque mot échangé entre le Duc et elle me faisait l'effet d'une lame. C'était comme si je regardais une scène à laquelle je n'appartenais pas, un monde où je n'étais qu'une spectatrice. Je me sens... malade. Avais-je soudainement la nausée. Sans attendre un instant de plus, j'utilisais cette excuse pour pouvoir m'éclipser, faisant comprendre à Aarden de me laisser seule. J'ai besoin de m'éloigner, de trouver un endroit où je pourrais respirer sans sentir le poids de ma propre insignifiance. Déambulai-je dans les couloirs de la demeure, admirant les tableaux anciens et les riches tentures. Alors que je m'aventurais dans une aile plus tranquille, j'aperçus une silhouette sombre au bout du couloir. Mon cœur s'accéléra en reconnaissant l'uniforme distinctif d'un Hassassyīn.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant