𝟐𝟕.

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Le carrosse ralentit progressivement, et bientôt les contours familiers de la demeure apparurent à l'horizon. Lorsque nous atteignîmes l'entrée, Benediss sauta prestement à terre et ouvrit la porte du carrosse, m'offrant sa main pour m'aider à descendre.

« Madame. » dit-il avec une pointe d'inquiétude dans la voix. « Que s'est-il passé ce soir ? »

Est-ce une bonne idée de lui en parler ? Pris-je une profonde inspiration, hésitant un instant.

« J'ai fait un cauchemar. » avouai-je finalement, détournant le regard. « Je voulais simplement vérifier quelque chose... mais finalement, ce n'est rien. »

Une, étant une bêtise absolue, l'autre, seulement un fracas de souvenirs entremêlés à de simples cauchemars qui me font penser et agir étrangement. Levai-je la tête vers le ciel, remarquant que le soleil commençait à se lever à l'horizon. Les premières lueurs de l'aube teintaient le ciel d'un dégradé spectaculaire de couleurs, des nuances de rose délicat se fondant dans un orange ardent, tandis que des traînées pourpres se dessinaient à l'extrémité des nuages. Les oiseaux, encore endormis, commençaient doucement à chanter leur hymne matinal, ajoutant une mélodie subtile à cette toile vivante. L'air frais de l'hiver portait avec lui l'odeur vivifiante de la rosée sur l'herbe et le doux parfum des fleurs qui s'éveillaient lentement.

Je devrais regagner mes appartements. Annonçait la lumière douce de l'aube le début d'une nouvelle journée, et avec elle, le retour imminent des domestiques qui ne tarderaient pas à entrer dans mes appartements pour leurs tâches matinales.

« Merci, Benediss. » murmurai-je, reconnaissante pour sa présence. « Prenez congé aujourd'hui, vous l'avez bien mérité. »

Il s'inclina légèrement, acceptant mes remerciements avec humilité.

« Comme vous le souhaitez, Madame. Reposez-vous bien. »

Sans un mot de plus, je me précipitai vers l'intérieur de la demeure, les pas résonnant faiblement sur les pavés du hall d'entrée. Je montai rapidement les escaliers, m'assurant de regagner ma chambre avant que les domestiques ne découvrent mon absence. Une fois à l'intérieur, je refermai doucement la porte derrière moi, essoufflée après ma course à travers les couloirs du château. La hâte me poussant à agir rapidement, je retirai mes escarpins avec précipitation, les laissant s'échouer au sol dans un fracas, et tentai de me débarrasser de la cape qui semblait m'étouffer.  Mes doigts tremblants peinaient à trouver la boucle, chaque tentative désespérée ne faisant qu'aggraver le nœud. La pression autour de mon cou se faisait oppressante, chaque respiration devenant un effort douloureux. Dans la panique, mes mouvements se faisaient de plus en plus désordonnés, ma vision commençant à se brouiller. J'essayais de tirer sur le tissu, mais cela ne faisait qu'accentuer la strangulation.

Je n'y arrive pas !

Frustrée par mon incapacité à me libérer de cette étoffe, je saisis une dague dissimulée sous un tas de livres avec une impulsion désespérée et tentai aussitôt de le couper. Mais le tissu résista, et mon geste brusque me valut une légère coupure à l'autre main jusque là intact.

Ce n'est pas vrai... Vis-je du sang affluer progressivement à la surface. Un pincement de douleur mêlé de colère me traversa alors que des gouttes rougeâtres tombaient au sol, résonnant dans le silence oppressant de la chambre. Je restai là, figée, confrontée à des souvenirs sombres qui semblaient prendre vie sous l'effet de ce liquide infâme. Non... Pas encore... s'entremêlaient dans mon esprit des images que je préférais oublier mais qui semblaient toujours ressurgir dans les moments les plus inattendus.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant