𝟓𝟓.

51 2 0
                                    



Nous montâmes dans la calèche, une élégante voiture noire aux armoiries de notre famille finement gravées sur les portières. Le cocher, un homme robuste impeccablement entretenu nous accueillit d'un salut respectueux avant de prendre en mains les rênes. Les chevaux, de puissants étalons alezans, s'élancèrent vers la sortie, leurs sabots frappant la terre de la campagne avec un rythme régulier. Après une demi-heure de voyage, nous arrivâmes aux quartiers de la cité. Les immeubles, hauts et majestueux, avec leurs façades en pierre de taille, leurs balcons en fer forgé et leurs grandes fenêtres symétriques, s'alignaient le long des boulevards. Les avenues étaient bordées d'arbres soigneusement taillés, et les trottoirs, larges et bien entretenus, étaient animés de passants élégants allant et venant, absorbés par leurs affaires quotidiennes. La brise chaude de l'été entrait par les fenêtres entrebaillées, apportant avec elle des effluves de pain frais, de café et de fleurs des marchés.

Devant la boutique de Maître Lermant, située dans l'un des quartiers les plus huppés de la ville, la façade était une merveille d'architecture, avec de grandes fenêtres ornées de rideaux de soie cramoisie et une enseigne dorée brillant au-dessus de la porte, annonçant fièrement "Lermant - Couturier de Sa Majesté".

Nous descendîmes de la calèche, et Élise m'ouvrit la porte de la boutique, où une clochette tinta délicatement pour annoncer notre arrivée. À l'intérieur, le parfum des tissus rares flottait dans l'air, mêlé à celui du bois poli et de la cire des chandeliers. Les étagères regorgeaient de rouleaux de soie, de velours et de satin.

Un homme d'âge mûr aux cheveux grisonnants m'accueillit avec une révérence respectueuse, ses yeux brillants d'une lueur de reconnaissance et de curiosité.

« Mademoiselle Borgia. » commença-t-il avec un sourire mesuré. « C'est un honneur de vous recevoir. Que puis-je faire pour vous aujourd'hui ? »

Je levai le menton, le regard déterminé, prête à entamer une nouvelle phase de mon existence.

« Je désire une nouvelle garde-robe, Maître Lermant. Des robes plus légères, fluides, permettant une liberté de mouvement et d'élégance. Comme celle que je porte. »

« Mais, Mademoiselle, ces modèles sont... » fronça-t-il les sourcils, perplexe. « Peu conventionnels. En tant que proche de l'Empereur, il est attendu que vous suiviez les tendances actuelles. Ce que vous décrivez est loin des standards de la cour. »

Il a raison... Sentis-je la vieille habitude de me plier aux attentes monter en moi, mais je la repoussai aussitôt. « Althéa, écoutez-moi attentivement. » me hantait la voix de Cesare et ses dires misérables. « Pour parvenir à nos fins, il est crucial de manipuler les émotions et les désirs des autres. C'est ainsi qu'on obtient le contrôle, le pouvoir. Observez autour de vous, ceux qui réussissent sont ceux qui savent exploiter les faiblesses des autres en leurs avantages. »

C'est immoral... essayai-je de chasser cette idée de ma tête. Je ne peux pas le faire.

« La morale n'est qu'une illusion créée par ceux qui redoutent la réalité. Ce monde appartient à ceux qui savent manipuler. Rien n'est trop pour ceux prêts à tout pour réussir. »

Je dois réussir.

« Vous avez raison, Maître Lermant. » plantai-je mon regard dans le sien. « Mais il est décevant que vous doutiez de vos capacités. »

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant