𝟖𝟎.

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« Celui qui demeure sous l'abri du Très Haut
Repose à l'ombre du Puissant.
Je dis à l'Éternel : Mon refuge et ma forteresse,
Mon Dieu en qui je me confie !

Car c'est lui qui te délivre du filet de l'oiseleur,
De la peste et de ses ravages.
Il te couvrira de ses plumes,
Et tu trouveras un refuge sous ses ailes;
Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse.
Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit,
Ni la flèche qui vole de jour,
Ni la peste qui marche dans les ténèbres,
Ni la contagion qui frappe en plein midi.
Que mille tombent à ton côté,
Et dix mille à ta droite,
Tu ne seras pas atteint;
De tes yeux seulement tu regarderas,
Et tu verras ce que produit la méchanceté.
Car tu es mon refuge, ô Éternel !

Tu fais du Très Haut ta retraite.
Aucun malheur ne t'arrivera,
Aucun fléau n'approchera de ta tente.
Car il ordonnera à ses anges
De te garder dans toutes tes voies ;
Ils te porteront sur les mains,
De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
Tu marcheras sur le lion et sur l'aspic,
Tu fouleras le lionceau et le dragon.

Puisqu'il m'aime, je le délivrerai ;
Je le protégerai, puisqu'il connaît mon nom.
Il m'invoquera, et je lui répondrai ;
Je serai avec lui dans la détresse,
Je le délivrerai et je le glorifierai.
Je le rassasierai de longs jours,
Et je lui ferai voir mon salut. »

Relisais-je encore et encore ces versets, les mots se gravant dans mon esprit.

Je ne savais plus combien de fois je les avais lus cette nuit. La lune avait cédé sa place à l'aube sans que je ne m'en rende compte, perdue dans ce cycle de répétition. Chaque mot semblait résonner différemment à chaque relecture, tantôt comme une promesse de réconfort, tantôt comme une ironie cruelle.

Hantée par mes morts, par les péchés que j'avais commis et ceux que j'avais laissés se dérouler sous mes yeux, je m'étais tournée vers la Bible, me retenant de sombrer dans la folie. J'étais restée bloquée sur cette page, incapable d'en détourner les yeux. Une partie de moi savait que c'était culotté, presque hypocrite, de chercher refuge dans ces mots sacrés après tout ce que j'avais fait. Qui étais-je pour oser espérer une rédemption, pour croire que je pouvais encore être proche de Dieu, comme avant ?

Avant... Résonnait douloureusement ce mot en moi.

Il évoquait une époque où ma foi était pure, où je croyais encore en la justice divine, où je n'avais pas encore été souillée par ce monde corrompu.

Et maintenant, ce Vatican... Comment trouver la foi dans un lieu où la religion est devenue un outil pour servir des causes personnelles, où la foi elle-même est exposée au marché noir des ambitions humaines ?

Je serrai inconsciemment le chapelet enroulé autour de ma main droite, le sentant presque brûler contre ma peau.

« Prenez le, il vous guidera. » Me retrouvai-je transportée dans ce couvent, cet abri éphémère que j'avais trouvé pour fuir ma famille.

C'était là que j'avais rencontré Sœur Irenn. Je me souvenais du jour où elle m'avait donné ce chapelet, son regard si doux, si plein de compassion. Elle m'avait dit que ces perles me protégeraient, qu'elles seraient un rappel de la miséricorde divine.

Mais je n'avais pas pu la protéger en retour.

Mes yeux s'élargirent de terreur, l'air se glaçant autour de moi alors que je vis Sœur Irenn se tenir là, son visage pâle et marqué par la peur, mais toujours empreint d'une résignation douloureuse. Elle savait ce qui allait arriver, mais moi, je ne pouvais l'accepter.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant