𝟑𝟔.

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Encore lui.

Ses yeux, ombragés par la capuche, me scrutèrent avec une intensité que je trouvais presque insupportable. Il semblait vouloir lire dans mon âme, décortiquer mes pensées les plus intimes.

« Que pensez-vous faire ? » sifflai-je.

« Vous ne pouvez pas, Althéa. » était sa voix étrangement douce.

Althéa ? Comment se permet-il ?

Et ne pas faire quoi au juste ?

« Votre sollicitude est mal placée. » me dégageai-je brusquement, mon regard se durcissant.

Alors qu'il faisait un pas en avant, je reculais instinctivement, la méfiance et la colère bouillonnant en moi.

« Vous pensez pouvoir tout contrôler, n'est-ce pas ? Mais même les plus forts ont besoin d'aide. »

« Ne me prenez pas de haut. » rétorquai-je avec un venin que je peinais à contenir.

Il pencha légèrement la tête, comme s'il me considérait sous un nouvel angle.

« Je vois la douleur dans vos yeux. La solitude. Vous méritez mieux que de lutter seule. »

Comment ose-t-il ? Serait-il fou ? Serrai-je les poings, essayant de maîtriser la tempête d'émotions qui menaçait de m'engloutir.

« Vous croyez que vous pouvez simplement apparaître dans ma vie et résoudre tous mes problèmes ? »

Il avança encore, doucement, prudemment, réduisant l'espace entre nous.

« Je ne suis pas là pour vous juger ou vous contrôler. Je suis ici parce que je veux vous aider. »

« M'aider ? » crachai-je. « Vous ne connaissez certainement que mon nom, tout au plus certaines rumeurs, et vous pensez que cela vous donne le droit de m'importuner de la sorte  ? J'en ai vu des dérangés dans votre genre, mais c'est bien la première fois qu'on se permet de se montrer aussi familier.  »

Alors que je m'apprêtais à me détourner, il fit un geste rapide, me prenant par le poignet et me tirant légèrement vers lui, m'évitant de justesse de trébucher sur un éclat de verre, résultat du vin renversé.

« Faites attention. » murmura-t-il, sa voix toujours aussi calme mais ferme.

Mes yeux se plantèrent dans les siens tandis que l'incompréhension et la rage luttaient pour dominer mes pensées, mais quelque chose dans son regard me faisait hésiter.

« Pourquoi faites-vous cela ? »

« Parce que je sais ce que c'est de se sentir seul et perdu. Je sais ce que c'est de lutter contre ses démons, de se débattre dans l'obscurité en espérant trouver une lumière. »

Je serrai les poings, mon esprit cherchant désespérément une échappatoire, une réplique cinglante pour maintenir mes défenses en place. Mais les mots me manquaient. Il semblait voir au-delà de mes façades, percer les couches de méfiance que j'avais patiemment construites.

« Je ne vous demande pas de me faire confiance aveuglément. » continua-t-il en plaçant ses doigts sous mon menton de sorte à le relever légèrement. « Seulement de me laisser vous montrer que vous n'êtes pas seule. »

Pourquoi ? Pouvais-je sentir la chaleur de son corps se rapprocher du mien, son souffle chaud caressant ma peau alors qu'il se penchait lentement vers moi. Pourquoi agit-il comme s'il me connaissait ? Comme s'il tenait à mon sort ? Envahit son parfum, un mélange subtil de cuir et d'épices, mes sens, me rendant presque étourdie. Comme s'il voulait réellement m'aider. Comme s'il s'inquiétait sincèrement pour moi. Battait mon cœur la chamade, chaque pulsation résonnant dans mes oreilles comme un tambour de guerre. Pourquoi son toucher ne m'écœure-t-il pas ? Pourquoi ai-je l'impression de le connaître, lui aussi ? S'accrochaient nos regards l'un à l'autre, malgré la noirceur de sa capuche. Pourquoi ? Étaient ses lèvres si proches des miennes que mon souffle se fit plus court, plus rapide, tandis que je luttais contre l'envie irrésistible de céder à ce sentiment étrange et inconnu, chaque seconde qui passait rendant cette frontière plus floue, plus fragile. Alors que nos visages n'étaient plus qu'à quelques millimètres l'un de l'autre, une chaleur insupportable montait en moi, menaçant de consumer mes dernières défenses. Et c'était à cet instant précis, que je fis un geste rapide et déterminé. D'un mouvement fluide, je sortis la dague, pointant la lame acérée vers son abdomen, stoppant net son avancée.

« Je n'ai pas besoin de votre pitié. Votre aide n'est ni requise ni désirée. »

« Althéa. » commença-t-il, mais je l'interrompis en appuyant légèrement l'arme contre lui.

« Ne présumez pas de notre familiarité. Vous ne me connaissez pas et vous ne le ferez jamais. »

D'un mouvement déterminé, je me détournai de lui, le visage arrogant et le regard fixé droit devant moi.

« Restez loin de moi. » lançai-je par-dessus mon épaule. « Et ne vous mêlez plus de mes affaires. »

Sans attendre une réponse, je m'éloignai d'un pas rapide et résolu, redescendant en bas et me frayant un chemin à travers la foule. Mon cœur battait toujours furieusement, chaque pas m'éloignant de cette étrange confrontation. Mais même en m'éloignant, je ne pouvais chasser la sensation brûlante là où il m'avait touchée.












𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant