𝟕𝟑.

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Les jardins s'étendaient devant moi, baignés dans la lumière douce des lanternes accrochées aux arbres, créant une ambiance féerique que beaucoup auraient trouvée envoûtante. Je me tenais à l'orée du jardin, observant le masque que je tenais entre mes doigts. Il était finement ouvragé, d'un blanc immaculé. Mes doigts glissèrent sur ses plumes, appréciant leur texture douce et lisse, mais je ne parvenais pas à ressentir quoi que ce soit. Il n'y avait aucune joie, aucune anticipation, ni même cette légère appréhension que je ressentais habituellement lors de ces maudites soirées.

« Rien. » soupirai-je profondément avant de lever le masque et de le placer sur mon visage, le satin des rubans effleurant délicatement ma peau en les nouant entre eux.

Étant prête, du moins en apparence, je descendis du véhicule qui m'avait conduite jusqu'ici, mes pieds touchant le sol pavé avec une légère mécanique. Il n'y avait plus de vie dans mes gestes, juste l'exécution d'un rôle que je m'étais imposé.

Les invités se promenaient par petits groupes, leurs éclats de rire et leurs murmures se mêlant au clapotis de l'eau du lac. Je m'avançai parmi eux, glissant entre les convives masqués comme une ombre parmi les ombres. Je n'éprouvais aucune émotion, ni même cette pointe d'anxiété qui aurait dû me rappeler que je jouais mon avenir. Tout semblait lointain, comme si j'observai la scène comme une pièce de théâtre mal jouée, sans aucune résonance dans le cœur. Même le rire strident de Natanela, habituellement capable de me faire grincer des dents, ne provoquait aucune réaction en moi. Pas même une étincelle de mépris.

Je suis venue ici pour trouver un homme fidèle à l'Empereur, dont son influence suffirait à maintenir Cesare à distance. Tentai-je de trouver une motivation dans l'objectif de ma présence ici. Un mariage qui peut garantir ma protection.

Pourtant, en parcourant les visages masqués, mon regard se posant çà et là, je ne ressentais plus aucune envie de mener cette tâche à bien. Mon esprit semblait détaché, indifférent à la perspective de nouer cette alliance, de me sauver. Les raisons qui m'avaient motivée autrefois, ces raisons qui avaient guidé mes actions avec une détermination froide, ne me paraissaient plus aussi impérieuses. Je savais que je devais continuer, jouer mon rôle jusqu'au bout, mais quelque chose en moi s'était brisé. L'adrénaline, la peur, la tension qui m'avaient autrefois donné une raison de me battre, de vouloir survivre, semblaient avoir déserté mon corps, ne laissant derrière elles qu'un vide insupportable.

Je me forçai à avancer, mes pas me menant instinctivement vers le centre du jardin, où une fontaine majestueuse attirait les invités. L'eau jaillissait en arcs gracieux, éclaboussant délicatement la surface du bassin, mais même cette beauté sculptée ne parvenait pas à susciter en moi la moindre émotion. J'aurais pu être n'importe où, dans n'importe quelle circonstance, cela n'aurait fait aucune différence. Je fermai un instant les yeux, cherchant une issue, une réponse à ce tourment intérieur qui me rongeait, mais tout ce que je trouvais, c'était ce même vide, impitoyable et inéluctable. Alors que je réouvrais les yeux pour à nouveau me perdre à travers l'eau de cette cascade artificielle, des compliments fugace surgirent.

« Quelle élégance, Mademoiselle. » s'exclama un homme en passant à côté de moi, son regard s'attardant sur ma robe.

« Vous êtes resplendissante. » ajouta un autre, avec un sourire que les préjugés de la société auraient qualifié de charmant.

Ces paroles, pourtant flatteuses, n'étaient que des échos lointains, résonnant dans une pièce creuse. Je me préparais à répondre par un sourire automatisé, un mot aimable, comme on m'avait appris à le faire tant de fois auparavant. Mais avant que je ne puisse articuler quoi que ce soit, une sensation inattendue me tira brusquement de ma léthargie.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant