𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄

𝟑𝟏.

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Éliminer ? M'éliminer ? Fis-je volte-face, m'efforçant de ne faire aucun bruit. Mes pas amortis sur le tapis épais du couloir me conduisirent vers une porte d'où émanait une faible lumière. En m'approchant, j'entendis clairement la voix de Frolov, semblant appuyer les paroles inquiétantes d'Aarden.

« Vous avez raison, il faut agir vite. Elle représente une menace pour notre plan. »

Est-ce de moi qu'ils parlent ? Reculai-je de quelques pas, cherchant à contenir ma panique. Mon esprit s'emballait, imaginant le pire. Pourquoi voudraient-ils m'éliminer ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Devenait ma respiration erratique, chaque souffle me brûlant la gorge. « Je vais l'éliminer. » Jetai-je un coup d'œil autour de moi, cherchant un endroit pour me cacher ou quelqu'un à qui parler. Mais tout semblait désert.

« Je vais l'éliminer. »

 Le sentiment d'isolement amplifia ma terreur d'un cran, chaque ombre dans ce couloir devenant une menace potentielle. Incapable de rester figée plus longtemps, je me dirigeai rapidement vers la salle de banquet. En entrant, je fus frappée par le contraste entre l'agitation intérieure qui me dévorait et l'apparente sérénité de la scène devant moi. Mes frères étaient assis autour de la table, discutant et riant comme si de rien n'était. Ma mère, quant à elle, était en grande conversation avec l'oncle d'Aarden, l'air détendu et souriant. Je peux le faire... Me forçai-je à adopter une expression neutre et m'approchai de Benediss qui surveillait la salle avec son habituelle vigilance.

« Madame, tout va bien ? » demanda-t-il, ses yeux captant immédiatement mon agitation.

« Oui, merci, Benediss. » mystifiai-je une sérénité imperturbable.

Il me dévisagea un instant, comme s'il hésitait à me croire, mais il se contenta de hocher la tête, respectant mon besoin de discrétion.

Je pris une place vide à la table, tentant de m'impliquer dans la conversation, mais mon esprit restait focalisé sur ce que j'avais entendu. « Je vais l'éliminer. » Résonnaient les mots d'Aarden dans ma tête comme une menace omniprésente. Je savais que je devais agir, mais je ne savais pas comment ni à qui faire confiance. « Je vais l'éliminer. » Sentis-je soudainement une main se poser sur mon épaule, me faisant frémir d'effroi.

C'était lui.

« Puis-je me joindre à vous ? »

Je déglutis difficilement, le regardant droit dans les yeux.

« Bien sûr, Lev, asseyez-vous. »

Il prit place à mes côtés, tandis que l'Archidiacre Frolov s'installait en face de nous. Il ne manquait plus que cela... Battait mon cœur la chamade, sentant une sueur froide couler le long de mon dos. Et si c'est eux qui avaient tenté de m'empoisonner auparavant ? N'osai-je pas toucher à mon verre, l'idée de boire ou de manger en leur présence me terrifiant. Mais une autre peur surgit: celle de parler. Et alors, dans une tentative désespérée d'échapper aux questions qu'on me posait, je me mis à manger, de sorte à avoir la bouche toujours pleine. Chaque fois que quelqu'un me demandait quelque chose, je portais une nouvelle bouchée à ma bouche, mastiquant lentement pour gagner du temps.

« Althéa, comment trouvez-vous cette soirée ? » demanda ma mère, ses yeux pleins d'inquiétude.

Je mâchai lentement, hochant positivement la tête pour la réconforter quelque peu, et pris une autre bouchée avant de pouvoir répondre.