𝟖𝟑.

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Cinq jours étaient passé, et aujourd'hui, je me tenais devant le miroir, répétant chaque geste avec une concentration résolue. Mon éventail, orné de motifs délicats, s'ouvrait et se fermait avec une précision calculée, soulignant mes regards et mes sourires comme je le souhaitais.

« Oh mon cher ! Vous me flattez ! » exagérai-je le mouvement de l'éventail avec un sourire charmant. « Non... » m'arrêtai-je brusquement, le front plissé, insatisfaite. « Oh, comme je suis honorée par vos attentions ! » ajoutai-je un soupir dramatique. « Toujours pas. » réajustai-je mon éventail et tentai un autre angle, adoptant une pose plus naturelle. « Oh, mon cher ! Vous êtes d'une courtoisie sans pareille ! » dis-je avec un sourire radieux. « Non, c'est si... mielleux. » grimaçai-je de dégoût.

Il y a bien autre chose sur quoi je pourrais m'entraîner, non ? Les prétendants vont poser des questions sur ma relation avec Eïnar... C'est inévitable comme première approche.

« Le Prince Swann et moi avons une relation de confiance et d'amitié. Nous partageons de nombreux intérêts, mais il est encore trop tôt pour parler de l'avenir. » m'arrêtai-je, frustrée, puis tentai de reformuler avec plus de subtilité. « Vous savez, le Prince Swann est un homme de grande sagesse et de discernement. Je suis honorée de sa compagnie, mais pour l'heure, nous nous concentrons sur le plaisir de notre amitié. »

Non, trop formel.

« Ah, vous avez entendu parler de mes relations avec le Prince Swann ? » affichai-je un sourire enjôleur aux lèvres. « Nous avons une entente particulière. J'apprécie beaucoup ses qualités, mais je suis ouverte à ce que le destin me réserve. Je suis ici pour explorer toutes les possibilités. »

Non... Une approche plus incisive.

« Eïnar et moi avons des projets en commun, mais je reste ouverte aux propositions intéressantes. »

Non, trop vague.

« Oui, Monsieur Swann est un homme remarquable, et je suis heureuse de le connaître. Mais il est important pour moi de trouver quelqu'un avec qui je pourrais vraiment construire quelque chose de durable. La société a tant à offrir, et j'aimerais que, pour une fois, mes choix reflètent un véritable engagement. Contrairement à mes unions passées... »

Bien mieux.

Alors que je continuais à ajuster mes expressions, la porte de ma chambre s'ouvrit doucement.

« Althéa, regardez ce que j'ai trouvé ! » s'exclama Elise avec enthousiasme.

Je fermai mon éventail et me retournai, intriguée. Elise tenait dans ses bras une robe magnifique, que je reconnus immédiatement.

Elle était d'un blanc pur, tirant légèrement vers un bleu azuré sur les jupons qui se déployaient avec une grâce enchanteresse. Les manches bouffantes, courtes, étaient ornées de volants délicats, contrairement au col triangulaire en tulles blancs. La robe était décorée de broderies argentées en motifs floraux subtils, se fondant dans le tissu avec une finesse remarquable.

« C'est la robe que ma mère portait dans son portrait de jeune fille, n'est-ce pas ? » m'approchai-je pour l'examiner plus en détail.

« Exactement. J'ai fait mes recherches auprès des domestiques qui ont servi votre mère, la Duchesse Borgia, depuis son enfance. Il s'avère que c'est la robe qu'elle portait lors de son premier rendez-vous avec le feu Duc Borgia. »

Je pris un moment pour apprécier la beauté de la robe, la caressant du bout des doigts.

« C'est parfait. Vous avez fait un travail exceptionnel. Cette robe renforcera mon image et le jeu que je dois jouer. Elle ajoutera une touche d'histoire à ma présence lors de notre prochaine rencontre. »

« J'ai pensé que cela vous serait utile. »

« Dans ce cas, préparons-nous. Nous n'avons pas de temps à perdre. »

Elle fit sonner la cloche en tirant sur la corde près de l'entrée, et d'autres domestiques entrèrent dans la chambre, prêtes à m'aider dans les préparatifs. Je me déshabillai avec l'aide l'une d'elles, tandis qu'une autre prit la magnifique robe et commença à m'en vêtir. Le tissu léger et soyeux s'ajusta parfaitement à ma silhouette, au même moment que Sophie arrangeait les jupons. Une fois la robe en place, je m'installai devant le miroir pour la coiffure. Les cheveux furent détachés de leur coiffure précédente pour être démêlés avec soin, et Elise commença à travailler sur une coiffure plus élaborée. Mes cheveux furent enroulés et fixés en une haute coque ondulée, abaissée d'un chignon volumineux rentré vers l'intérieur avant que les longueurs ne tombent sur mon épaule en une queue de cheval bouclée. Une légère frange tombait à l'avant ainsi que quelques mèches courtes de la coque.

Une fois le tout en place, je me levai et fis un tour devant le miroir. La coiffure et la robe se complétaient parfaitement, créant une allure à la fois majestueuse et raffinée. Je me sentais prête à faire une impression durable au parc. Mais je ne pouvais empêcher mon esprit de dériver vers cet événement étrange survenu quelques jours auparavant. Je touchai doucement mon poignet, là où la main de la morte s'était agrippée, et un frisson me parcourut malgré moi. Je pris une profonde inspiration et me redressai, repoussant le souvenir des ténèbres dans un recoin de mon esprit. Aujourd'hui, je devais briller, faire preuve d'une grâce et d'une maîtrise qui surpasseraient toutes les attentes. Rien ne devait m'arrêter.

« Je vous remercie toutes pour votre aide. » m'exclamai-je en affilant des gants qui couvraient la totalités de mes bras.

Les servantes se retirèrent discrètement, laissant Elise et moi seules dans la chambre.

« Vous êtes prête pour cette rencontre importante. »

« Oui, je le suis. » me munis-je de l'éventail. « Allons-y. »












𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant