𝟔𝟓.

53 2 0
                                    




L'homme se détacha du cadre de la porte et s'avança vers moi avec une lenteur délibérée, chacun de ses pas résonnant dans la pièce silencieuse. Ses yeux bleus, d'un éclat perçant, ne quittaient pas les miens. Au contraire, leur intensité semblait sonder les recoins les plus profonds de mon âme, éveillant en moi un mélange d'appréhension et de fascination.

Lorsqu'il atteignit le bureau, il posa une main ferme et sûre sur le carnet que j'avais maladroitement refermé, la proximité de son corps envahissant mes sens. Je pouvais sentir l'odeur subtile de son parfum, un mélange envoûtant de mandarine, d'encens épicé, ainsi qu'un accord d'iris, de bois de cèdre et de cuir, mêlée aux effluves fraîches et vivifiantes de son bain, lavande et menthe poivrée. Des gouttes d'eau perlaient encore à l'extrémité de ses cheveux bruns et tombaient légèrement sur son visage, glissant le long de sa peau bronzée. Son regard devint plus intense, son éclat azuré accentué par une expression indéchiffrable.

« Que faites-vous ? » répéta-t-il, sa voix grave résonnant comme un écho.

« Je cherche simplement à comprendre à qui j'ai affaire. Je ne voulais pas être indiscrète. » retrouvai-je un peu de ma contenance.

Il esquissa un léger sourire, mais ses yeux restaient fixes sur moi, cherchant à lire au-delà de mes mots.

« Vous fouillez dans mes affaires, mais vous ne vouliez pas être indiscrète ? Intéressant... » passa-t-il une main dans ses cheveux. « Vous êtes ici à mon invitation après tout... mais je ne pensais pas que vous iriez jusqu'à explorer mes affaires personnelles. »

Je me sentis rougir de honte et d'embarras, mais je ne pouvais détacher mon regard de lui. Il émanait de lui une présence magnétique, presque hypnotique.

« Où est l'uniforme sombre ? L'insigne de l'Empereur ? Pourquoi cet air décontracté ? »

« Vous avez appris à vous méfier des apparences. Alors me voilà, sans masque ni artifice. Simplement moi. »

« Vous m'avez fait venir ici pour me montrer cela ? » levai-je un sourcil, sceptique, tout en prenant le carnet d'une main.

Il secoua doucement la tête avant de le reprendre et le redéposer à sa place.

« Non, Althéa. Je vous ai fait venir ici parce que je pense que vous avez le droit de savoir. »

« Savoir quoi ? » répliquai-je, impatiente.

« Il y a des choses que nous devons discuter. Venez, asseyons-nous. » se recula-t-il.

Je le suivis, prenant place sur le fauteuil face à lui, ses yeux toujours fixés sur moi avec une intensité désarmante.

« Alors, par où commencer ? » se pencha-t-il légèrement en avant, les coudes appuyés sur ses genoux.

« Peut-être par votre nom. » suggérai-je.

« Vous pouvez m'appeler Eïnar. »

Eïnar. Un nom simple, mais qui résonne avec une certaine gravité. Son prénom est-il aussi chargé de sens que l'homme qui le porte ?

« Très bien, Eïnar. Pourquoi m'avoir observée pendant toutes ces années ? » demandai-je, décidée à aller droit au but.

« Althéa, je ne suis pas seulement un Hassassyīn. Mon rôle auprès de l'Empereur est bien plus complexe. J'ai été chargé de nombreuses missions, mais aucune n'a été aussi importante que celle qui vous concerne. » marqua-t-il une pause, cherchant ses mots avec soin. « L'Empereur vous tient pour responsable de trahison. Il pense que vous complotez contre lui. Ma mission était de vous surveiller, de rapporter chacun de vos faits et gestes. »

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant