𝟔𝟗.

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Assise sur la terrasse, je contemplais le jardin du château, profitant du calme de cette fin d'après-midi. Le soleil d'été illuminait les rosiers, et une douce brise me caressait le visage, emportant avec elle les parfums délicats de la lavande et de la menthe. Cette odeur... Fermai-je les yeux un instant. On dirait celle d'Eïnar. Me remémorai-je de détails subtils et inutiles —ses yeux azurés, le timbre de sa voix, la façon dont il avait ajusté sa coiffure, la manière dont il s'était penché légèrement vers moi... Mais à quoi suis-je en train de pensée bon sang ? Ouvris-je soudainement les yeux, gênée par cette intrusion inattendue.

« Vous aviez raison, Althéa, ce livre est fascinant, mais... » vint Callum chasser ces maudites vestiges de cauchemar. « Ce Darcy est vraiment insupportable. Comment un homme aussi orgueilleux et hautain peut-il être admiré de quelque manière que ce soit ? »

« Vous n'aimez donc pas ? » redressai-je ma posture, me concentrant sur ce dernier.

Il secoua la tête, l'air contrarié.

« Ce n'est pas que je n'aime pas le livre, bien au contraire. Mais ce personnage... Il est tellement imbu de lui-même, condescendant. Je comprends qu'il évolue, mais même cela ne suffit pas à me le rendre sympathique. »

« Mais ne pensez-vous pas que c'est justement cette évolution qui rend Darcy intéressant ? Il commence comme un homme prisonnier de son orgueil, mais il change grâce à Elizabeth. Cela ne vous touche-t-il pas, cette capacité à se transformer ? »

« Peut-être. » haussa-t-il les épaules, encore peu convaincu. « Mais cela ne justifie pas à mes yeux son comportement initial. Elizabeth mérite mieux, dès le départ. »

Je souris, observant son expression. Callum était franc et loyal, loin d'être impartiale comme la plus part des chevaliers, et c'était ce que j'appréciais particulièrement.

« L'amour est souvent bien plus complexe que cela. » posai-je une main légère sur mon livre, réfléchissant à sa remarque. « Même les plus imparfaits d'entre nous peuvent être aimés et se révéler meilleurs à travers cet amour. »

« Peut-être avez-vous raison. » croisa-t-il ses bras. « Mais je maintiens que Darcy a eu de la chance. »

Je m'apprêtais à répondre lorsqu'une voix discrète interrompit notre conversation:

« Mademoiselle, le tailleur est arrivé. » arriva l'intendant à notre hauteur.

« Très bien, faites-le venir ici. » me levai-je doucement, reposant le recueil sur la table à côté.

Quelques instants plus tard, Maître Lermant apparut sur la terrasse, un sourire cordial aux lèvres.

« Maître Lermant, c'est un plaisir de vous revoir. »

« Le plaisir est partagé, Mademoiselle Borgia. » s'inclina-t-il légèrement. « Je tenais à vous remercier pour votre dernière idée. Elle a été un succès phénoménal. Grâce à vous, je suis plus en vogue que jamais. Les commandes affluent, et je ne saurais vous exprimer toute ma gratitude. »

« C'est plutôt moi qui devrais vous remercier, Maître Lermant. Vous avez su donner vie à mes idées d'une manière que je n'aurais jamais imaginée. » fis-je signe à l'intendant de nous laisser un peu d'intimité, avant de me tourner de nouveau vers mon interlocuteur. « Je dois me rendre prochainement à un bal masqué. C'est une occasion importante pour moi... qui pourrait changer mon avenir. J'aimerais une robe sobre, légère, mais également sensuelle. J'imagine une couleur claire, idéalement du blanc. Quant au masque, j'ai une demande particulière. »

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant