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Je gisais sur le lit, les yeux rivés sur le plafond. Chaque détail de la peinture semblait capturer la lumière des bougies vacillantes dans la pièce, se faisant peu à peu remplacer par celle du soleil. Les anges et les chérubins, incrustés en harmonie, semblaient me regarder d'un air distant et condescendant, les superposant machinalement par leurs regards ; jusqu'à ce que je finisse embrumée par Natanela et cette couleur qui n'aurait jamais dû prendre existence sur un quelconque corps.

C'est impossible que cela soit son œuvre. Pensai-je à Cesare. Aussi fou soit-il, il n'en serait jamais capable sur une femme telle que Natanela. Il lui faut une raison, quelque chose de personnel. Elle ne lui est d'aucun intérêt, sauf pour me mettre hors jeu. Il a dû lui promettre la main d'Aarden en échange de leur coopération. Ce qui signifie... que le coupable est quelqu'un assez proche d'elle pour lui infliger une telle atrocité. Aarden ? Peut-être. Je ne le connais pas suffisamment pour en être sûr, mais cela expliquerait sa fureur, qui est en réalité une peur que quelqu'un découvre ce qu'il se trame dans les faits. Ou...

Je mis une main sur mon front, le sentant au bord de l'explosion.

Un membre de sa famille ? Le Pape VI ? Serait-il corrompu au point de s'attaquer à sa propre fille ?

« Althéa ! » s'ouvrit la porte de ma chambre.

C'était Elise, le visage blême, tenant un journal dans ses mains tremblantes.

« Vous devez lire ceci. » me le tendit-elle.

Je me relevai légèrement et pris le journal avec appréhension, redoutant le pire. Le sang palpitait dans mes veines alors je feuilletais les pages, à la recherche des passages qui avaient rendu mon amie dans un tel état.

« La Princesse Borgia, de nom de naissance Althéa Giacinta Borgia, est une menace pour notre communauté. » lisai-je à voix haute quelques brèves phrases. « [...] Ses actes sont irresponsables et ne connaissent aucune limite. Nous devons nous protéger. » me brûlèrent ces mots comme le feu qui avait assailli ma main, l'injustice de leurs accusations me faisant trembler de colère. « Son influence corrompt tout ce qu'elle touche, semant le chaos et la ruine. Comment peuvent-ils ? »

« Je ne sais pas... » murmura Elise. « Mais nous devons faire quelque chose ! »

« Nous ne ferons rien. » soupirai-je, froissant le journal dans mes mains.

« Mais Madame ! Ils essaient de vous détruire, de vous dépeindre comme... une incarnation du mal ! »

« Exactement. » soufflai-je. « Pour affaiblir l'influence de mon frère, maintenant Cardinal. Finalement, cela se retourne contre lui... » ris-je amèrement.

Alors Cesare ? Que comptez-vous faire maintenant ? Vous n'avez plus qu'une seule carte en main, celle d'abolir votre plan et de me marier avec Aarden. Au final, je gagne. Je serais loin de vous, ne serait-ce que pendant un certain temps.

Avant qu'Elise ne puisse protester à nouveau, la porte de ma chambre s'ouvrit une fois de plus. C'était Aarden, entrant d'un pas précipité.

« Laissez-nous seuls. » ordonna-t-il aussitôt à Elise.

Cette dernière me lança un regard incertain, cherchant mon approbation. À contrecœur, je hochai la tête et me levai du lit pour attraper un peignoir et l'enrouler autour de moi, ma robe de nuit ne cachant que partiellement les récentes blessures. Une fois mon amie sortie, il referma la porte avec un claquement léger, son regard scrutant le mien, sérieux et presque inquisiteur.

𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant